LES TURPITUDES D'UN MARIAGE POLYGAME

CHAPITRE 29

AÏCHA NDIAYE

Quand Abdou est sorti raccompagner tonton Mamoune, j’en ai profité pour ranger le matériel de thé. Il est revenu et s’est dirigé vers la cuisine.

-Adama stp, tu peux venir prendre les enfants et monter avec eux ? Dit-il à la bonne. Aïcha, viens stp.

Je déposai le tout, m’essuyai les mains et le suivis.

J’avais le cœur lourd.

Que vais-je lui dire ? Que vais-je devenir après ça ? Pourquoi une fois de plus j’aime un homme et on me l’arrache des mains comme ça, si facilement ?

Et pourtant même si c’est adroitement, même si je m’y suis mal prise, je le reconnais, j’ai lutté pour le garder pour moi toute seule car je ne supporte pas le partage. C’est plus fort que moi.

Même si c’est de la pire des manières, j’ai essayé de m’imposer. J’ai fait en sorte d’être l’épouse qu’il fallait pour Abdourahmane, mais une autre est venue me rabaisser en me l’arrachant. Qu’est ce qu’il y a chez moi ? Qu’est ce qui ne va pas chez moi mon Dieu ?

Aujourd’hui, cet homme va m’abandonner pour une autre. Je ne suis pas mauvaise. Mais j’en ai vécu des trahisons, des choses qui me font sortir de mes gonds dés que je voie cette femme car elle me rappelle tant de choses, tant de choses que j’avais enfoui au plus profond de mon esprit, des choses auxquelles je ne voulais plus jamais repenser. Des choses que j’avais enterrées avec ma vie de jeune fille. A chaque fois que je la voie, je me sens dominée parce que tout simplement je me demande ce qui m’a manqué encore une fois pour être trompée, pour qu’il aille le chercher chez elle.

Et contrairement à ce qu’elle laisse croire, Mossane est fausse. Elle prend plaisir à me provoquer et elle sait toujours comment me mettre dans tous mes états avec sa langue tranchante et aiguisée.

Je m'assois en face de Abdou, qui avait visiblement l’esprit ailleurs.

Dés qu’il me voie, il se redresse et me regarde pendant un long moment. Mon visage était baigné de larmes.

-que se passe t-il Aïcha ? Depuis que Mamoune est venu ici, tu n’as pas arrêté de pleurer.

-….

-vous avez décidé en fait de me pourrir la vie toutes les deux, me dit-il calmement mais je sentais dans sa voix une grande colère qu’il essayait de dissimuler.

Il se tut un long moment avant de continuer :

-En vous séparant, j’ai cru que vous alliez enfin avoir la paix chacune de son côté et moi par la même occasion, mais je vois que c’est encore pire car ici, quand vous étiez sous le même toit vous ne vous étiez jamais battu. Maintenant je veux savoir pourquoi Mossane est venue jusque là juste pour se battre avec toi car elle n'avait aucune raison d’être ici. Je veux que tu me racontes tout.

Je pleurais de plus belle. Que vais-je lui dire ? Je ne vais sûrement pas lui raconter cette histoire de ma propre bouche.

-Abdou, peu importe ce que je te raconterai, si tu vas voir Mossane, elle réussira à te convaincre du contraire. Tu ne la connais pas, elle ne te montre jamais son vrai visage et moi j’en ai marre de me battre contre elle. Va lui demander à elle.

-contrairement à toi, elle ne m’a jamais menti et détrompe toi, elle n’a jamais rien dit de mal de toi, au contraire même. Maintenant, je t’écoute. Je veux savoir pour quelle raison Mossane est venue s’attaquer à toi.

-Abdou, ta femme passait son temps à m’humilier ici. Elle me traite de folle, de garce et j’en passe. Elle ne me respecte pas et tout ceci est de ta faute car tu ne lui dis jamais rien. Elle fait ce qu’elle veut. Mais malgré tout ça, je n’ai jamais réagi. Je ne lui ai absolument rien fait. Je ne l’ai plus revu depuis ce jour à la clinique. Je n’ai ni son adresse ni son numéro de téléphone. Cela m’a autant surpris. Elle est arrivé ici comme une folle et m’a déshabillé devant tout le monde. Regarde