Les Apparences Illusoires - TOME 1 : Jeux Malsains.

CHAPITRE 2 - CAUSE YOUR SMILE TOUCHED MY HEART ...

Plongée dans les ténèbres de sa propre peine, April referma rapidement les yeux dans l'espoir de se remémorer une dernière fois leurs traits, si doux lorsqu'ils étaient heureux et si sévères lorsqu'ils étaient en colère. Et tandis qu'elle se perdait une nouvelle fois dans une multitude de questions et d'images, une goutte salée perla sur le coin de ses yeux, terminant son douloureux trajet sur le coussin blanc de la jeune fille, lui aussi empreint de cette odeur à la fois si réconfortante mais tellement blessante. La sienne. Il lui arrivait parfois de se poser toutes sortes d'interrogations concernant ses faits et gestes, et très souvent, elle se demandait où est-ce qu'elle puiserait la force de continuer nonchalamment sa vie, dans cette chambre qui avait servi à leurs bêtises et leurs cachoteries, comment est-ce qu'elle parviendrait à trouver le sommeil, couchée dans ce lit qui avait emprisonné le souvenir de leur présence. Et ce fut en serrant naturellement des poings qu'elle songea à ce qui s'était passé ce jour-là, lorsqu'elle avait décidé d'enfin mettre son plan en action, montant une mascarade grotesque dans laquelle elle envisageait de se « confesser », mais qu'en fin de compte, rien ne s'était passé comme elle l'avait prévu.

03 Février 2013

Décembre, Janvier, Février ... Cela faisait déjà deux mois et trois jours qu'April avait pris les devants avec Josh, s'acharnant à lui faire croire qu'elle s'intéressait très sérieusement à lui. Sa tromperie n'avait aucune limite, son jeu aucune règle. Du coup de la mini-jupe dévoilant ses longues et fines jambes, jusqu'au fait de se coller à lui tout en prétextant rechercher de la chaleur en ce frigorifiant mois de Février, tout en passant par les accolades entreprenantes qu'elle s'évertuait à lui offrir et qui le laissait totalement perplexe, complétement interdit. Tout y passait. Et rien n'y faisait exception. Si à l'heure actuelle, Josh n'avait toujours pas l'impression de plaire à la jeune fille, alors l'idée de brûler les étapes et d'inciter un contact direct entre leur corps lui prouverait parfaitement cela. Un simple baiser ferait l'affaire, et ce n'était pas grand-chose pour April. Elle n'en était pas au premier homme, et surtout, c'était une comédie qu'elle était habituée à jouer, et dont elle sortait très souvent vainqueur.

Il était déjà tard lorsqu'April débarqua à la taverne Le Complex, dans lequel elle avait donné rendez-vous à Josh après l'avoir supplié de s'y rendre. Elle avait choisi ce lieu pour son abondance de clients, s'assurant qu'ainsi, le jeune homme ne la ridiculiserait pas publiquement en se relevant et déguerpissant, car oui, elle avait émis cette possibilité. C'était ici qu'elle prévoyait de lui avouer ses faux sentiments, et probablement même qu'elle ne lui laisserait nullement le temps de répondre quoi que ce soit, s'imaginant déjà le faire taire d'un baiser sans aucune valeur. Puis une fois cela fait, elle retournerait chez elle, non sans lui jeter une dernière œillade, et savourerait lentement sa première victoire. Rien ni personne ne serait en mesure de contrer ses plans tant qu'elle garderait cette assurance.

Alors, d'une démarche chaloupée, elle pénétra dans le bâtiment blanc dont l'enseigne s'illuminait grâce aux néons colorés, visibles ci-et-là. Son regard chercha systématiquement celui du jeune homme dans l'espoir de l'apercevoir la première. Il était là. Il était seul, attablé au fond de la salle, loin des regards curieux des autres, là où ils ne pourraient être qu'eux deux. Décidée à agir, elle s'avança gracieusement jusqu'à lui, traversant le bar tout en ignorant les clients ainsi que la bruyante musique rythmant les danses de certains. Calmement concentré dans la lecture de son livre, Josh ne la vit pas s'approcher et demeura tout autant imperturbable lorsqu'elle lui adressa la parole.

- Tu m'as l'air bien absorbé par ce bouquin, de quoi ça parle ?

Il releva légèrement la tête, mimant une grimace des moins abjectes. Elle le dérangeait, c'était une évidence.