Chapitre 19

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L O U I S

« Louis ? ...Hey. Ouh ouh... »

J'entendais bien sa voix mais rien à faire, je n'arrivais pas à ouvrir les yeux. Je n'en avais pas la moindre envie de toute façon. Le souvenir de cette nuit était encore trop vif pour que j'accepte qu'on me réveille maintenant. Même si ce n'était jamais que des souvenirs sensoriels comme la peau brûlante d'Harry contre la mienne, nos deux cœurs battant à l'unisson, ses doigts serrant mes cheveux alors qu'il murmurait des paroles inaudibles contre ma peau, ses baisers, ses caresses... je n'avais pas envie de prendre le risque de tout oublier. Surtout que j'avais l'impression de pouvoir encore tout ressentir tellement chaque parcelle de ma peau me semblait hypersensible. Comme si mon corps entier était en ébullition. Mais ce n'était pas douloureux, au contraire. C'était une chaleur douce et agréable qui s'infiltrait dans mes veines et m'enivrait au point de m'empêcher de revenir à la réalité. Mais je dormais avec Harry, là. Pas avec Roméo.

« Oh. Louis ! Qu'est-ce que tu fous bordel ?

– Hum.

– Mais aller. Lève-toi, faut que j'aille pisser. »

C'est vrai qu'en général, ce n'était pas moi qu'on avait du mal à réveiller mais là c'était trop dur, j'étais trop bien et je n'avais absolument pas envie qu'il m'arrache à ma rêverie – alors je n'ai pas répondu en espérant qu'il allait comprendre et se rendormir aussi. Mais c'était mal connaitre Harry, je crois.

« Bon, tu bouges ou bien ? J'me sens pas bien, faut que j'y aille. En plus tu m'écrases et j'ai plus d'air. Et mon sang circule même plus dans la moitié de mon corps, j'te dis même pas les fourmis que je vais avoir.

– Shhh, menteur. »

Sauf que non, il ne mentait pas parce qu'en émergeant un peu, j'ai constaté qu'il était sur le dos alors que j'étais sur le ventre et que la moitié de mon corps empiétait véritablement sur le sien, que nos jambes étaient entremêlées – je ne saurais expliquer comment – et que même s'il me demandait de me casser, il était en train de caresser distraitement du bout des doigts le bas de mon dos. Alors une fois de plus, j'ai fait comme si je n'avais rien entendu parce que je savais qu'on ne retrouverait jamais cette position et que j'étais trop bien.

Mais bon.

Harry a soupiré et j'ai entendu qu'en fait, il manquait vraiment d'air – comme s'il était sur le point de faire une crise d'angoisse. Je ne saurais pas comment expliquer le vent de panique qui m'a envahi mais il m'a réveillé net et j'ai finalement bougé sur le côté. En moins d'une demi-seconde, Harry quittait la chambre pour aller s'enfermer dans la salle de bain.

Enfin... 's'enfermer'. Anne avait fait retirer tous les verrous de toutes les portes. Elle avait assuré à Harry que c'était comme ça qu'elle avait loué l'appartement et, même si ça m'arrangeait un peu moi aussi, j'étais de l'avis de Harry : je pense que si elle avait mis tant de temps à faire revenir son fils c'est parce qu'elle avait préparé l'appartement à sa manière avant de l'accueillir.

J'ai fini par basculer sur le dos et fixer le plafond pendant quelques instants – même dans le noir complet c'est intéressant car notre imagination nous fait croire qu'il y a des ombres qui dansent là-haut. Mais je n'aimais pas être là, tout seul, à attendre qu'il revienne. Alors j'ai roulé jusqu'à la place de mon amoureux, enfoui ma tête dans son oreiller pour respirer son odeur et j'ai attendu. Encore. Encore. Encore – et encore. Et au moment où je me suis dit que ce n'était pas normal, qu'il mettait trop de temps juste pour pisser, j'ai regardé l'heure.

5 heures 30.

Wow. Tu m'étonnes que j'aie eu du mal à me lever – ça fait à peine quelques heures qu'on s'est endormi.

Show Me You CareOù les histoires vivent. Découvrez maintenant