Une nuit particulière commençait. Dans une pièce isolée, aux murs froids et gris, il attendait de connaître son sort. Déshonoré, déshérité, rejeté. Orphelin désormais, tout simplement. Le jeune homme ne s'en formalisait pas vraiment. En réalité, sa propre famille ne lui inspirait que du dégoût ; elle lui avait prédit un avenir tout tracé qu'il ne désirait pas.
Mais elle... elle, c'était différent. Elle illuminait cette existence morne qui le répugnait. Elle était sa lumière. Seulement maintenant, elle ne lui était plus promise. Tout se trouvait remis en question. Il n'espérait qu'une chose néanmoins : la voir une dernière fois.
Pour le moment, son seul réconfort résidait dans le son de l'océan. En dessous de la forteresse de pierre, les vagues s'écrasaient sur la plage. Il profitait de cette mélodie apaisante, se laissant bercer par l'écume agonisante au contact de la terre. L'humidité de la pièce le faisait un peu frissonner, mais il se contentait de s'écarter des gouttes tombant du plafond tout en serrant ses bras contre lui.
Soudain, un bruit retentit en dehors la cellule. Dans la pénombre, une frêle silhouette se détacha derrière l'ouverture la lourde porte de fer. L'adolescent se leva, prêt à se défendre si nécessaire. Il n'avait pas l'intention de rendre les armes sans combattre. Cependant ce fut sa douce voix qui l'appela : elle.
—Cord ?
Son cœur s'emballa dans sa poitrine. Il s'avança, de peur que ses yeux ne le trahissent mais c'était bien elle, là, tremblante, la clé retirée de la serrure dans la main.
—Adélia... par toutes les sœurs de la nature, que fais-tu là ?
La jeune fille tenait une chandelle dont la faible lueur éclairait son ravissant visage ainsi que ses cheveux turquoise. Ses beaux yeux bleus, presque transparents, avaient visiblement pleuré.
—Je... je voulais te voir, expliqua-t-elle.
—Adélia...
Il lui prit délicatement le menton. Avec un sanglot, elle s'effondra dans ses bras.
Ça n'est pas juste !n'est pas juste !
Il la reconnaissait bien dans cette sensibilité à fleur de peau qu'il avait toujours contrebalancé par son caractère calme. Cord la prit par les épaules et plongea son regard orangé dans le sien. Il tâcha de se montrer rassurant, frottant délicatement ses bras pour la réchauffer. Sa protection restait l'unique chose qui lui importait.
—Bien sûr que c'est injuste. Mais ils n'ont pas réussi à nous séparer regarde. Comment as-tu réussi à avoir les clés d'ailleurs ?
Adélia sécha ses larmes du revers de sa manche.
—Ils étaient trop occupés à débattre, personne ne m'a vue. Cord, je ne veux pas qu'ils te fassent du mal.
Elle crispa ses mains sur ses bras en frissonnant.
—Ils me font peur, finit-elle par avouer.
Cord posa un regard tendre sur sa jeune fiancée. Elle avait bravé beaucoup d'interdits et des siècles de traditions pour se tenir là.
—À moi aussi.
Les larmes perlèrent de nouveau aux yeux de la jeune fille. Il ne supportait pas la voir ainsi. Cord serra les poings en songeant que c'était de leur faute. Leur propre famille ne les enfantait que pour engorger encore plus de richesses. Elle ne les aimait pas. Au moindre faux pas, celui qui faisait un écart se faisait éliminer de l'équation.
—Adélia, viens avec moi. Partons, allons nous-en d'ici.
L'intéressée fut en proie à l'hésitation, il le vit. Mais c'était leur unique chance. Cord savait que c'était leur seule solution. Sa fiancée sondait son regard.
—Où irions-nous ?
—Loin. Loin de tout.
Il tendit sa main, lui montrant du menton la mer à travers les barreaux. La lune envoyait ses reflets scintiller sur les flots encore calmes. Elle lui prit la main alors qu'un sourire éclaira son visage.
—Où que tu ailles, je te suivrai.
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La Cascade Ardente
FantasíaIl est un navire. Un navire qui peut voguer sur toutes les mers. Qui parcourt les horizons de tous les mondes. Cord et Adélia n'étaient que des enfants lorsqu'ils ont décidés de fuir le Cercle de la Guilde, haut lieu de décision sur une île où l'arg...