DERNIER ARRÊT : SEBASTOPOLE

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«Je n'ai plus envie de jouer avec mes rêves. Je les transforme encauchemars !

Aprèsavoir accompli une tâche difficile, on se sent perdu, triste,soulagé mais déprimé. Pour un temps, tout tournait autour dutravail tel un mal qui vous rongez, mais il fallait enfoncer cetteporte pour laisser parvenir la lumière dans votre conscience. Toutétait réel ! Comme dans un rêve. Mais tout a changé. Le cielavait fait découvrir de nouveau horizon que les ténèbres avaientobscurcis.

C'estdans notre tête.

Toutimaginer.

Dudélire.

Onse rend compte parfois que la porte est scellée à jamais et qu'iln'y a pas d'issue.

Allumerla lumière.

Jereferme les pages de mon manuscrit, tout est fini.

Toutle monde a peur du noir, pour ma part je ne trouve que le réconfortquand l'astre blanchâtre de ma page blanche est clairsemé departicules obscurcies. J'ai seulement peur de m'y enfouir. M'enfouirdans les lettres et les limbes.

Toutest fini.

Dudélire... »

SpaceOddity passait en fond caressant les tympans de l'écrivain. Ilétait seul dans la rame de métro. Profitant du trajet pour terminerson roman. Sa femme lui avait dit : « Soit tu continues à n'avoiraucun espoir ! Soit tu évites de me parler, tu t'enfermes dans tonroman, et tu écris un Best-seller ! »

Depuisil évitait de lui envoyer un quelconque message, ne l'a voyantqu'entre-temps, que pour lui faire l'amour. Il se coupait de sonunivers dérisoire et s'en allait reprendre goût à la réalité,bercé par la joie des orgasmes, toujours dans l'obscurité.

«Dans cette obscure noirceur, je ne pus réfléchir à mon errance,inévitable soit-elle. J'errai durant des siècles pris pard'incontournables maux de tête. Je marchais comme sur un damier.Dalle par dalle. Un pas devant l'autre, sans cette impression d'avoiraccompli quelque chose de ma vie. Je sentais quelques turbulences, etme berçai sur mon siège. »

Pourquoi tu ne pars pas ?

Parce que. Parce que l'homme est lâche et anxieux. Prendre une décision est facile, c'est franchir le pas qui coûte cher.

Iladorait voyager dans les métros souterrains, tout ici était propiceà son univers et à son genre littéraire.

L'obscuritéet l'air vicié, les gens aux airs lugubres, une impression malsainesd'insécurité. Imaginant ici : L'auto-stoppeur à la hache.

«Owen avait du mal à le distinguer dans la pénombre. Il l'avaitdépassé et se remémora un temps les histoires sur lesauto-stoppeurs aux abords des forêts, aux ténèbres qui lesencerclaient. Jamais bon signe se disait-il, le pied surl'accélérateur. Mais son véhicule s'arrêta net et commençaune virée en marche arrière, comme prise par une force mystérieuse.Il se tourna vers l'homme, son visage était recouvert d'ombre etOwen avait du mal à le distinguer. Mais il distinguait bien la hachequ'il brandissait, luisant du sang de ses victimes.

C'est ton tour. »

J'ai lu beaucoup de livres différents, mon amour, et j'ai toujours été étonné que rien ne s'y passe comme dans la vie. Enfin – comment dire ? – les événements s'arrangent toujours linéairement, et tout est lié, les choses découlent les unes des autres, rien ne s'y produit par hasard. Mais, en réalité, ça ne se passe pas du tout comme ça, les événements qui s'enchaînent de manière logique, n'existent pas ! Les livres se terminent au moment précis où se rompt l'enchaînement logique des événements.

RÊVES ET CAUCHEMARSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant