Chapitre 21

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H A R R Y

Finalement, Louis n'a pas pu décrocher quand je lui ai téléphoné parce qu'il devait s'occuper des devoirs que Felicite n'arrivait pas à faire seule. Mais je reconnais que j'ai été soulagé parce qu'au moins, j'ai pu faire le vide avant d'arriver chez lui. J'ai pris soin de venir à pieds, pour que l'air froid explique mes tremblements si jamais je n'arrivais pas à les calmer et je n'ai pas marcher plus vite que d'habitude pour pouvoir lui laisser le temps de finir tout ce qu'il avait à faire avant d'arriver – j'ai toujours détesté la sensation d'être de trop ; ça me donne envie de disparaître.

Au fur et à mesure, j'ai réussi à oublier à quel point j'avais peur d'aimer autant ou d'avoir mal si ça finissait un jour. J'ai fini par oublier que je venais d'avouer à la personne que j'ai le plus détesté dans ma vie que j'en étais amoureux – et ça n'avait rien de simple. Finalement, j'ai même oublié qu'il faisait froid. J'ai marché tête baissée, jusqu'à arriver chez Louis. Je crois que j'ai vraiment trainé parce qu'il était sur le porche, assis sur les marches de sa maison, son portable à la main.

« Mais t'étais où ? », il m'a dit avec inquiétude.

J'ai haussé les épaules.

« Là. Je suis là. »

Il a hoché la tête avant de m'entrainer à l'intérieur et de m'embrasser bien plus amoureusement que toutes les autres fois où il avait tenté de le faire.

. . .

Une fois les sœurs de Louis couchées – et je ne vous dis pas la bataille qu'il y a eu avant que le silence complet règne dans la maison – on s'est retrouvé dans la chambre de Louis, assis sur son lit à se raconter les quelques heures qu'on avait manqué l'un de l'autre. On parlait vraiment histoire de meubler parce que 'j'ai pas mangé les concombres que je me suis préparé' franchement... ce n'est pas nécessaire à la vie de couple. Mais je savais qu'on essayait tous les deux de cacher quelque chose. Moi, mon besoin d'éviter le sujet 'je t'aime' et lui... eh bien lui, ça a fini par tellement le déranger qu'il a dû m'en parler.

« Tu veux savoir une blague ? »

J'ai hoché la tête en silence.

« Quand je suis rentré tout à l'heure, j'ai vu que j'avais une lettre de mon père. Une vraie lettre.

– Ça existe les fausses lettres ?, j'ai demandé avec ironie.

– Hein ? »

Il y a eu un moment de flottement puis finalement, il m'a regardé de travers avant de comprendre que je me moquais de lui. Alors il m'a bousculé en éclatant de rire.

« T'es débile parfois, ça fait peur... »

Il est redevenu sérieux. Tellement que je m'en suis voulu d'avoir fait une blague.

« Il a droit de vous écrire ?

– Non. Enfin... je sais plus si l'interdiction judiciaire durait le temps de son sursis ou toute sa vie ou... »

Il a soupiré.

« Je m'en suis jamais occupé. Je ne lui ai pas vraiment parlé depuis des années. Je sais même plus à quoi il ressemble. »

J'ai doucement secoué la tête.

« N'importe quoi. », j'ai soufflé.

Il a haussé les épaules avant de se laisser tomber sur son matelas et d'attraper la lettre, près de son oreiller.

« Qu'est-ce qu'il te dit alors ?, j'ai demandé.

– Qu'il veut nous voir. Tous les cinq. Qu'on lui manque, qu'il est désolé d'avoir été un mauvais père et qu'il espère que je ne lui en tiendrais pas rigueur. Ce genre de truc.

Show Me You CareOù les histoires vivent. Découvrez maintenant