D'unbeau matin ensoleillé, alors qu'Elle s'humectait encore sesdélicates lèvres, tout en essuyant du revers de la main ses yeuxétincelant d'un bleu azuré. Elle vit, au-delà de sa fenêtre dechambre, un camion tout de blanc s'enfuir du quartier d'une alluremodérée. Roulant sur l'asphalte d'un moteur silencieux. Ellen'eut le temps que de voir : Fromparadise suivid'un logotype, à son côté, celui de sandales ailées.
Sûrement unenouvelle entreprise postale qui fait ses premiers pas dans notrepetite bourgade du Maine. J'ai bien peur que tout près de CastleRock, les lettres de From Paradise ne soient guère unecoïncidence. Et Elle rit de bon cœur, toute joyeuse.
Ses cheveuxlongs habituellement d'une rivière resplendissante d'une clartédorée, tout emmêlés qu'ils sont, lui donnait l'air de posséderune crinière. Elle frotta ses pieds — vêtus de pantoufles enformes élégantes de lapins—, au sol. Son nectar caféïnécoulant d'un filtre de grains moulu infundibuliforme à sa tasse.Comme à son habitude, durant que sa tasse se remplissaitmodestement, Elle alla au vestibule, soucieuse qu'aujourd'hui ellen'aurait guère de colis mais de factures à payer.
Quenenni ! Reposant à l'entrée se trouvait une lettre d'une enveloppeblanche coton. Avec le même logotype de sandales ailées : FromParadise, qu'elle avait vu à son réveil voulant soucieusementregarder la beauté du soleil matinal. Aucun expéditeur, seulementle destinataire et une inscription d'une graphie qu'elleconnaissait, mais toute faite de majuscules. Comme un tape à l'œil! DECLARATION.
Ellel'ouvrit et fut éberluée du contenu et son contenant, le lisant dedemi-voix.
[Attentif,voyageant d'un esprit vif et translucide,je m'en vais sur le sentier d'un paradis où chatoient les feuillesemplies de rosée d'un grand arbre.
Marcherautour et m'y poser, caresser les fleurs et écouter ce silencesourd,
Arbrede ces mondes qui fait frissonner pour toujours.
Yggdrasiloù reposent les neuf royaumes,
Asesest la demeure de ta beauté. Cette beauté, que j'ai tant rêvé decaresser de ma paume.
Ainsi,j'ai pensé t'écrire une dernière fois,
làoù les fleurs tombent majestueusement sur le sol de coton.
Versoù je regardais, allongé, étant enfant et insouciant, là où rienest étroit.
Celieu infini sans aucune barrière, oùnul réside l'obscurité, seulement et toujours la lumière,quelle que soit la position.
Jen'ai plus guère qu'une conscience, jetéetel le pollen au gré du vent qui vole,
Quine peut oublier ton doux nom Espagnol.
Tuavais l'habitude de t'écrier : « Deux ailes pour mieux voler ! »Quand je l'écorchais par mégarde à l'écrit.
Pardonne-moi,ma chère ! Même de ces fautes de langagedont je ne sus comment avoir l'accent de cette patrie.
Maisje dois t'avouer l'inexprimable!
—Certes,cela est contradictoire. —
Carces quelques mots se prouvent par de vrai regards palpable, mêlés àl'incompréhensible langage inextricable.
C'estla vérité ! Et suivre la vérité me suffit sans même rien voir.J'ai longtemps marché, en laissant ce devoir.
Ôdoux ange aux candides pensées,
Ilest temps de te dire ce dont je n'ose.
Cequi me hante, aujourd'hui, sous le regard de ce Dieu aux millesagesses. Cette émotion du passé.
Sousl'arbre mon teint est rose.
Jesuis tel un petit enfant, timide et qui rougit!
Avecun cœur paisible et, pourtant, un esprit si pensif,
Créant,jadis, sans cesse de sordides personnages et de sottes idées sous mabougie.
Maisce sentiment si intense ne peut me quitter, je sens encore le tambourpalpiter de ce qui était au milieu de mon poitrail. Et je dessinecet organe de vivant, en gravant ton nom sur l'if.
Jet'aime.
Cetambour que je ressens pour toi bat si fort,
Quemême les ténèbres qui ont envahi mon corps un jour de pluie,
N'asu empiéter sous le poids de cet amour. Les ténèbres émettent deterribles grincements,mais leurs sorts ne peuvent réveiller un homme, qui, de penséesamoureuses, dort.
Sousle firmament une étoile brille. Regarde ! Dans un silence reposanttu pourras y voir mon amour qui luit !
Prenddonc, ce livre que tu admires.
Ouvreta Bible,
Sousdes lettres d'imprimé noir, tu peux tout y lire.
Sita lampe t'éclaire, tu y verras quelques preuves de ce que jeressens pour toi. Mais nul besoin de tout cela, je veille sur toi ! Sois paisible.
C'estsous ce branchage, que je veille en solitaire
Etque je veux dormir quand je m'endormirai.
Tandisque L'Espagne me montre ses couvents,
Unelégère bise t'embrassera, pense à moi, le moment venu. Je serai à Lleida ! Devenu le plus doux des princes charmants.
Ànouveau : Je te déclare mon amour !
Àtoi ma Princesse, de l'homme clément qui idolâtre les enfants, quicaresse ta chevelure au grès du vent. Blonde comme la boisson, tesouviens-tu ? C'était, il y a quelques jours.]
Unelarme vint couler sur les joues de cette radieuse beauté Catalane,en lisant cette déclaration de l'au-delà.
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RÊVES ET CAUCHEMARS
HorrorDe jeunes gens en quêtes d'approbations, de reconnaissance et de gloire, disparaissent dans leur malheur ; Une femme dans l'ivresse de la quintessence d'un amour dérisoire, à jamais perdu ; Une créature tapis dans les bas-fonds d'un mal-être... Des...