Chapitre 7

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 Le lendemain matin, les préparatifs des jours à venir allaient bon train tandis que Daven se rétablissait. Ses blessures ne le faisaient plus souffrir et il pouvait de nouveau marcher normalement. Le sourire aux lèvres, il sortit pour observer les actions des autres. Il avança vers un groupe. Balder se rapprocha de lui.

« Sois prudent, ne l'oublie pas.

– Tu auras tout le temps de me donner des conseils la veille de mon départ. C'est pas le moment.

– Autre chose... Sauras-tu te défendre en cas de problème ?

– J'en suis pas sûr...

– N'agis pas inconsciemment dans ce cas, d'accord ? Tout peut arriver, le meilleur comme le pire.

– Je serai prudent. Je sais ce que j'ai à faire.

– Alors, si j'ai bien compris, tu pars bientôt, Daven ? intervint Alrik.

– Tu exagères... Je pars dans trois jours et puis... je reviendrai, n'est-ce pas ?

– Ne dis pas ce genre de choses... À t'entendre, on dirait que même toi, tu n'en es pas certain.

– Aucune raison de t'inquiéter...

– Si tu le dis, je te crois.

– Je trahirai jamais ta confiance, tu le sais, ça ?

– Ah ?

– Trêve de parlotte, reprit Balder en se tournant vers Alrik. Retournons au boulot, tu veux ?

– J'arrive... »

Alrik lança un dernier regard complice à Daven avant de repartir avec Balder, qui s'arrêta et se retourna quelques secondes plus tard.

« Tu sais ce qu'il te reste à faire, Daven ? »

Celui-ci se contenta de répondre d'un simple hochement de tête approbateur.

Le jeune blond alla finalement voir les autres pour leur donner des nouvelles et ainsi leur faire savoir qu'il allait beaucoup mieux. Cependant, il prit soin d'éviter Olga. Entêtée comme elle était, il serait impossible de rétablir le dialogue. Il l'aperçut néanmoins de loin, adossée à un arbre mort. C'est Liv qu'il informa en premier lieu, pour la rassurer. Une heure plus tard, tout le monde était au courant et se réjouissait déjà du départ de Daven qui devenait de plus en plus proche, même si cela les inquiétait. Il serait fâcheux pour le groupe de perdre un élément comme lui, mais il fallait prendre ce risque.

Il se retira à l'intérieur d'un abri puis repensa à sa trouvaille de quelques jours plus tôt. Il n'avait pas donné de détails lorsqu'il l'avait évoquée auprès des autres, mais il connaissait l'endroit exact. Il n'avait pas non plus précisé que ce « passage » dont il avait parlé était sous forme de tunnel, une sorte de souterrain. Le passage semblait très surveillé, mais il ne serait pas impossible d'y entrer. Daven n'en savait ni plus, ni moins.

Deux jours plus tard, en fin d'après-midi, le jeune homme se préparait à la fois mentalement et physiquement pour pouvoir, le lendemain, parvenir jusqu'au passage et jusqu'au leader de Justitia. Il balaya ses idées noires, évitant ainsi de songer au pire. Il n'accepterait pas l'échec. Pour toutes ses raisons, il se concentra davantage sur l'avenir proche, quitte à en oublier le présent.

Le soir arriva et tous commençaient à fatiguer. Il était temps d'aller dormir. Daven, lui, ne trouvait pas le sommeil, alors même qu'il était exténué et qu'il avait besoin de repos. Ses yeux restaient inlassablement ouverts. Il regardait au-dessus de lui, sans bouger. L'ennui le rongeait. Il se sentait seul, face à l'épreuve qu'il affronterait le lendemain. Il se crut le temps d'un instant malchanceux. Il devait survivre dans un monde post-apocalyptique et maintenant, il fallait qu'il se confronte à un parfait inconnu qui paraissait tout à fait dangereux. Tout le monde comptait sur lui, c'était trop lourd pour lui. Il voulait se vider l'esprit mais il n'y parvenait pas. Il ferma les yeux, espérant s'endormir.

Vers trois heures du matin, Olga, qui n'avait volontairement pas dormi jusque là, se leva et quitta son abri sans faire de bruit. Si les environs n'étaient pas surveillés pendant la nuit, en revanche, ceux qui détectaient une activité ou des bruits suspects pouvaient réagir. Seule dans la nuit, elle se dirigea vers sa seule issue, celle qu'elle avait essayé quelques jours auparavant avant de se faire arrêter. Personne à l'horizon. Du moins, c'est ce qu'elle croyait...

« Qu'est-ce que tu fais là ?

– Je te retourne la question, Alrik, répliqua Olga en plissant les yeux, méfiante.

– Oh, tu as deviné, susurra le principal intéressé.

– Ta voix est si reconnaissable... Mais ce n'est pas le sujet, répondit la jeune femme sans se retourner. Réponds-moi. Tu ne savais tout de même pas que je ferais ça ?

– Je me doutais que tu finirais par vouloir partir... Alors j'attendais ici. Cette nuit m'a paru comme le moment le plus propice...

– Tu es devenu perspicace, à ce que je vois... Enfin... Ne me retiens pas plus longtemps si c'est pour sortir de telles balivernes... Ma place n'est plus ici.

– Je n'ai pas dit que je te laisserais partir. Je te rappelle que c'est interdit, ce que tu essaies de faire, surtout de nuit. Je dis ça pour ta sécurité. Qu'est-ce qui te prend ? Tu oublies que Daven doit partir demain et...

– Alrik, pas de ça avec moi... C'est pour ça que je pars cette nuit. »

Leurs yeux s'habituaient peu à peu à l'obscurité.

« Mais qu'est-ce qui s'est passé, à la fin ?

– Tu n'as pas à le savoir, articula Olga, déstabilisée. Ce ne sont pas tes affaires.

– Arrête, je sais que tu fais semblant... Et puis, regarde-moi, tu me tournes le dos, là. Apprends à faire face à la réalité et peut-être que tu te sentiras à ta place à ce moment-là. C'est quoi le problème, exactement ?

– Tu... Tu ne sais pas de quoi tu parles... Je ne veux pas te parler, je ne veux plus parler à personne. Je préfère être seule, et prendre le risque de mourir. J'aurais préféré ne jamais avoir à survivre.

– Ah oui ? Très bien. Tant pis pour toi. C'est cette dernière impression que tu veux me laisser ? Celle d'une personne complètement pessimiste et qui se sent inutile ? Tu en es sûre ? Tu ne veux pas... »

Alrik n'eut pas même le temps de finir cette phrase qu'Olga était déjà bien loin.

« Tu es partie sans au revoir, soupira-t-il. C'est tout toi, ça... »

Post-Apocalypsis [TERMINÉE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant