Chapitre 10 : Amour hypocrite

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Point de vue d'Eileen

Je reste là, sans voix, à les fixer.

Que leur sont-ils arrivés durant ces derniers mois ?

Ils paraissent comme des étrangers à mes yeux.
Celle qui se trouve être ma mère s'avance doucement de moi, comme si j'allais m'échapper d'un instant à l'autre.

Cette expression sur leur visages... Comme s'il étaient choqués et émus de me voir.
Sachant que c'est eux qui m'ont jeté à la rue.
Je me rappelle très bien comment ça s'est passé... et eux n'étaient pas émus comme là.

Je ne peux bouger. Je n'ai nulle part où fuir.
Quelques secondes avant le prochain quais.

Je me lève, son regard s'illumine, mais je me prépare juste à partir en courant quand les portent s'ouvriront, contrairement à ce qu'elle peut penser.

Vite dépêche-toi !

Alors elle s'avance encore plus, et ses grands bras fins m'enlacent.
Elle pleure sur mon épaule, je ne sais que faire.
Alors je reste là, tétanisée par une soudaine émotion... je ne sais pas ce que c'est.
Peur, amour inconditionnel ?

Non, ça ne peut pas être l'amour. Aucun parent ne peut faire ça à son enfant.

Peur, alors ?
Toute la haine que j'ai en eux, peut-elle se transformer en effroi ?

- Tu ne peux pas savoir... comment tu nous a manqué...

Manqué ?!

Je me recule vivement d'elle. Un regard d'incompréhension sur son visage.

Je ne sais que dire. Je pense que ça se lit déjà sur mes traits.

Ce moment de silence me semble infini.
Elle qui me regarde, larmoyante.
Lui, à l'écart, blanc comme un linge.

Comment ils en sont rendu là ? À « aimer » leur fille, après ce qu'ils m'ont fait ?

Cinq années et quelques
mois plus tôt, la Eileen d'Avant

Dans la voiture, les écouteurs dans oreilles, musique à fond, regarde le paysage défiler.
Après ce putain de jugement.

Je n'ai jamais vu mes parents aussi en colère, et déçus de moi.
Je comprends, je compatis. Je suis insupportable. Je n'arrêtais pas de faire la sarcastique devant le juge.
Ça m'amuse.
Ils sont si désespérés de moi, et je m'en fous tellement.

Ok, j'ai un casier judiciaire, et puis quoi ? Avec tout le pognon de mes parents, j'arriverais bien à continuer mes études avec juste un petit surplus d'argent à donner en plus. Je connais bien le milieu d'avides d'argent. Les négociations c'est le domaine de mon père. Il serait capable de faire ça pour moi sans problème.
Certes, j'ai été obligée de recommencer une année parce que j'avais rien foutu jusqu'au examens, mais payer une année de plus ne va sûrement pas les tuer.
Après tout c'est eux qui s'occupent de toute la paperasse.
On me demande souvent pourquoi je reste à vivre avec eux alors que je pourrais avoir mon appart. Eh bien je leur réponds que c'est tout simple ! : Pas de responsabilité, et je vis à leur service. Flemme de faire tout ce qui est corvée ménagère et de débourser pour un loyer et tout ce qui va avec.
Si j'ai déjà tout ça à ma disposition, alors pourquoi se compliquer la vie ?

Arrivés à l'appartement, je descends de la voiture et monte jusqu'à mon appartement. Je m'affale sur le grand canapé de cuir blanc, et glande sur mon téléphone.
Je crois qu'il vaut mieux pas parler à mes parents pour le moment. Ils doivent être dans un état...

La Misère dans les VeinesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant