Les aventures de Merlin 2 | SUITE | TERMINÉE

13. Hallucinations

Nous passons la nuit dans les bois, le feu nous réchauffe alors que mes yeux se ferment et que je m'endors.

Je ne me rappel pas quand est-ce que je me suis posé sur Arthur, mais lorsque je me réveil au matin et que j'ouvre les yeux, ma joue est appuyée contre son épaule.

À ma propre surprise et tout en ma faveur, je reste ainsi pendant un moment et je regarde l'horizon. Le soleil se lève tranquillement, encore très loin devant nous dans le ciel, un peu de rose l'accompagne pour démarrer cette journée.

Je remonte la couverture pour m'installer plus confortablement, mais le mouvement de la laine remontant sur le menton d'Arthur le réveil et il grogne.

-Merlin... laisse-moi dormir...

Je me mords l'intérieur de la joue et reste silencieux.

Nous laissons passer ce moment de silence lorsqu'il finit par dire :

-Je te trouve plutôt bien installé. Tu as pensé au mal de chien que mon épaule va ressentir quand tu ôteras ta grosse tête de là.

Je m'éloigne aussitôt et il s'étire en gémissant pour ensuite faire tourner son bras afin d'en vérifier la douleur.

-Je suis désolé.

Il hausse grand les sourcils dans ma direction et sourit.

-Désolé ?! Merlin je rigole. Je te fais marcher je n'ai aucunement mal. Depuis quand est-ce que tu as le désolé facile?

Il se lève.

-Je n'en sais rien, peut-être depuis que j'ai des sentiments pour toi et que ce que tu penses m'importe.

Il soutient mon regard pendant un moment d'un air sérieux et nous restons ainsi. Ce n'est pas nouveau, il m'a déjà entendu le dire, il sait, il ne devrait pas être si désapprobateur envers cette révélation qui n'en n'est pas une finalement puisqu'il connait mes sentiments.

-Ne sois pas surpris.

-Je ne le suis pas.

Il retourne enfin à ses occupations et prépare les chevaux pour notre ascension.

Le trajet se fait en silence, Arthur est derrière moi et me suit alors que nous avançons vers notre destination. A plusieurs reprises, je dois nous arrêter pour vérifier ma carte et nous reprenons toujours notre chemin sans dire un mot.

(Tu n'aurais jamais dû naître)

Je sursaute et immobilise mon cheval. Je me retourne vers Arthur qui a pris un peu de recul. Il est trop loin pour que ce soit lui qui est dit ça...

Mon cœur accélère dans ma poitrine et j'essaie de faire le calme dans ma tête. Je serre les paupières et me concentre afin d'entendre quelque chose d'autre, mais il n'y a rien.

-Qu'est-ce qui a?

Arthur m'a rattrapé et il s'arrête à mon côté.

-Rien. Nous sommes presque arrivés.

J'ordonne à mon cheval d'avancer et nous continuons notre balade.

(Tu es une malédiction)

De nouveau, je sursaute. Cette voix est claire comme de l'eau de roche, je ne l'imagine pas, je l'entends comme si j'étais en train d'avoir une conversation en face à face.

Je n'ose pas paraître effrayé ou surpris alors je garde le silence et nous guide vers l'île que nous pouvons maintenant apercevoir de loin.

(Tu ne devrais pas exister)

Je me mords l'intérieur de la joue et demande en cédant à Arthur :

-Est-ce que tu as entendu?

-Hein? Quoi?

Je soupire, bien évidemment qu'il n'entend pas sinon il ne ferait pas que me suivre sans rien dire.

-Tu as entendu quelque chose?

Il regarde autour de nous de manière obsessive.

Plus nous avançons, plus l'île s'agrandit et plus mon sang se transforme en glace dans mes veines. Nous ne sommes même pas encore sur l'île que j'entends des voix.

-Tu sais, c'est à cause de Morgana si nous en sommes là. Si je ne me serais pas fait sacrifié comme un imbécile pour elle...

Je fronce les sourcils et m'interromps. Je n'ai jamais voulu dire ça. Je n'ai pas dit ça. Qu'est-ce qui m'arrive?

-Excuse-moi ce n'est pas ce que je voulais dire...

-Ah bon? Parce que je ne vois pas quoi d'autre tu aurais bien voulu dire qui remplace ce que j'ai entendu. Je croyais que c'est ce que tu voulais, te sacrifier pour la sauver, autrement tu ne l'aurais pas fait.

-Je l'ai fait pour te sauver toi.

Encore une fois, je n'ai pas voulu le dire. En fait, je le pense, mais je n'ai pas voulu le dire à voix haute. De plus, en sauvant Arthur, au passage j'ai réalisé comment sauver Morgana et je n'ai pas hésité à le faire la seconde que j'ai compris.

-Je crois que je fais l'objet d'une possession.

-Qu'est-ce que tu veux dire?

-Il y a quelque chose qui s'amuse avec ma pensée et ma santé mental.

-De quoi est-ce que tu parles? Moi je vais bien.

-Toi peut-être, mais je te dis que je sens qu'il y a quelque chose qui cloche. Ce que Freya a dit. L'île a une mauvaise influence qui te fais voir des choses qui ne sont pas là et...

-Tu as vu quelque chose? Je croyais tu avais entendu quelque chose.

-Je n'ai encore rien halluciné et je n'ai pas vraiment envie.

-Moi non plus.

-Peut-être suis-je le seul à subir le sort de l'île parce que je suis un magicien et toi tu es humain...

-Mais Freya a vu des choses aussi.

Nous sommes arrivés sur le bord de la mer, l'île se dresse devant nous a quelques kilomètres de là.

-Comment allons-nous nous y rendre? À la nage?

Arthur descend de son cheval et s'approche de l'eau. Je l'imite.

-Il doit y avoir une chaloupe quelque part...