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Le mardi matin, je savais pas si j'étais prête à affronter le collège. A vrai dire, t'étais le principal sujet de toutes les conversations. Je passais, en regardant le goudron, au milieu de tous ces gens qui n'avaient rien compris.
Je marchais et j'entendais « Il paraît que le mec qui est mort, de toute façon, c'était qu'un choppeur ». « De toute façon, il parlait à mille filles à le fois, on pouvait vraiment pas lui faire confiance ». Et j'ai pas comprit pourquoi elles disaient ça, ces filles d'un an mes cadettes, qui te connaissaient pas, qui savaient pas tout le vide que t'avais laissé. J'avais entendu dire que ta mère était restée à l'hôpital, qu'elle était encore en état de choc cérébral. Ta pauvre petite mère, elle qui n'avait que toi, elle se retrouvait sans rien. Comme nous, finalement. Enfin, j'avais traversé la cour le plus vite possible, trouvé Eliza qui restait la seule chose que j'avais de toi, et elle m'a demandé si j'avais vu, hier, sur snapchat. Et j'avais répondu que oui, et que j'avais trouvé ça sympa, mais factice, et elle avait répondu qu'elle pensait la même chose. Après tout, D., t'étais tout pour nous, alors disparaître du jour au lendemain dans un accident, c'était peu être un peu trop brusque pour nous.
Et ce qui me rend encore plus malade, c'est de savoir que t'avais un bel avenir devant toi, en tant que sportif ou qu'étudiant.
Pour en revenir à ce que disait les gens sur toi, certains assuraient que t'étais une bonne personne, et que tu faisais tout pour les tiens. T'avais même ce dicton que tous le monde connaissait, qui alliait l'importance du courage et de la loyauté à tes yeux. Ceux qui avançaient cela, soit ils avaient tout comprit et te connaissaient bien, soit c'était pour s'inventer une amitié avec toi. J'avais pas la force d'imaginer la seconde possibilité, alors je me suis convaincue de la première.
D'autres, comme ces filles de 4e, disaient que t'étais un bon à rien. Et même si je savais que c'était stupide, c'était leurs paroles à elles, qui me blessaient le plus. Ces gens là ne te connaissaient pas, et ils s'amusaient à dégrader l'image d'un mort. Parce que oui, faut bien dire la vérité, c'est ce que tu es, maintenant.
On t'aime.
Je t'aime.

Ces [maux] d'amour.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant