Tout s'agite autour de moi, ma mère m'enlace. Mon père aussi. Je reste immobile.
- Bonjour, Franziska. Je suis Günther Fehrembach, SS-Unterscharführer de la 12. SS-Panzer-Division "Hitlerjugend".
Son ton est mielleux, horrible à entendre.
- Voyons, Franziska ! Sois polie et embrasse ce joli jeune homme !
Il s'approche doucement, prends ma main dans la sienne et dépose un rapide baiser sur celle-ci. Je ne proteste pas, incapable de bouger. Ma mère s'impatiente.
- Franziska !
Cette fois-ci, elle cri presque et je sursaute malgré moi.
- Je... B-bonjour, monsieur.
- Ne m'appelle pas monsieur. Je n'ai que 23 ans après tout. Günther fera l'affaire.
Il est de six ans mon aîné pourtant j'ai l'impression qu'il en paraît dix de plus.
Sa barbe naissante, ses yeux bleus remplis de haine, ses cheveux blonds coupés court et sa grande taille m'intimide mais je ne peux m'empêcher de penser qu'il a beaucoup de charme.
L'uniforme brun qu'il porte le rend tout de suite plus crédible. Plus autoritaire et plus respectable.
On a clairement aucune envie de le contrarier.
Il est fort robuste et je suis sûre qu'il est très musclé sous cet uniforme. Bien que je ne m'y intéresse pas, c'est une chose que l'on remarque immédiatement en voyant cet homme.- Bon anniversaire, ma chérie !
Le comble de l'ironie. Si c'est cela mon cadeau d'anniversaire, je ferais bien de partir avant de découvrir celui que me réserve mes parents pour mes dix-huit ans.
Ma sœur m'enlace doucement et me chuchote à l'oreille :
- Joyeux anniversaire, Franz'. Je suis désolée, je n'ai rien pu faire pour cet horrible homme, je me rattraperais.
Elle s'est détachée de moi avant que mes parents ne remarque cette étreinte beaucoup trop longue et je ne peux m'empêcher d'être intriguée. Que veut-elle dire par "je me rattraperais" ?
Marta a toujours détesté cela. Ce monde dans lequel on vit depuis quelques années. Et c'est sûrement grâce à elle que j'ai réellement ouvert les yeux.
Elle a échappé à la BDM puisqu'elle était trop vieille et je l'envie.Elle a vingt-six ans et est mariée depuis quelques années à un homme très respectable, engagé dans la Wehrmacht depuis 1936, nommé, Samuel. Je doute fort de son engagement au sein de celle-ci, il parait réellement différent de tout les autres hommes qui l'entourent au quotidien.
Ma sœur refuse de parler de tout cela, je n'ai donc jamais insisté sur les doutes que j'ai à propos de son mari.
Avant elle, j'étais cette fille détestable que tout le monde aimait. Celle qui approuvait des horribles choses les yeux fermés. Celle qui cautionnait une discrimination inexpliquée.
Mais ma sœur m'a aidée. Elle m'a appris à être tolérante, à aimer le monde qui nous entoure, à aimer le peuple avec toutes ses différences.
Et sans son expérience, ni son ouverture d'esprit, je serais, à cet instant, fière d'être nazie.
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Le Dernier Convoi [EN PAUSE]
Historical FictionFranziska est issue de la bourgeoisie berlinoise des années 1930. Après avoir intégrée la Bund Deutscher Mädel en 1938, à l'âge de 16 ans, elle est forcée de consacrer son existence à l'idéologie nazie. Ses parents, fiers d'avoir procréé une magni...