Chapitre 69

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Un quart d'heure plus tard, aucun de nous deux n'avons dit mot. C'est trop étrange pour moi, beaucoup trop de questions se bousculent dans ma tête. Louis me fixe, impatient de répondre à mes questions. Je prends mon souffle plusieurs fois pour essayer de lui parler... Mais aucun son n'y sort. Je me lève brusquement et me jette à l'eau en lui demandant directement, tout en étant dos à lui :

- Pourquoi es-tu parti ? Pourquoi tu reviens maintenant ? Je me retourne, les yeux remplis de larmes pas uniquement dus par son retour inattendu, mais par tous les événements d'aujourd'hui et continuais-je. Et surtout... Comment as-tu pu faire sa à ta famille ? Qu'est-ce qu'il ta pris Louis ?! Tu es mort pour nous, pour moi.

Il me regarde un instant en me défigurant. Il parait très calme et certainement pas affecté par ce que son retour peut engendrer dans la famille. Il prend une grande inspiration avant de prendre une gorgée de bière et commence :

- Je peux commencer maintenant ? Me demande-t-il de façon ironique. Je trouve ça absurde qu'il prenne toutes mes questions à la rigolade ainsi... Mais je préfère ne pas relever pour l'instant et attendre sagement qu'il daigne répondre à mes questions.

- Commence. Me contentais-je de rétorquer.

- Merci ! Alors, qu'est-ce-que tu m'avais demandé déjà en premier ? Ah oui, pourquoi j'ai fait ça ?... Eh bien à la fin du collège et tout au long du lycée, je me faisait harceler par toutes sortes de personnes. Des garçons, des filles, des professeurs même parfois... Et tout ça pourquoi ? Parce que j'assumais complètement le fait d'être homosexuel. Enfin je l'assumais partout sauf à la maison ou en présence de vous, bien-sûr. A la limite, tu étais surement la seule à qui je pouvais en parler peut-être... Mais tu étais bien trop petite pour me m'entendre parler de sexe de cette façon-là. Puis vers mars de mon année de première, j'ai décidé de m'inscrire sur un site de rencontre anonyme. Evidemment, j'ai précisé mon orientation sexuelle. Puis de fil en aiguille j'ai commencé à faire la connaissance de celui qui partage ma vie maintenant à New-York. Je préfère ne pas révéler son identité maintenant. Il arrive à la maison dans quelques jours, tu le découvriras par toi-même. Tu te feras ta propre image de lui, petite-soeur. 

Ça me fait vraiment bizarre de l'entendre m'appeler comme ça... Il va falloir que je m'y fasse de toute manière... Ou peut-être pas ? Peut-être qu'il ne vient que pour quelque jours et après il repartira et disparaitra comme il l'a fait ? Il me coupa dans mes pensées et reprit, en buvant une plus grande gorgée de bière que la précédente :

- ... Puis, entre la pression que me mettait les vieux pour les cours, Matthieu qui est homophobe, ou peut-être pas mais il était à la limite de se laver l'épaule à l'eau de javel quand je la lui ai touché en signe d'amitié... Bref, tout ça m'étais insupportable à l'époque. J'étais un jeune homme avec beaucoup d'assurance, mais gai ce qui à donc beaucoup énervé les jaloux tu comprends ? 

Je hoche la tête en souriant légèrement. 

- ... J'ai donc décider de m'inscrire à l'armer directement à la fin de mes, infernales, années de lycée. Puis j'ai dû attendre deux ans d'armée pour simuler ma mort par balle pour partir vivre tranquillement avec mon mari, en recommençant à zéro. Voilà ma merveilleuse histoire. J'espère qu'elle était divertissante parce que je ne vais pas la répéter, crois-moi Cla ! Plaisante-il, accompagné d'un irrésistible sourire qui fait ressortir ses petite fossettes au niveau des joues. 

- Je ne te referai pas répéter, Louis. Ne t'en fais pas. C'est juste que... même avec tes explications, tout ça est encore frais et j'aurai du mal à me dire que mon deuxième frère nous a fait une blague de ce genre pendant dix ans. Tu peux me comprendre ? Je m'approche de lui, en lui caressant l'épaule. Il me regarde et affiche un sourire en coin en regardant ma main.

- Tu ne vas pas chercher l'eau de javel toi ? Rigole-t-il en prenant ma main dans la sienne fermement. 

Je souris à mon tour et me jette dans ses bras. Louis est toujours le même que dans mes souvenirs, souriant, rassurant et franc. Tout ce que j'aime. Je me retire doucement de lui et parcours du regard ses bras fins et tatoués. Je n'arrive pas à décoller mes yeux de ses tatouages. Il racle de la gorge, ayant remarqué que je le dévisageais. Je baisse les yeux et il se dirige dans la cuisine sans rien dire. Je reste assise sur le canapé en attendant son retour. Au bout de quelque minutes seule, je commence à paniquer et à me demander si il ne m'a pas abandonnée, encore une fois. Mais quand je baisse la tête pour ramasser mes affaires et partir dans ma chambre, Louis arrive avec du saucisson coupé en tranche, une coupelle de chips et une bière pour lui et moi. Je préfère ne pas dire que je ne bois pas trop, mais j'ai juste envie de rattraper le temps perdu avec lui. Il reprend sa place à côté de moi et ajoute :

- Je pense que nous avons beaucoup de chose à se dire, accompagnons ça d'un apéro au moins!  Lance-t-il en levant sa bière.

ClanaëOù les histoires vivent. Découvrez maintenant