6 - paranoïa ?

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« Ce qu'il faut c'est réfléchir, ensuite agir. Mais parfois l'inverse est préférable. »

En marchant, je rumine. C'est fou, comment quelqu'un de normalement constitué peut tenir un discours si ridicule, si inhumain et bête, et tellement... Je ne pensais pas que Jordan était de ce genre de personne qui se croit «  populaire », enfin quand je l'avais vu pour la première fois il m'avait semblé profondément mélancolique, ennuyé par la situation. Peut-être même perdu.

Je passe sous la lumière d'un lampadaire qui grésille. Il est la seule source de lumière dans la rue, plongée dans la nuit sombre et pesante. Mais il ne tarde pas à s'eteindre plongeant les quelques mètres suivants dans l'obscurité. Je décide de sortir mon téléphone, qui grâce a sa FABULEUSE fonctionnalité de lampe-torche, éclairera un tant soit peu mes pas. Que de formulations travaillées, je ricane intérieurement. Cependant, mon cellulaire émet une vibration qui me signale que la batterie est faible. Pour la préserver un maximum, j'éteins la lampe. De plus, le lampadaire suivant ne tarde pas à éclairer ma route. En marchant, je pense à tout et à rien. Je peste un peu : je n'ai pas pensé à prendre mes écouteurs. La musique aurait fait paraître le trajet plus court et moins ennuyeux...je crois. 

Un peu plus loins, je croise un passant que je ne manque pas de saluer par politesse. Il me gratifie en retour d'un sourire. Je le dépasse, non sans le sentir se retourner. De nature complètement paranoïaque, j'accélère légèrement la cadence. Puis, je sens une présence, certainement celle de cet homme, qui me suis.  C'est pas vrai... je commence à stresser légèrement... beaucoup ! M'imaginant les pires scénarios et cherchant une issue logique et discrète... Tourner dans une ruelle en espérant qu'il ne cherche pas à me suivre, ou qu'il n'arrive pas à suivre ? Mauvaise idée... quand le personnage d'un film se détourne de sa route initiale, ça finit toujours mal ! Alors, je fais quoi ? Dans un élan de panique je sors mon téléphone, et comme si celui-ci avait sonné je fais mine de décrocher. 

«  Allô, chéri, oui. Je suis là dans trente seconde . Tu me vois de la fenêtre ? C'est vrai ? Bouge pas j'arrive ... » outre mon cœur qui ne cesse de pulser dans tout mon corps, faisant trembler ma voix. J'essaye vraiment d'être convainquante, parlant assez fort pour que mon poursuivant m'entende, regardant en direction des fenêtre de l'immeuble juxtaposé. Après quelques minutes à marcher encore, ayant « raccroché » avec mon «  chéri », je n'entend plus personne derrière moi. Prudemment je me retourne, et avec discrétion je remarque l'abscen totale de quiconque. Il n'y avait plus personne. Je me sens soudain ridicule d'avoir paniqué, peut-être pour rien d'ailleurs. Si ça se trouve, l'homme avait oublié quelque chose chez lui, avait fait demi-tour, et là il se trouvait devant le palier de sa porte , en train de chercher ses clés. Et moi, dans cette rue, me retrouvant bien bête d'avoir cru que l'on me suivait. 

J'étouffe machinalement un rire nerveux, comme pour ne pas faire de bruit. Puis, je me retourne, prête à reprendre la route. 

IL EST LÀ. L'HOMME QUI ME SUIVAIT EST DEVANT MOI. Cette fois, plus le temps de me poser des questions, je cours. Je cours, pour échapper à la peur. Je cours comme si ma vie en dépendais... peut-être qu'elle en dépend. Et pendant que je cours, je comprend le sens de l'expression « une montée d'adrénaline ». C'est la fatigue qui laisse place à cette force,  cet instinct de survie qui nous dicte ce que l'on doit faire, ces pulsations dans nos veines qui nous donnent de la force. Une force irrationnelle. Mais malgré, cette force, et ma rapidité présente, il n'est pas loin, je le sais. Il me suis de près. 

Subitement, quelque chose m'agrippe le bras et m'attire vers la gauche : dans une ruelle. Je me débat, toujours avec cette sensation de lutter pour la survie. Je crie. Mais un corps se colle au mien, une main étouffe mes cris, des bras m'encerclent. Cette présence est tellement rassurante que je me détends instantanément. C'est comme si ma place avait toujours était dans ces bras, comme si j'étais complète, qu'il n'y avait pas meilleur endroit dans ce monde. Puis tandis que je me détend et me laisse aller à cette chaleur, à ce bien être troublant, je reprend mes esprits ... Qui ? Certainement pas cet homme, ce fou. Oh mon dieu, et si ? Je recommence à me débattre, un sentiment de dégoût m'envahissant jusqu'à ce que j'entende sa voix : «  c'est moi, tout va bien ». Et à nouveau, un bien être total. Je frissonnais très légèrement, ce qui je crois le fit sourire. 

Mais ce n'était pas encore la fin du périple puisque, quelques instants plus tard. Mon suiveur fit irruption au bout de la ruelle, me faisant à nouveau frissonner mais cette fois de peur, de dégoût.

« - Vous là-bas, lâchez là, c'est ma fille ! Donnez là moi ! entreprit cet homme, fou.

- Certainement pas ... commençais-je tremblante, dégoûtée et révoltée.

- Vous n'êtes pas son père. Cette fille est ma copine. Ça vous dit quelque chose Lorem ? Déguerpissez, sinon je vous fait la peau ! cracha celui qui m'enlaçais.

- Lorem ? Pardon ! Je ne voulais pas ! Je m'en vais ! Pardonnez-moi ! »

Et c'est ainsi que disparus aussi vite qu'il était arrivé, mon agresseur.

L'emprise autour de mon corps se relâcha au bout d'un moment. Je m'en défit complètement avant de me retourner vers Jordan .....

Amour Diabolique➰Où les histoires vivent. Découvrez maintenant