Chapitre douze : Ne m'approchez plus

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Ma montre affiche 21h30, ça fait une vingtaine de minutes que je suis devant mon miroir, me préparant. D’ici une demi-heure, je parlerais à ma mère. Et même si je ne l’avouerais pour rien au monde, je suis rongé par l’anxiété. Discrètement, je place une arme à feu à ma ceinture. Je vérifie bien qu’elle ne se voit pas, me recoiffe rapidement, puis sors de la maison sans faire de bruit pour ne pas réveiller Doc qui dort déjà. Dans le salon, je croise Allison qui m’encourage d’un simple sourire. Très légèrement rassuré, je ferme doucement la porte et me dirige vers ma voiture. Je regarde encore une fois ma montre : 21h40. Je mets un disque de mon groupe préféré et roule doucement jusqu’au bois. Une fois devant, je regarde pour une énième fois l’heure : 21h55. J’avance dans le bois, évitant au maximum les trous et bosses.

J’arrive finalement devant la maison des Hale, 22h pile. Je descends en claquant la portière, frissonnant par la froide nuit de ce mois d’avril, seulement en chemise.

Je cherche l’alpha du regard, mais rien. Je soupire doucement et m’avance vers la maison, espérant secrètement qu’elle m’ait posé un lapin, et que je n’aurais pas à lui parler.

Mais mes espoirs sont vite brisés par une silhouette, juste devant la maison. Je m’arrête à quelques mètres et déclare d’une voix légèrement éraillée :

-Bonjour.

Voilà, j’ai fais le premier pas. Maintenant, c’est à elle de se débrouiller.

-Bonjour Stiles, dit-elle d’une voix douce. Je suis heureuse de te voir, tu es devenu un jeune homme magnifique.

En effet, bien que la nuit soit tombée, on se voit très clairement grâce à l’éclat de la lune.

-Merci.

Je ne lui retourne pas la phrase « je suis heureuse de te voir », en réalité elle sonnerait plutôt faux. Elle a l’air d’hésiter à parler, désamorcée par ma froideur. Finalement, elle s’éclaircit la voix et commence :

-Je tenais à te voir tout d’abord pour te présenter mes excuses… J’ai passé ces seize dernières années à me demander comment est ce que tu allais, où est ce que tu étais, si tu savais ne serait-ce que mon existence. Et quand je t’ai retrouvé il y a deux jours, ça a sûrement été le plus beau jour de ces dix dernières années pour moi. Tu dois sûrement m’en vouloir, d’être partie si tôt. Je souhaiterais que tu me laisse une chance Stiles, une chance de te prouver mon amour, de rattraper ces seize années… Une chance d’être la mère que tu mérites.

Je reste quelques secondes sans voix, ému par son discours sans oser l’avouer. Finalement, j’inspire lentement pour me reprendre. Un simple discours ne changera rien.

-Vous vous attendez à quoi ? A ce que je vous saute dans les bras en disant que je vous pardonne, qu’on oublie tout et qu’on remet les compteurs à zéro ? Ca ne marche pas vraiment comme ça. Toute ma vie on m’a dit que ma mère avait été tuée par un loup. Et il y a deux jours, surprise, ma mère est belle et bien vivante et dirige une meute entière. Je marque une pause, le temps de me reprendre au lieu de lui crier dessus, de lui jeter ma haine à la figure de façon irrationnelle. Toutes ses années, j’ai cru ma mère morte. Alors vos excuses ne servent à rien, car elles n’excusent pas pourquoi, pendant toutes ses années, vous n’avez pas donné de nouvelles. Elles n’expliquent pas pourquoi vous n’avez pas cherché à prendre contact, si comme vous le dites vous regrettiez tellement.

Need to be savedOù les histoires vivent. Découvrez maintenant