Prologue

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Le soleil du mois de juillet asséchait, petit à petit, les étendues d'herbe, qui jaunissaient. Le béton des routes et le sol des terrasses bouillonnaient, il ne valait mieux pas marcher à pied nu. Les fleurs faisaient tête basse, réclamant sans cesse de l'eau. Les stores ouverts et les volets baissés, les habitants de Little Whinging vivaient calfeutrés dans leur maison, à l'abri des coups de soleil et insolations. Les Dursley ne faisaient pas exception. La télévision toujours en marche et une bière à la main, les deux hommes de la famille, affalés sur le canapé, profitaient des vacances pour flâner entre père et fils. Mme Dursley, quant à elle, s'affairait en cuisine pour préparer un bon barbecue, qu'ils dégusteraient ce soir. Elle venait de terminer la marinade et s'occupait, à présent, de découper en morceau le poivron rouge. Dans un geste synchronisé avec la seule femme de la maison, Harry piquait les morceaux de viande, alternant avec les poivrons. La tête dans les nuages, ses mouvements étaient automatiques. Malgré son manque flagrant de concentration, aucune remarque ne venu le déranger. Depuis le début des vacances il vivait, non pas comme un roi, mais comme une personne normale. Les Dursley avaient arrêté de le considérer comme un esclave et avait fait l'effort de l'accepter dans la famille avec quelques exigences, malgré tout. En dépit de ses dix-sept ans et donc de sa majorité, il n'avait pas le droit de faire de la magie dans la maison, ni dans le jardin. Certes, ils avaient eu leurs doses, il pouvait le concevoir. Toute ses nouvelles libertés n'étaient pas apparues comme par magie. Il y avait eu un tas de choses et les circonstances lui avaient été favorables. Un léger sourire prit place sur ses lèvres. Les souvenirs du début des vacances lui revenaient à l'esprit. Il se souvenait de son oncle, qui venait le chercher à la gare, le bousculant dans la voiture pour rester le moins possible en contact de ce qu'il appelait « monstre ». Il se souvenait de l'arrivé dans la rue Privet Drive. Il se souvenait surtout de l'homme, afin homme est un bien grand mot ! Bref, de la chose qui l'attendait tranquillement au pas de la porte. Cet humanoïde aux yeux rouges et à la peau rocailleuse. Si son oncle appelait les sorciers « monstres », ce jour-là, il avait été effrayé devant la laideur du grand Lord Voldemort. S'en était suivit un grand duel qu'il avait gagné tout en sauvant, de peu, son cousin d'un sort plutôt vicieux. Le respect des Dursley pour leur neveu avait drastiquement augmenté. Harry n'avait pas reçu de remerciement mais il s'en moquait, tant qu'on lui foutait la paix et qu'on lui offrait le minimum pour vivre. Le mage noir désintégré de la surface de la terre, le sorcier avait pu faire un bilan sur sa vie et après des réflexions à lui tordre les neurones, il avait décidé de prendre la vie comme elle venait et de tout simplement la vivre au jour le jour. Il n'avait pas encore de grand projet mais s'en inquiétait pas vraiment. Cela viendrait en temps voulu. Il n'avait pas annoncé la grande nouvelle ni à Dumbledore, ni à ses amis. Il ne doutait pas que celle-ci arriverait bien assez vite aux oreilles du monde sorcier. Les mangemorts s'en occuperaient pour lui. Ils avaient dû sentir que leur maitre était mort. Et puis, il n'avait pas que cela à faire, il avait un barbecue à préparer ! C'était bien plus important ! Sa vie était devenue très chargé ! Entre le jardinage, qu'il affectionnait malgré ses douloureux souvenir de son enfance de lui pleurant parce qu'il voulait jouer et que son oncle l'obligeait à arracher les mauvaises herbes. Donc entre le jardinage, la cuisine, la bronzette et les baignades dans la magnifique piscine que son oncle avait fait construire l'été dernier, il n'avait vraiment pas le temps. Ses amis lui avaient pourtant écrit, mais quelque chose en lui l'empêchait de leur répondre. Il n'avait tout simplement pas envie d'avoir un contact avec quelqu'un du monde magique. Il avait rempli sa mission. Donc si on pouvait l'oublier quelques temps, cela l'arrangerait. De tout façon, sa magie l'avait abandonné depuis la mort de l'autre serpent. Il avait essayé pendant plusieurs jours, en se cachant, bien évidemment, des Dursley, mais il n'était arrivé à rien. Bref, sa magie était en grève donc lui serait en grève du monde magique. Il ne le vivait pas mal. Il devait faire une pause et tout rentrerait dans l'ordre à la rentrée. Il rentrerait dans sa dernière année.

