Chapitre quinze : Personne ne doit avoir à mourir

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Isaac et Derek arrivèrent sur le terrain de basket bien avant tous les autres. Nathan se tenait au milieu, raide comme un piquet. Quand il les vu, il leur fit un signe négatif de la tête pour essayer de leur faire comprendre de ne pas avancer. Mais ils n’y firent pas attention. Isaac le prit par le poignet, le tirant en vitesse. Quand soudain une voix inconnue pour lui s’éleva :

 

-Seulement deux loups ? Je suis déçue. Et tous maigrichons en plus.

 

Ils se tournèrent tous vers l’origine de la voix, le blond n’osant toujours pas bouger.

 

-Ah non, il y a le petit Hale aussi.

Le petit Hale en question, Derek, grognait fortement, déjà transformé.

 

-La dernière fois que je t’ai vu tu n’étais pas plus grand que ça, dit elle en montrant une hauteur avec sa main. C’était quand toute ta famille avait brûlée si je me souviens. Tu aurais dû les voir hurler et essayer de sortir par tous les moyens, dit-elle en souriant, comme si elle se rappelait un bon souvenir. Certains sont morts en sautant de trop haut par les fenêtres, d’autres sont sortis mais ont été accueillis par mon revolver… C’était absolument hilarant à voir vois-tu.

 

Le brun tremblait, tentant de rester calme. Il allait craquer d’une seconde à l’autre, il le savait. Et la main réconfortante qu’Isaac posait sur son épaule n’y changeait rien. Il essayait de penser à Stiles, qui leur avait bien dit qu’elle était manipulée et qu’il ne fallait pas lui faire de mal. Bizarrement, dans sa bouche à lui, ça sonnait vrai. Mais dans sa bouche à lui, tout semblait logique, digne de confiance. Parce que Stiles représentait l’intelligence implacable. La raison avant les sentiments. Et quels sentiments d’ailleurs ? Il semblait avoir un cœur de pierre, intouchable. Les rares sourires sincères qu’il avait pu voir ne lui étaient jamais destinés, il avait droit à des sourires trop heureux pour être vrais. D’ailleurs, quand il sortait avec lui il avait l’impression que Stiles se moquait de lui, jouait avec ses sentiments. Alors il était parti, sans aucune explication, comme une vengeance. Il avait dit à Scott, le seul à lui avoir posé la question, que c’était parce qu’il s’en voulait d’avoir séparé Stiles de sa famille… Alors qu’en réalité, il trouvait que c’était la meilleure chose qu’il n’ait jamais faîte.

 

Il cligna des yeux à plusieurs reprises pour dissiper ces pensées sombres.

 

-Finalement j’en avais loupé trois… Quel dommage. Cette fille, tellement naïve, tellement conne… Peut importe, il n’en reste plus que deux. Et plus qu’un quand je t’aurais planté une balle entre les deux yeux à toi aussi, déclara-t-elle d’une voix rageuse.

 

Il craqua, s’en était trop. D’un bond extraordinaire, il bondit sur la femme blonde et lui enleva son arme, l’envoyant à l’autre bout du terrain. Puis un combat d’une vitesse incroyable s’engagea. Sa force décuplée par la rage, il frappait de toutes ses forces. Cependant, la chasseuse avait sorti un couteau –d’où ? Mystère- et lui plantait à répétition dans le ventre. Il n’y prêtait même pas attention. Il fut tiré en arrière par une force surhumaine.

Isaac, l’auteur de l’arrêt du combat, le força à le regarder dans les yeux.

 

-Derek, stop. Calme toi je t’en supplie. On attend les autres.

 

L’écoutant, il se calma progressivement. Quand soudain, le visage du châtain se figea, comme prit d’une grande douleur. Derek ne comprit pas. Quand Isaac tomba au sol, il ne comprit pas non plus. C’est seulement quand il vit l’arme de Kate qu’il comprit. Au sol, le loup se vidait de son sang.

C’était la limite. En moins d’une seconde, il était à la gorge de la chasseuse. Il s’était prit une balle dans l’épaule mais ne s’en rendit même pas compte. Une demi-seconde plus tard, il refermait ses crocs sur sa nuque. 

Quand on arrive sur le terrain éclairé par un seul réverbère, on ne peut distinguer qu’une silhouette éloignée au fond, Nathan d’après la couleur de cheveux, une écroulée au sol, deux debout au centre dont une qui tient une arme : Kate. Une seconde plus tard, les deux silhouette du centre sont l’une sur l’autre. Et c’est uniquement quand le meurtrier se relève du corps de sa victime que je peux l’identifier : Derek. Derek vient d’égorger Kate. Il vient de la tuer. Malgré moi, un cri s’échappe de ma gorge :

-KAAAAAATE !!

Tout devient flou, je sens les larmes me monter aux yeux alors que je me précipite sur le terrain. Je m’arrête à quelques mètres de ma tante et de Derek, qui me regarde comme horrifié. Elle est morte. Elle est morte. Elle est morte. J’ai beau me le répéter, je ne peux pas y croire.

Les loups arrivent sur le terrain aussi, me suivant. Mais eux n’ont aucun regard pour Kate. Il se regroupe tous en cercle. Je dois pousser Boyd pour voir ce qu’il se passe. Isaac git au milieu du cercle, lutant pour respirer, crachant du sang, une grande tache de sang sur son t-shirt blanc au niveau de la poitrine.

- Je n’regrette rien, j’ai bien vécu une fois dans la meute… Il tousse fortement, encore du sang. Mais je meurs ici, dit-il avec un léger haussement d’épaule qui semble le faire souffrir… Tout le monde n’a pas la chance d’être le héros de l’histoire…

Il fait un faible sourire, comme pour nous rassurer, puis ses yeux se voilent. Sa main jusque là posée sur sa poitrine au niveau de sa blessure tombe au sol.

Les larmes que j’avais refoulées jusque là tombent en cascade sur mes joues. Mon regard croise celui de Derek. Je secoue la tête négativement en le regardant, comme un « tu as tout gâché, absolument tout », puis part en courant, aussi vite que j’en suis capable. J’entends un hurlement derrière moi, m’appelant. Impossible de savoir de qui il vient. Mes pas me mènent d’eux même jusqu’à la forêt, où je me laisse tomber contre un tronc.

Je ne peux juste pas y croire... Kate ne peux pas mourir. Je ne peux pas décrire l’affection que j’ai pour elle. Elle était comme une grande sœur, comme une mère remplaçante. Quand Allison faisait un câlin à ses parents et que j’attendais seul comme un idiot à côté, incroyablement seul, c’était elle qui venait me faire un câlin, passant sa main dans mes cheveux, sachant que sa m’énervait. C’est elle qui m’a entraîné pendant toute une nuit parce que mon père m’avait crié dessus pendant des heures car je n’arrivais pas un enchainement de karaté. C’est elle qui m’aidait à faire mes devoirs. C’est elle qui me racontait une histoire ou me parlait quand je n’arrivais pas à dormir malgré les médicaments. Tout ça, c’est elle. Alors elle ne peut pas mourir. Elle ne peut juste pas.

Isaac non plus ne peut pas. Il était devenu mon meilleur ami, au même titre que Nathan et Scott. Il ne peut pas mourir. C’est lui qui nous a accueillis en premier à la table de la meute. C’est lui qui m’a apprit l’histoire des Hale. C’est lui qui veillait toujours que je ne sois pas à l’écart quand on marchait en groupe. C’est lui qui cet après-midi même m’accompagnait dans une attraction parce que j’avais peur. Alors il ne peut pas mourir.

Personne ne doit avoir à mourir. 

Need to be savedOù les histoires vivent. Découvrez maintenant