Thomas

4 1 2
                                    


Maeldan profitait de la vue du haut de sa fenêtre favorite, Ecume sur les genoux. Le jeune chaton femelle ronronnait doucement sous ses caresses affectueuses, ses longs poils blancs angora chatouillant ses doigts. Une jambe dans le vide, l'autre appuyée sur le rebord en pierre, son regard se perdait dans la contemplation de l'océan. Il profitait de ce moment de calme, seul avec son animal de compagnie, sans cérémonial pompeux ni personnes sournoises. Ce moment de répit n'appartenait qu'à lui, il resterait bien toute la journée ici, à lire ou à admirer la vue.

—Mael !

Fin de la pause. Le jeune homme tourna son regard or d'un côté et vert de l'autre pour trouver des iris identiques ; sa petite sœur Salma, née à seulement quelques mois d'intervalles de lui. Autrefois proches, il ne pouvait s'empêcher de la détester à présent rien qu'en la voyant. Elle portait une robe rose et rouge, bien voyante, moulant ses formes avantageuses et mettant en valeur son teint basané ainsi que ses longs cheveux bruns.

—Que me veux-tu ? répondit-il sèchement.

—Que tu te prépares. Tu sais pertinemment que tu ne resteras pas là toute la soirée.

Bien sûr qu'il le savait. Comment échapper à une célébration où toute la famille devait être là pour faire bonne figure ? Afin bien sûr de comploter à tout va contre leur propre roi. Il en avait plus qu'assez d'être spectateur de ce ballet infernal de promesses en l'air et de faux semblants.

—Vous irez sans moi cette fois.

Salma croisa les bras. Il honnissait cette position qu'elle prenait de plus en plus souvent. Elle n'avait plus rien de cette petite fille souriante avec laquelle il aimait tant jouer, maintenant, sa sœur n'était que calcul et minauderies. Salma passait ses terribles soirées à se pâmer devant les riches fils des puissantes familles. Dire que dans leur enfance, elle lui affirmait que jamais un garçon ne réussirait à l'avoir. Il soupira en se laissant glisser sur le sol, tenant Ecume dans ses bras. Salma toisa la chatte avec mépris.

—Pourquoi t'embarrasses-tu de cette boule de poils ? Cet animal n'est pas digne de ton rang.

—Ah vraiment ? Et qu'est-ce qui est digne de mon rang petite sœur ? Toi qui semble tellement mieux le savoir.

Le frère et la sœur se défièrent de leur regard irréel un moment. C'est la jeune femme qui tourna les talons en premier, sans rien perdre de son aura d'autorité.

—Quoi qu'il en soit, tu dois aller te préparer. Immédiatement.

—Bien Mère, grommela-t-il avec mauvaise humeur.

Ecume dû sentir son malaise car le chaton leva sa petite tête lui et se frotta à sa chemise en ronronnant.

—Ne t'inquiète pas ma belle, moi je te trouve digne de moi.

*

A peine le perron franchi, tout l'irritait déjà. Maeldan laissait voguer son regard sur la salle resplendissante de lumière, débordante de luxe et d'ostentatoire, du sol couvert de tapis aux colonnes qui soutenaient le plafond. Lui-même ne se reconnaissait plus en passant devant les nombreux miroirs. Il avait cédé en s'encombrant d'un costume finement ouvragé composé d'une chemise, d'une veste et d'un pantalon, tous dans des tons sombres. Il fallait au moins ça pour espérer passer inaperçu au milieu de toutes les tenues diverses et chargées colorant la salle tel un arc-en-ciel.

Si la nuit n'était pas tombée, Maeldan se serait bien échappé dans le jardin. Un peu de verdure lui suffisait pour oublier tous ses soucis. Il s'approcha avec finesse et agilité des fenêtres pour tenter d'apercevoir quelques palmiers ou arbres exotiques. Tentative avortée par un imposant homme tenant une coupe de vin qui se mit en travers de son chemin.

La Cascade ArdenteWhere stories live. Discover now