Attrapant le dernier pique à brochette, il se reconcentra sur sa tâche. Un bout de viande, un poivron, un bout de viande, un poivron et un dernier bout de viande... Voilà. Fière de lui, il la déposa sur le plateau avant de mettre le tout dans le frigo qui les garderait au frais jusqu'au diné. Harry se lava rapidement les mains, laissant sa tante ranger, et attrapa un livre dans la bibliothèque avant de se diriger dans sa chambre pour plus de tranquillité.

Les jours passèrent toujours sous un soleil de plomb. La vie s'écoulait doucement et joyeusement sur la région du Surrey. Mais Harry avait un léger problème. Il était à une semaine de la rentrée et sa magie ne répondait toujours pas. Cela avait même empiré. Il n'arrivait plus à prendre sa baguette. Ce n'était pas elle qui le repoussait mais plutôt lui qui la repoussait. Il faisait un sérieux blocage psychologique. Il n'avait même pas pu se rendre sur le Chemin de Traverse pour acheter les fournitures qui lui manquaient. Il n'avait même pas l'excuse des Dursley, qui le laissaient vaquer à ses occupations comme il le désirait. Plus la date arrivait, plus l'envie de fuir lui montait à la tête. Il avait pourtant essayé plusieurs fois de se rendre au Chaudron Baveur mais il s'était toujours détourné au dernier moment ne pouvant même pas franchir l'entrée. Il avait écrit une lettre à Ron pour lui demander de faire ses achats à sa place mais n'avait pas osé lui envoyer. Il avait même essayé, dans une dernière tentative, de transplaner sans sa baguette depuis sa chambre. Il avait réussi certes... Jusqu'à la salle de bain. En plus, sa magie n'étant pas coopérative pour un sou, l'avait fait tomber comme un mal propre et il s'était retrouvé avec un gros bleu sur la fesse gauche. Il était vraiment dans la mouise s'il devait se rendre à Poudlard sans affaires et surtout sans magie. Il lui restait sept jours pour trouver une solution. Il ne devait pas se décourager.

Plus que deux. La rentrée était dans deux jours. Il n'avait pas avancé, même ne serait ce qu'un petit pas. La seule chose qu'il avait obtenu se résumait aux multiples bleus qui coloraient son corps. Habituellement, sa magie se chargeait de le soigner. Les Dursley avaient eu pitié de lui et avait donc discrètement acheté une crème apaisante qu'ils avaient déposé sur son lit. Il ne c'était jamais senti aussi reconnaissant envers eu. La crème, assurément moins performant que les baumes et les potions, faisait leur travail lentement, le soulageant quelque peu.

Alongé sur son lit en étoile, Harry ne réfléchissait plus à comment retrouver sa magie mais plutôt à comme s'enfuir sans que personne ne le retrouve. Sa raison avait fait ses valises pour rejoindre sa magie dans une autre galaxie. Il avait tellement honte de lui. Il ne voulait que personne ne sache. Il voulait disparaitre.

Un tourbillon de magie l'entoura soudainement. Il se senti attirer par elle. Elle était trop forte et dans un pop caractéristique au transplanage, Harry se fit aspirer dans un voyage qu'il n'était vraiment, mais alors vraiment pas prêt de faire.  

Transplanage en fêteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant