11

6 0 0
                                    



Aujourd'hui, j'ai pas envie de m'adresser directement à la personne qui me manque, j'ai envie de parler à la personne qui lit ce « chapitre ». Déjà, je sais pas comment t'en es arrivée là. Honnêtement, c'est pas la meilleure histoire que t'ai jamais lu, hein ? En fait, je m'égare complètement, là. Ça doit être étrange à lire, tout ça, alors imagine toi que je te parle vraiment, comme au téléphone. Aujourd'hui, nous sommes le 29 octobre 2018, et, près de chez moi, précisément au fond du lac à à peine cinq minutes à pied de l'emplacement précis de ma maison, un corps d'un adolescent a été retrouvé. Je, sais. Tu me dira que ça fait beaucoup, en moins de six mois, deux morts. Et en effet, ça fait beaucoup. Ça fait déjà deux morts de trop. Enfin, je raconte n'importe quoi, parce que non, il n'y à vraisemblablement pas eu que deux morts pendant ces (j'arrondis a un peu moins) quatre derniers mois. Mais ces deux morts, leur particularité,  c'est qu'ils avaient plus ou moins mon âge. Exactement deux ans de plus, et un an de moins.
C'est très brouillon, tout ça. Oui, j'ai mis brouillon en italique, pour attirer l'attention de l'œil sur ce mot précis. Vous pourrez y réfléchir plus tard, mais pour l'instant, on va continuer mon histoire.
C'est peut être le chapitre le plus long de ce livre pour le moment, et j'imagine que c'est normal étant donné que je m'adresse au lecteur, et non à mon ami défunt. Ça me brûle le cœur de l'avouer, mais vous savez, quatre mois sont passés et comme disent les parents « il va falloir passer à autre chose ».
Passons.
Il me semble que tout a commencé samedi dernier, lorsqu'un ado a été porté disparu de l'autre côté du lac, près de chez moi. Sur l'autre rive, en gros. Une fête qui avait mal tourné, un ado défoncé, et ses amis complètement paniqués. Et voilà que une semaine plus tard, son corps a été retrouvé enfoui à 200m de profondeur plus près de chez moi, cette fois.
Ça, ce sont les faits. Mais les faits ne racontent pas tout, vous savez. En fait, j'au longuement hésité avant d'écrire tout cela, mais finalement, je l'ai fait, et on verra bien ce que ça donnera. En fait, la mort, ça ne me fait plus peur, comme lorsque mon ami a qui ce livre est dédié es décédé. Lorsque j'ai écrit les cinq premiers chapitres, c'était le soir même ou j'ai appris sa mort. J'étais terrorisée. A la fois par la perte de cette personne qui m'était chère, mais aussi pour ce qu'il allait advenir par la suite. La mort. C'était effrayant, ne serait-ce que l'idée qu'elle puisse frapper n'importe quand, n'importe qui, et n'importe où. C'était la première fois de ma vie que j'étais confrontée d'aussi près à la mort, et ça, c'était effroyable.
Mais encore une fois, je m'éloigne.
J'écris tout ça, parce que face à la mort de cet ado plus jeune que moi, j'ai eu deux réactions bien distinctes, et bien paradoxales : la compassion, et autre chose que je ne saurai nommer.
Premièrement, j'ai pensé à ses proches, et je me suis dis qu'ils ressentaient sûrement la même chose que moi, lorsque mon ami est mort. Et presque tout de suite après, j'ai eu une réaction malsaine, qui m'a fait être effrayée par moi même. Je me suis dis que, eux aussi, ils souffraient et que, eux aussi, maintenant, ils savent ce que ça fait. Tous ces gens, qui plus tôt, m'avaient autant à moi qu'à les amis dis que ça allait passer, que la tristesse n'était que passagère ou d'autres foutaises en ce genre, maintenant ils savent. Ils savent que la mort de quelqu'un, c'est la mort d'une partie de toi. Et c'est précisément ça, qui est effrayant.

Ces [maux] d'amour.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant