Serendipity ➤

Routine (POV Victoire)

« Il était une fois dans une contrée fort fort lointaine », j'éteignis la télévision devant laquelle j'avais passée toute mon après-midi et même plus largement je dirais toute mon enfance. J'étais en train de regarder Shrek lorsque le sommeil me prit de court, je m'endormis alors peu à peu en m'enfonçant dans mon lit semblable à un nuage.

Je me réveillai brutalement après avoir entendu des voix m'appelant, bien évidemment ma mère était derrière tout ça. Je descendis alors les marches de deux en deux tout en évitant de chuter et arrivai près de ma mère qui était en train de préparer le dîner.

- Pourquoi est-ce que tu m'as appelée ?

- Il est l'heure de dîner, j'ai bientôt fini de cuisiner

- Je dois avouer que ça sent vraiment très bon, l'odeur est enivrante

- Merci ma chérie

En effet, on doit reconnaitre que la mère de Victoire est une des meilleures cuisinières que l'on puisse connaitre ; elle est le parfait équilibre entre mère au foyer et femme d'affaires, c'est en cela que sa fille l'admire ; elle ne lâche jamais rien, elle a un fort caractère, c'est sûrement de là que vient le caractère paradoxal de Victoire.

- Tu peux t'installer à table Victoire

- Oui, maman

Les deux femmes mangeaient tout en discutant de tout et de rien, rigolant, se taquinant lorsque le sujet du divorce de ses parents refit surface ainsi que celui du départ de Victoire en Ecosse.

- S'il te pait Victoire ne remue pas le couteau dans la plaie, j'ai assez souffert dans le passé

- Je sais maman, mais tu n'es pas la seule, vous avez divorcé avec papa lorsque j'avais huit ans, certes j'étais jeune mais je comprenais parfaitement la situation et ça m'a détruit car vous étiez mes modèles et après ça, j'ai perdu foi en l'amour

- Je sais bien mais la relation entre ton père et moi est actuellement tendue donc ne remets pas le sujet sur le tapis

- Bien, mais tu sais que dans 2 jours je m'en vais en Ecosse, pour mes études et que tu te retrouveras seule n'est-ce pas ?

- Oui, c'est vrai que cela fera un grand vide étant donné que tu vis tout le temps ici

- Tu sais maman, je pars seulement pour un an, de plus tu sais très bien que c'est en priorité pour mes études mais que c'est également une façon de me rapprocher de papa, que je ne vois que rarement ou alors avec un peu de chance durant quelques vacances

- Je suis au courant et je tiens à te dire que je suis plus que fière de toi et de ton parcours, je n'aurais pas rêvé mieux

- Merci, maman mais j'en suis arrivée là grâce à toi en partie

Les deux femmes eurent terminées leur repas et allèrent chacune de leur côté. Victoire dans son lieu préféré qui est sans aucun doute sa chambre, qui est le lieu où elle se sent le mieux, apaisée, sereine ; de son côté, sa mère est allée regarder la télévision dans le salon, ressassant le passé, et les moments passés avec sa fille et son ex-époux et se demandant qu'est-ce qui avait bien pu se passer pour que leur histoire parte dans le mauvais sens.

En effet, les parents de Victoire, Sophie Dumont qui est une française habitant à Paris et son père Allen Davenport, écossais qui habite actuellement à Edimbourg suite à leur séparation. Ils étaient un couple complémentaire, presque sorti tout droit d'un livre à succès, mais leurs trop grands désaccords les ont menés à leur perte et qui par ailleurs ont entrainé Victoire dans leur chute. Leur divorce est ainsi un sujet de discorde, presque tabou.

Victoire, a été bouleversée par cette séparation brutale mais s'est reconstruite au fil du temps. Elle a une personnalité aux multiples facettes tel un caméléon se déguisant pour échapper à sa proie, elle est le feu et la glace réunis. Elle est atteinte de schizophrénie mais se soigne correctement afin d'échapper à sa maladie qui l'handicape par moment. Sa maladie a pu être le déclencheur de son amour pour la psychologie, matière qu'elle étudie à l'université et dans laquelle elle excelle. Elle possède quelques ami(e)s en France et en Ecosse lorsqu'elle rend visite à son père durant certaines vacances. A première vue elle peut paraitre froide voire même glaciale mais si l'on arrive à percer la carapace qu'elle s'est forgée, alors elle deviendra le plus doux des agneaux. Elle aime considérablement écouter de la musique, qui est pour elle une échappatoire, une façon de s'évader au-delà des perturbations quotidiennes. Elle aime également se balader dans un parc non loin de chez elle, où peu de personnes viennent s'y aventurer, ce qui permet un moment de détente et d'évasion. Elle est passionnée par les livres et la philosophie et donc adore profondément lire, jusqu'à relire des livres qu'elle a lu de nombreuses fois. Cela fait d'elle une personne attachante mais parfois détachée de la réalité.

Victoire était installée tranquillement sur son lit, écoutant et faisant défiler les musiques présentes dans son portable, par moment, elle se levait de son lit afin de danser, lorsqu'une musique qu'elle appréciait particulièrement jouait dans ses écouteurs. Ses mêmes écouteurs qu'elle embarquait avec elle partout où elle allait, qui étaient un objet fétiche pour elle. Après s'être amusée, Victoire prenait un livre de sa bibliothèque Le confident d'Hélène Grémillon, un livre qu'elle a lu maintes fois mais qu'elle aime redécouvrir, et qui l'a bouleversé, et qui dégageait de nombreuses émotions. En lisant, elle entendit la voix de sa mère résonner dans les escaliers.

- Bonne nuit Victoire

- Bonne nuit maman

Elle lisait encore un peu le livre qu'elle aime tant et remarquant ses yeux se fermer, posa le livre sur sa table de chevet et éteignit la lampe éclairant fortement la pièce d'une lumière blanchâtre puis s'endormit afin d'y retrouver le pays des Chimères dans lequel elle aimait retourner chaque soir. En effet, demain allait être sa dernière journée à la faculté avant de prendre l'avion direction l'Ecosse, un pays où moult bouleversements prendront place.

                                                                         ☯☯☯☯☯☯☯☯

« C'est terrible de se laisser prendre dans sa routine, on s'enlise, on se sent en sécurité. Et puis, tout à coup, on s'éveille, et il n'y a plus rien... » (Yves Theriault)