Prendre son envol

Chapitre 7

L'adolescente avait passé une nuit des plus mouvementées. Ses rêves emplis d'affreuses images et paroles, ne constituant que cauchemars sur cauchemars. Dans l'un, elle voyait Mlle Light se faire torturer par Nolina, dans un autre, c'était elle qui était torturée, et dans un autre elle voyait ses frères et sœurs êtres tués. Au final à son ultime réveil, deux images restèrent dans sa tête : Un fouet et du sang, le tout accompagné de longs cris de souffrances et de désespoir.

Le matin donc, assise et haletante, des sueurs froides collant le long de sa nuque et son dos, chatouillant la base de ses ailes, elle regardait autour d'elle d'un air affolé.

Ce n'était toujours pas un rêve. Elle était toujours dans cette sombre mais luxueuse chambre, quelque part dans cet arbre-château, lui-même perdu au milieu d'un monde inconnu. Soupirant, elle essuya rapidement des larmes naissantes aux coins de ses yeux. L'adolescente n'avait qu'une envie : partir. Mais sans mourir si possible... Et comment allait-elle faire pour rentrer chez elle de toute façon ? Était-ce avec un portail que ça fonctionnait ? Où était-il ? Est-ce qu'il était gardé ? Elle n'en savait strictement rien !

Se levant, la rouquine commença à faire les cent pas, perplexe. Cependant, elle avait beau cherché, rien ne lui venait à l'esprit.

C'est alors qu'on toqua à la porte. Sursautant, Lisanna regarda cette dernière avec un mélange d'inquiétude et de curiosité. Elle se demanda alors si elle devait prendre la peine de s'habiller, étant toujours en chemise de nuit, puis finit par se racler la gorge.

« Oui ? » Demanda-t-elle timidement.

Sans attendre, la personne de l'autre côté ouvrit la porte d'un violent coup de pied, faisant reculer l'adolescente qui trébucha sur une de ses chaussures traînant au sol, et la fit tomber sur le postérieur, se cognant, au passage, la tête sur un des pieds du lit.

Heureusement pour elle, il ne s'agissait que de Yalurmia qui, un plateau dans une main, la regardait avec lassitude. La jeune fille repensa alors à ce que la brune lui avait dit la veille, avant qu'elle ne se quitte, puis, secouant la tête dans l'espoir de l'oublier, foudroya sa sœur du regard.

« Tu pourrais to... enfin... hum... attendre ma permission avant d'entrer comme ça ! Et pas ouvrir avec tes pieds et... et avec une telle violence aussi ! » Bafouilla-t-elle en rougissant légèrement, honteuse. L'autre se contenta de lever les yeux au ciel.

« Te plains pas, je t'apporte ton ptit déj', vu que t'aurais pas été capable de trouver la cuisine... mais rêve pas, après la visite guidée de cette après-midi, tu te débrouilles. » Lui répondit-elle sèchement, avant de poser le plateau sur une table, et de se diriger vers la porte, tandis que l'adolescente se relevait finalement.

« Tu ne t'es toujours pas excusée ! » S'énerva-t-elle, nullement touchée. « Et de toute façon, je suis sûre que tu as été obligée de m'apporter ce petit-déjeuner, alors je fais ce que je...

-Quand on sait pas, on la ferme. » La coupa froidement la brune, s'étant arrêtée pour la foudroyer du regard, par-dessus son épaule. La rouquine n'osa plus ouvrir la bouche.

« Maintenant mange et habille-toi, Uséma et moi on passera te chercher à 13h pour la visite du palais, ensuite, on t'expliquera vite-fait les horaires du genre couvre-feu tout ça... » Reprit-elle ensuite en sortant. Puis, une fois dans le couloir, la porte entrouverte, elle ajouta :

« Au fait, va pas croire que tu vas être servie comme une princesse après ce que le roi t'as dit, ici, c'est chacun pour soi, à part avec le roi qui se prend pour le maître de l'univers, mais si tu as faim, c'est va chercher en cuisine et mange sagement ici. »

Puis, elle claqua la porte, permettant à la jeune fille de respirer à nouveau. Quel sale caractère elle pouvait avoir ! Puis, la rouquine remarqua quelque chose. Sa sœur avait bien dit que c'était « chacun pour soi, sauf pour le roi », non ? Dans ce cas... avait-elle elle-même choisi d'apporter son petit-déjeuner à la rouquine ?