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Ça y est. C'était terminé, les vacances scolaires avaient débutées, et toi, tu commençais sérieusement à appartenir au passé. Après tout, des accidents comme ça il en arrivait tous les jours, non ? Je restais enfermée chez moi, à ressasser sans cesse ce que j'aurai du faire, ou dire, lorsque t'étais encore là. Deux semaines. C'était le temps qu'il avait fallu pour organiser ton enterrement. Ou, le temps qu'il avait fallu pour reconstruire ton corps, qui devait vraiment être dans un sale état. Pour nous rendre la vision de ton cadavre moins insupportable. Mais pour nous, enfin pour moi en tout cas, la seule pensée que toi tu puisses être devenu un cadavre était insupportable. J'avais mis une robe noire, celle que t'aimais bien, et que mes parents trouvent vulgaire. J'avais apporté de grandes lunettes de soleil aussi, ne sachant pas trop si elles allaient m'être utiles, mais j'avais vu ça dans les films alors je m'étais dis que c'était comme ça que les gens faisaient, aux enterrements. Puis j'y étais allée. C'était un samedi, il faisait beau, mais le monde avait comme cessé de tourner. La foule. C'est tout ce que j'ai retenu. Énormément de monde, énormément de jeunes, comme moi, comme Eliza, comme Johan, et puis comme toi. Ta mère aussi, était là, et j'ai même pas osé aller la voir. J'ai simplement attendu, fermé mon âme, pour qu'elle soit totalement hermétique à chaque parole de chaque personne. Le prête récitait un charabia incompréhensible, et des que ça s'est terminé, je me suis ruée dehors. Il y avait encore des gens dehors, certains que j'avais jamais vu, que je connaissais pas, j'en sais rien. J'ai été m'isoler derrière l'église, complètement perdue, et je me suis assise. J'ai senti quelqu'un s'assoir aussi, juste à côté de moi, et une effluve de cigarette est arrivée jusqu'à mon nez. Je me suis retournée, c'était Johan. Je l'au regardé une seconde, et lui ai demandé une cigarette, pour moi aussi. Je fumais pas, il le savait, mais il a pas posé de questions, et m'en a donné une. Il a encore fumé quelques secondes, puis a finalement brisé le silence :

- Il à foutu un sacré bordel, quand il est parti.

J'ai pas répondu, je savais qu'il avait raison. J'ai simplement écrasé ma cigarette contre le béton bouillant, et me suis jetée dans ses bras, mouillant son costume de mes larmes. Puis on est restés dans cette position, une dizaine de minutes, et on est repartis vers toi, D.
Attires comme des papillons de nuit vers un faisceau de lumière, t'étais notre seule et unique lumière. Et je m'en suis rendue compte ce jour là.
Parce que des garçons comme Johan, c'est pas le genre à traîner dans des enterrements. Et encore moins à pleurer à ces mêmes enterrements. Sauf que la, c'était différents, parce que c'était ton enterrement, et que on savait que c'était l'unique et dernière façon de y'a dire au revoir.

Ces [maux] d'amour.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant