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Steve est comment dire têtu, entêté, obstiné et incroyablement buté ! Non mais je vous jure ! Je lui dis que je ne veux pas rester, que je veux partir dans mon coin tranquillement et lui, tout ce qu'il trouve à faire, c'est de m'emmener dans un petit fast food pour que l'on parle.

Je sais pertinemment que parler ne nous servira à rien. Il va passer des heures à tenter de me retenir et moi, je vais passer des heures à ne pas l'écouter. J'ai beau lui répéter que tout ça ne sert à rien, monsieur ne m'écoute pas. Il est dans sa petite bulle, à fond sur l'idée de me faire rester.

Du coup, au lieu d'être dans ma voiture, à rouler vers une nouvelle vie, je suis assise en face du blondinet dans un magnifique restaurant qui sent bon la friture. Ironie, bien sûr. Le seul avantage à la situation, c'est que j'ai eu le droit de me changer dans les toilettes.

Evidement, j'exagère pour le restaurant. On ne dit jamais non à un bon vieux fast food. En revanche, pour le coup de la voiture, c'est vrai, je râle vraiment et il n'a pas fini de m'entendre.

-Arrête de bouder Nat.

-J'arrêterais de bouder lorsque je serais dans ma voiture, loin d'ici.

-Mais pourquoi tu veux partir !? Les autres vont en souffrir, tu vas leur faire du mal à partir comme ça, sans rien dire, sans même leur dire au revoir !

-Mais si je reste, c'est moi qui souffre ! C'est ça que vous ne comprenez pas, que TU ne comprends pas ! Tu dois te demander comme je peux souffrir alors que tout le monde va bien, que mon entourage vit dans le bonheur. Mais je souffre à rester ici, je n'en peux plus Steve.

-Mais pourquoi ?

Je soupire un bon coup pour ne pas m'énerver.

-Nat, je ne veux pas te pousser à bout parce que je sais que ça ne sert à rien. Je veux juste que tu me dises pourquoi tu veux partir parce que, parfois, en parler, ça aide.

-J'en ai déjà parlé avec Vision et ça a été une belle perte de temps.

-Nat...

Une bataille de regards commence, entre moi qui ne veut pas parler et Steve, qui se la joue psychologue. Mais apparemment, être psy amateur rend plus fort.

-Je ne sais pas pourquoi je suis comme ça. Je te dis, j'en ai déjà parlé avec Vision et on a fait que tourner en rond. Je me sens mal, il n'y pas d'explications.

-Il y a toujours une explication.

Ses beaux yeux bleus ne montrent que de sincérité et soutien mais je ne sais pas quoi lui dire. Je ne sais pas quoi me dire.

Au fond, je souffre mais la solitude n'en est pas la cause. Depuis bien des années, je suis seule et ça ne m'a jamais empêché de vivre.

Je ne suis pas non plus jalouse des autres Avengers et de leurs vies, je suis même heureuse pour eux.

-Le problème, c'est que je ne sais pas d'où ça vient, sincèrement. Je ne vous envie pas, vous et vos petites vies tranquilles, de vos couples... La solitude ne me dérange pas tant que ça mais j'ai cette impression d'être un boulet.

Steve me regarde sans rien dire. Il doit tenter de trouver une explication. J'ai envie de lui dire de laisser tomber mais je suis coupé par sa tête. Voir Steve Rogers avec un visage triste, c'est légèrement perturbant.

-Tu dis qu'entre Sharon et moi, tout est beau et rose mais c'est faux. Totalement faux.

-Oh arrête, vous-

-On fait semblant.

-Q-Quoi ?

-En public, on fait semblant.

Je le regarde, surprise. Il se moque de moi, c'est ça ? Il dit ça pour me remonter le moral.

-On s'engueule pour tout et tout le temps. Par exemple, ce matin, un lapin a tué un chasseur. (Pardon) Ce matin, elle a crié parce que je n'avais pas encore mis mes chaussures lorsqu'elle est sortie de la salle de bain. Bien sûr, j'étais en tort, même si ça faisait une heure que je l'attendais. Tu comprends, on allait être en retard... dit-il ironiquement.

C'est la première fois que je vois Steve dans cet état. Il ne sourit plus, les épaules baissées. Au fond, il est comme moi. Déprimé et seul.

-J'imagine déjà la scène qu'elle va me faire quand je vais rentrer. « étais-tu ? Que faisais-tu ? Tu étais encore avec elle !? »... Tu n'es pas la seule à en avoir marre...

-C'est ce que je vois. Je ne savais pas que ta bien aimée était si tyrannique.

Steve sourit faiblement sans pour autant relever la tête. Il continue à fixer ses mains, sous la table. Comme quoi, on ne connaît jamais vraiment ses amis. Un sourire peut tout cacher.

Aucun de nous ne parle, chacun plongé dans ses pensées. Au moins, pour moi, ça a été rapide. Mon interrogatoire a été dévié. Pour blondinet, en revanche... Le psy amateur a besoin de son propre psychologue.

-C'est bien la première fois que je n'ai pas envie de rentrer chez moi, déclare soudainement Steve.

-Alors vient, répondis-je du tac au tac.

-Quoi ?

-Vient avec moi.

-Mais où ?

-Je ne sais pas, je n'ai pas encore de destination précise mais il y a assez de place dans ma voiture pour un autre passager. On passe chez toi récupérer quelques affaires que tu mettras sur la banquette arrière, parce que le coffre est plein, et hop, on part.

Steve me regarde bizarrement, comme si mon idée était aussi folle que d'aller vivre sur la Lune. Mais je suis sincère, il y a de la place dans ma voiture.

Pendant plusieurs minutes, Steve me regarde sans rien dire, pesant probablement le 'pour' et le 'contre'.

-Tu veux vraiment que je vienne ?

-C'est ton choix, Steve, ta vie. Mais je serais ravie d'avoir de la compagnie, ta compagnie.

Solitude [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant