La Misère dans les Veines

Chapitre 23 : Abandon

Environ un mois après

Point de vue de Dany

Il est 2h55 du matin. Bières à la main, Yanis et moi contemplons le ciel étoilé depuis son balcon. Il me dit que depuis ici on devrait voir Eileen revenir.
La plupart du temps, on est tous les deux perdus dans nos pensées.
Il arrive qu'on échange quelques mots, étrangement souvent au sujet d'elle.

Chaque ombre qui passe dans la rue, chaque bruit de pas, nous fait tourner la tête en chœur, puis la retourner de déception.

Il est 3h21. Je commence à piquer du nez. Je m'efforce de rester éveillé. Je ne veux pas qu'elle revienne au moment où je dors.

Yanis et moi commençons à s'impatienter. Cependant, il ne semble pas si inquiet que moi. Je ne peux m'empêcher d'avoir cette pensée obsessionnelle d'hommes pervers qui la reluquent.
Ça me rend nerveux. Je me frotte les yeux toutes les minutes.
Elle est sûrement en retard.

4h00. Je pose pleins de questions, de précisions sur le « travail » d'Eileen.
Yanis semble vraiment ailleurs. Je crois qu'il est plus fatigué que moi.

- Je crois que je vais aller dormir sur le... dans ma chambre. Tu peux rester et l'attendre si tu veux. Sinon il y a le canapé.

- Comment ça ? Tu veux dormir maintenant sans t'assurer qu'elle aille bien ?

Il prend quelques secondes avant de me répondre.

- Tu es si inquiet pour elle ?

- Et toi tu t'occupes d'elle ? C'est ton rôle de petit ami, non ?

Encore un silence avant de me répondre.

- Tu as raison, on va la chercher.

*  *  *

On sillonne le quartier sans trouver sa trace.
Alors Yanis décide d'aller au club.

Une dizaine de personnes font la queue devant l'entrée.
Yanis s'adresse au videur, rempli d'assurance, et demande si les serveuses de 18h ont finit leur service.

- Si vous voulez des informations, faites la queue, comme tout le monde.

Yanis insiste, ce qui semble faire perdre patience au videur.
Je prend Yanis par le bras, pour l'entraîner vers le fond de la queue.

- Qu'est-ce que tu fais ? me chuchote-t-il.

Il enlève rapidement son bras de ma prise.

- Réfléchis, c'est soit ça, soit il ne nous dit rien.

- C'est juste un question ! En plus il me connait, je vois pas pourquoi il refuse de nous répondre.

- Faisons juste la queue, on verra ensuite.

C'est après son soupire exagéré que nous allons attendre derrière la queue.

4h32. Les deux dernières personnes devant nous rentrent et c'est enfin notre tour.

Yanis s'apprête à prendre la parole, agacé, mais c'est moi qui le coupe.
Jouer la carte de la politesse semble être un bon moyen d'obtenir une information.
- Bonjour, est-ce que vous savez si les serveuses de... 18h ?... ont finit leur service ?