Show Me You Care

Chapitre 10

L O U I S

Quand j'arrive chez Harry, sa mère est en train de pleurer dans la cuisine. Elle m'explique que son fils s'est comporté bizarrement toute la soirée, qu'il est enfermé dans la salle de bain depuis plus d'une demi-heure et qu'il refuse d'ouvrir la porte. Je ne mets pas plus de trente secondes à gagner l'étage, puis la salle de bain. J'ai ma main sur la poignée et je secoue la porte, mais, évidemment, c'est toujours fermé.

« Harry, ouvre la porte.

– Fous le camp, toi. J'ai pas envie d'te voir.

– Harry, ouvre cette putain de porte. Ta mère vient de m'appeler, elle est inquiète alors maintenant t'ouvre parce que sinon—

– Sinon quoi ? Tu peux dire ce que tu veux, je serai plus là pour voir les conséquences. »

Je commence à taper sur la porte de toutes mes forces. Tellement que j'entends la mère d'Harry hurler mon prénom pour me dire d'arrêter parce qu'elle veut comprendre ce qu'il se passe.

Soudain, je sens mon cœur se soulever, comme si je tombais dans le vide, puis une douleur aiguë me parcourt l'échine. L'espace d'un instant, j'ai le souffle coupé, mais l'air revient rapidement dans mes poumons.

Puis j'ouvre les yeux.

« Louis ? Ça va ? »

Je suis allongé sur le dos, contre le parquet de la chambre d'Eleanor.

Bien.

Tout ça n'était qu'un rêve. Harry va bien. Ce n'était qu'un rêve. Eleanor se penche au-dessus de moi, sans pour autant quitter son lit, et je mets un certain temps avant de voir qu'elle me tend la main pour m'aider à me relever.

« Je suis désolée, je ne voulais pas te faire tomber mais... t'as commencé à donner des coups dans tous les sens et j'avais beau t'appeler et te dire d'arrêter, y avait rien à faire. »

Je me relève sans l'aide d'Eleanor et je remonte dans son lit pour me recoucher, encore un peu sonné par ce mauvais rêve.

« T'as fait un cauchemar ?

– Je crois, ouais.

– Awwww, mon amour. C'est trop adorable ! Tu veux un câlin ? »

Sans me laisser le choix, elle m'entoure de ses bras avant de se blottir contre moi et de me couvrir de baisers. La seule chose que je veux, c'est qu'elle me foute la paix parce que si elle m'empêche de respirer même la nuit, je me demande combien de temps je pourrais encore tenir. Je ne comprends pas ce qui m'arrive. Pourquoi est-ce que, d'un coup, elle m'insupporte à ce point-là ? Pourquoi est-ce que je ne peux plus l'avoir dans mes bras sans avoir l'impression d'étouffer ou pourquoi est-ce que je ne peux plus l'embrasser sans être écœuré par son baume à lèvres à la cerise que j'adorais avant ? Et – putain – pourquoi est-ce que je ne peux pas m'empêcher de la comparer avec Harry à chaque seconde de mon existence ?

J'essaie de repousser toutes les pensées qui me viennent. Vraiment. Mais c'est plus fort que moi, ça me dépasse.

« Tu rêvais de quoi ?

– Je m'en souviens pas. »

Elle ne dit rien pendant un moment puis je sens qu'elle lève la tête vers moi, pour me regarder. Je réponds tellement rapidement, comme pour me protéger, qu'il est évident qu'elle sait que je m'en souviens.

« J'ai l'impression que, depuis quelques temps, on ne se parle plus comme avant. »

Je soupire parce que je n'ai pas particulièrement envie d'avoir cette conversation.