Chapitre 5

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Lisanna suivait Yalurmia et Uséma avec difficulté. Le village était inquiétant : Les maisons étaient incrustées dans des arbres morts, comment reconnaître les végétaux normaux des habitations ?Simplement en cherchant des portes et des fenêtres dans les troncs ou en voyant des fées y rentrer ou en sortir. La forêt aurait sûrement été plus belle si il y avait des feuilles sur les arbres,et de l'herbe au lieu de cette terre aride, sèche et grisâtre, semblable à du goudron. C'était pourtant le mois de juin ! Et les arbres qui bordaient le village de Lisanna étaient feuillus à souhait... Si ce monde si était parallèle au sien, ne devaient-ils pas partager les mêmes saisons ? A moins que c'était ainsi qu'était le printemps dans ce monde...

Tant de questions se posaient dans la tête de la jeune fille, tandis qu'elle fixait le ciel emplit de nuages gris. Il était certes déprimant, mais elle préférait le regarder lui plutôt que les habitants. Tous avaient le même code vestimentaire que Yalurmia et Uséma et la regardaient d'un œil mauvais, gris ou noir, les cheveux noirs ou bruns et le teint blanc cadavre, cependant, malgré cette haine dans leur regard et sans trop savoir pourquoi, l'adolescente les soupçonnait d'être, au fond d'eux-même, malheureux au milieu de cette désolation. Aucune joie n'était présente, nulle part, pas même un sourire ou un rire, comme si c'était défendu, pas une fleur non plus, ni même aucun animal.

Était-ce là le monde des fées ? Celui dont la rouquine avait rêvé depuis son plus jeune âge ?!

Il n'avait strictement rien de magique ! Sans les ailes, bien que tristes et ternes, des hommes et femmes, jamais elle ne les auraient pris pour des fées.

Plus le groupe avançait, pire c'était ; Les maisons se résumaient à des trous dans la terre qui avaient, certes, une taille humaine,mais n'était sûrement pas confortables ou accueillants. Des cris d'enfants et de nourrissons retentissaient, les fées avaient de ce côté-ci des haillons trop grands ou trop petits, déchirés et sales. Ils avaient aussi de grosses cernes sous les yeux, les cheveux gras et décoiffés, le corps famélique. Ils arrivèrent finalement au centre d'une place. Il y avait là un immense arbre mort, semblant avoir bien plus de mille ans...

Yalurmia et Uséma s'arrêtèrent devant, Lisanna les rejoignit donc, et un cercle noir lumineux se dessina autour d'eux, les faisant descendre en creusant la terre. Sur le coup, l'adolescente manqua de tomber mais se rattrapa juste à temps. Heureusement, car ce n'était pas de la terre autour d'eux, mais une immense salle souterraine où, des milliers de fées s'activaient, hommes ou femmes.

Tous formaient des rangées de deux lignes parallèles, du plafond jusqu'au sol. Ceux des lignes de droite, qui avançaient vers eux, poussaient de gros chariots vides, ceux des lignes de gauche, et qui allaient dans le sens inverse, eux, avaient leurs chariots remplis de pierres rouges. Au sol en revanche, les autres fées minaient, leur récolte allant dans des caisses qui s'élevaient, remplaçant d'autres caisses vides. C'était de ces caisses que venaient les pierres rouges. Les fées des files de droite remplissaient leur chariot avec ces pierres, depuis les caisses, et tournaient ensuite pour passer en file de gauche, formant une boucle.

Alors qu'ils se posaient, la rouquine chercha à voir ce qui arrivait à ces pierres, cet alors qu'elle vit un immense brasier de flammes bleues, les pierres servaient à l'alimenter. Au-dessus de ces flammes, flottait une pierre, semblable à celles que les fées transportaient mais en bien plus grande, elle devait faire plus d'une vingtaine de mètres tandis que les flammes elles-mêmes en faisait une dizaine !

Ce spectacle était plus qu'impressionnant. La jeune fille en resta bouche-bée un long moment, ce fut Yalurmia qui la tira de sa stupeur, lui donnant un violent coup de poing sur la tête, manquant de l'assommer à nouveau. L'adolescente regarda l'autre en lui lançant un regard noir, oubliant un court instant à qui elle avait faire, la lueur meurtrière des yeux de la brune lui fit finalement regretter. La fée, sans rien ajouter, lui fit simplement signe de la suivre. S'exécutant en tremblant, la rouquine traversa la pièce avec eux, puis, ils arrivèrent devant une grande porte en ébène. Alors qu'Uséma la poussait, un long couloir fait de la même matière que la porte s'ouvrit devant eux et, au bout, commençait de longs escaliers en colimaçon qu'ils grimpèrent.

Prendre son envolOù les histoires vivent. Découvrez maintenant