Thomas

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Maeldan restait sous les couvertures, décidé à se cloîtrer, quitte à jeûner. Il se répétait en boucle la conversation de la veille. Un roi. On voulait faire de lui le futur roi. Depuis sa tendre enfance, il n'ignorait pas les chuchotements des grandes familles, leurs alliances matrimoniales et leurs milles et unes manigances pour tenter de renverser la dynastie. Enfant, cela le révoltait mais on lui avait bien fait comprendre de se taire. Alors il observait en silence. Maeldan avait fini par se résigner, songeant simplement à trouver une épouse qui conviendrait tant à son rang qu'à ses attentes puis à perpétuer l'héritage familial pour qu'on le laisse en paix.

Il soupira en tournant sa tête vers le plafond. Un miaulement amical le tira de ses pensées. Il sourit en voyant cette petite boule de poils blancs venir se frotter contre sa main.

Toi tu n'as pas tous ces soucis Ecume. Tu es libre d'aller où il te sied.

La chatte angora lui répondit par un bâillement avant de se rouler en boule sur le ventre de son maître. Il rit doucement afin de ne pas la réveiller.

Des coups à la porte vinrent cependant troubler sa tranquillité. Maeldan râla en repoussant les couvertures, s'attirant les foudres d'Ecume ; elle remonta le derrière avec effronterie avant de vite décamper pour démontrer sa mauvaise humeur. Il abattu un manteau sur ses épaules puis ouvrit. La figure déjà parfaite en cette heure matinale de sa mère apparut dans l'entrebâillement de la porte. Il demeura un instant surpris avant de la laisser entrer. Lady Alina se déplaçait dans un froufrou presque imperceptible, fidèle à l'ombre qu'elle devait être. Même Maeldan l'oubliait parfois dans les réceptions, tant elle s'effaçait aux côtés de son mari. Sa mère lui souriait mais il savait pertinemment que l'heure n'était pas à la consolation.

—As-tu bien dormi ? interrogea-t-elle.

—Mon sommeil n'est pas troublé par des manigances, grogna-t-il en guise de réponse.

Lady Alina secoua la tête.

—Mael, mon fils, tu dois comprendre...

—Comprendre quoi Mère ? Que vous voulez renverser une famille qui n'a rien demandé ? Que vous allez faire des malheureux pour ce que vous considérez comme bénéfique ? Avez-vous seulement pensé aux conséquences possibles? Cela pourrait amener une guerre civile dans tout le royaume.

—Tout changement implique des sacrifices, continua-t-elle sur un ton posé.

Il soupira. Son père, tel qu'il le connaissait, l'avait sans doute bien briefée.

—Nous sortons déjà d'une guerre, souffla-t-il, lui-même peu convaincu de son argument.

Elle est terminée maintenant. Et s'il y a une autre, tu sauras y faire face.

Maeldan serra les dents, retenant de justesse sa hargne.

—Vous parlez comme si j'étais déjà le futur roi.

Les traits de Lady Alina s'étirèrent en une expression que son fils peina à déchiffrer, comme si elle se sentait soudain triste.

—Tu en as déjà l'âme.

Sans qu'il puisse ajouter un mot, elle se glissa hors de la chambre. Maeldan resta un moment coi, sans bouger avant de violemment claquer la porte. Il était seul contre tous.

*

Maeldan se faufilait dans les couloirs, Ecume sur les talons. Il tirait profit de l'instant du déjeuner où toute la famille se réunissait dans un silence religieux. Son sanctuaire, son refuge l'attendait : la bibliothèque. Depuis tout petit, cet endroit l'accueillait pour le faire voyager, lui apprendre toutes sortes de choses et ouvrir sa curiosité. Là-bas, il avait la paix. Surtout depuis que la clé volée à la coordinatrice des domestiques lui appartenait.

La Cascade ArdenteWhere stories live. Discover now