Le Dernier Convoi [EN PAUSE]

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- Franziska, tu m'entends ?

Sans m'en rendre compte, j'étais ailleurs, dans mes pensées.

- Oui.. Je.. Oui, c'est une bonne idée. Mais où veux-tu aller ? Quand veux-tu partir ? Et... Attends ! Comment va-t-on partir ?

Je ne peux pas m'empêcher de lui poser autant de questions. J'ai confiance en elle, bien sûr. Mais je connais mes parents et les relations qu'ils possèdent. On serait rattrapées immédiatement et je n'ose imaginer le châtiment qui nous attends si c'était le cas.

Pourtant l'inconnu m'excite, dans un sens. Découvrir de nouveaux horizons. Partir de Berlin ne pourrait que me -enfin, nous- faire du bien.

- Calme toi, Franz' et parle moins fort, bon sang ! Les parents vont t'entendre.

- Désolée..

- Ne t'en fait pas pour tout cela, j'ai tout prévu. Tout devrait bien se passer.

- "Devrait" ? Merci, tu me rassures vraiment..

Elle se corrige immédiatement.

- Tout va bien se passer. dit-elle en insistant sur le 'va' et poursuit :

- Parlons d'autre chose, on en reparlera en temps voulu. Pense juste à préparer tes affaires, j'entends par là le strict nécessaire. Et je ne plaisante pas ! Le strict nécessaire ! De quoi survivre dans la nature quelques jours, pas de pacotilles. Et sois discrète, surtout, c'est très important.

Après cette tirade, on a discuté toute la soirée, principalement des nouvelles qui circulent dans la ville.

Aujourd'hui la Wehrmacht défilait au centre-ville, j'avais totalement oublié, d'ailleurs je suis très étonnée que mes parents ne s'y soit pas rendus, ça devait vraiment être important pour eux de fiancer leur cadette qu'ils ont laissé de côté l'un des événements les plus prisés de la ville.

Je regrette de ne pas m'y être rendue, j'aurais pu, peut-être, éviter d'entendre l'annonce de mes parents.

L'heure du dîner est arrivée plus vite que je ne l'aurais cru, et la confrontation avec mes parents était imminente, bien que je n'eus pas vraiment mon mot à dire. Ils m'ont expliqué à quel point ce mariage était important pour eux, évidemment. Pour eux. Il est bien là le problème. Ce mariage a pour but, une stabilité sociale toute ma vie, des enfants aryens et une richesse incontestable. Le bonheur absolu pour mes parents qui n'ont pas réussi à marier leur premier enfant au mari parfait. En effet, Marta s'est marié a un officier de la Wehrmacht, certes, mais il est brun et n'a pas les yeux bleus et son investissement au sein de celle-ci est on ne peut plus douteuse. Pourtant personne ne semble le remarquer, sauf Marta, bien sûr, mais je suis certaine qu'elle sait des choses que j'ignore. J'espère qu'elle m'en parlera, un jour.

Après ce repas, je me suis rapidement dirigée vers ma chambre pour préparer, discrètement, mes affaires.
Comme Marta me l'a ordonné, je prends uniquement le plus important. Quelques vêtements chauds pour la nuit, des sous-vêtements et, bien évidemment, mon carnet et un stylo. J'enfonce tout ça dans mon sac à dos et le range sous mon lit, de manière à ce que personne ne puisse le remarquer.

La porte s'ouvre brusquement et j'aperçois Marta dans l'encadrement de la porte, elle paraît essoufflée.

- Franziska !

Elle rentre dans ma chambre et ferme doucement la porte pour éviter d'attirer l'attention de nos parents.

- Changement de plan. On part cette nuit, dès que tout est prêt. On n'a plus le choix.