Lorsque Daven revint à lui, il constata rapidement son incapacité à bouger. Il regarda d'abord autour de lui : toujours le même endroit... Il était cette fois-ci face à la baie vitrée, à une distance de quelques centimètres. En baissant les yeux, il comprit pourquoi il ne pouvait se mouvoir. Il était enchaîné à une chaise. Ses poignets liés au dossier de cette chaise lui faisaient atrocement mal, mais il ne voulait pas le montrer. De lourdes chaînes métalliques l'entouraient, ne lui laissant aucune échappatoire. Quand Ingvar parut auprès de lui, il maugréa.
« Quelque chose ne va pas ? susurra le souverain à l'oreille du jeune homme. Vous ne pensiez tout de même pas que tout se passerait comme vous le prévoyiez ? »
Daven resta muet, non sans jeter un regard noir au diabolique souverain.
« Je vois... Vous n'êtes donc pas disposé à parler... C'est sans importance. »
Quelques mèches flavescentes se dévoilèrent et encadraient le visage masqué d'Ingvar.
« Laissez-moi vous dire une chose... Nous vous avons observé. Vous êtes une menace pour nous. Par conséquent, vous resterez entre ces murs. Vous avez... un certain potentiel, c'est indéniable. J'ignore encore ce que nous allons faire de vous... »
Dès qu'il eut terminé, Ingvar dissimula ses mèches, mi-longues, dans l'obscurité de sa capuche puis il se redressa avant de quitter la pièce.
Daven enrageait ; il était fait, fait comme un rat. Il ne pensait plus qu'à ça et brûlait d'en découdre. Mais il ne pouvait plus rien faire. Ingvar envoya un garde pour le surveiller.
À quoi bon... Je ne peux même pas bouger.
Attristé, il se tourna vers ce quidam parmi le groupe ennemi. Il semblait le prendre en pitié. C'est ce qu'avait perçu Daven en l'observant, malgré le masque. Il ne comprenait pas.
« Les épreuves que vous avez endurées et tout ce chemin parcouru... Je comprends votre accablement. Mais les ordres sont les ordres. Nous ne pouvons pas aller à l'encontre des décisions de notre seigneur. »
Pour toute réponse, le jeune blond lâcha un soupir. Il pensait qu'il n'y avait pas de place pour la pitié à Justitia. Cet homme agissait bizarrement. Peut-être faisait-il semblant ? Impossible de le savoir...
Après plusieurs minutes de silence, Daven se décida à poser quelques questions à ce garde.
« Dites... Pourquoi portez-vous ces masques ?
– Ça... Seul notre souverain détient la réponse. Il ne nous en a jamais parlé.
– Je trouve que vous répondez bien docilement... Quelle en est la raison ?
– Disons que j'ai encore un peu de libre-arbitre, contrairement aux plus anciens du groupe. Je ne suis ici que depuis quelques jours.
– Oh, je vois. Comment êtes-vous arrivé ici ?
– Je ne m'en souviens que très vaguement, mais si vous tenez à le savoir... Une section du groupe m'a trouvé inconscient dans les environs. Ils ont décidé de m'amener jusqu'ici puis... Ils m'ont fait mettre cette cape noire que nous portons tous aujourd'hui avant de disposer sur mon visage l'un de ces masques qui vous intriguent tant. Je ne pouvais pas l'enlever. Plus tard, on m'a dit qu'il était possible de... »
Daven n'entendit pas la fin de la phrase car Ingvar surgit, ayant ouvert la porte avec violence.
« Taisez-vous ! Il ne doit pas savoir ! Bon sang, heureusement que je passais par là... Sortez ! »
Le garde se retira sans protester.
« Quelle erreur... Mais quelle erreur ! pensa tout haut le souverain. Quant à vous... Oubliez tout ce que vous venez d'entendre !
– Trop tard, répondit insolemment Daven. J'en sais déjà bien assez... »
Ingvar peinait à garder son calme. Daven le voyait sous un autre jour. Quelque chose clochait...
Peut-être que le garde s'apprêtait à me faire une révélation qui m'aurait été bien utile, songea-t-il. Je dois le retrouver. Mais je ne peux pas bouger... Que faire ?
« Je viens d'avoir une idée, reprit Ingvar. Oui... Nous allons nous servir de vous. JE vais me servir de vous. Lorsque le moment où vos compagnons d'infortune, voyant que vous ne leur revenez pas, partiront à votre recherche sera venu... Vous serez là pour les accueillir et... vous serez forcé de les éliminer. Sinon, je vous éliminerai personnellement. Quelle idée fantastique, n'est-ce pas ? »
Il jubilait alors que Daven, impuissant, préférait ne pas lui prêter attention.
Après être revenu à son état normal, Ingvar adressa un sourire narquois à son prisonnier.
« Et donc, qu'allez-vous faire maintenant que vous en savez « assez » ?
– Je vais simplement attendre patiemment que l'on vienne à mon secours. Je n'en dirai pas plus. N'essayez pas de me faire parler, rien ne me fera dire ce que je prévois.
– Intéressant... Vous êtes bien intéressant, Daven. Je ne regrette pas un seul instant de vous avoir fait venir ici et de vous avoir piégé. »
Il se retira, laissant Daven seul.
La nuit tomba. Daven regarda la pleine lune. Sa douce lumière l'apaisa un peu. Il la considérait depuis toujours comme une lumière salvatrice. Il l'admira encore longtemps. Dépassé par les évènements, il ne trouvait sa consolation que dans cette contemplation. Il avait froid. Il resta transi, face à l'astre, et s'endormit au bout de quelques minutes sur cette chaise inconfortable.
Le lendemain matin, le jeune homme se réveilla au lever du soleil. Il ne pouvait toujours pas bouger. Ingvar se tenait face à lui.
« J'ai desserré vos liens aux poignets, annonça-t-il. Ils avaient l'air de vous faire souffrir.
– Ouais, pas plus que ça, répliqua faiblement Daven.
– Vous mentez ! Estimez-vous au moins heureux de ne pas passer votre séjour dans le cachot. J'aurais très bien pu vous y jeter comme un vulgaire sac et vous laisser pourrir là-bas !
– Vous ne l'avez pas fait... Dans quel but ?
– Je vous l'ai dit, hier. Auriez-vous oublié ? Je vais me servir de vous.
– Alors là, comptez là-dessus !
– Ne vous emportez pas.
– Et comment allez-vous vous prendre, hein ?
– Vous n'avez pas à le savoir avant le moment venu. »
Le souverain restait très évasif. Daven pensa aux informations qu'il avait obtenues la veille. Ces masques... Il n'avait pas tout compris, mais il pensait pouvoir faire quelque chose à ce propos.
« Après réflexion, je crois que je vais resserrer les liens... »
Daven n'écoutait plus. Il avait son idée en tête et se garda bien d'en parler.
Quand ce jour arrivera, nous serons libres ! Il faudra que les autres leur retirent leurs satanés masques et alors là... Quant à vous, je vous réserverai un sort tout particulier, une fois que j'aurai été libéré.
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Post-Apocalypsis [TERMINÉE]
AdventureAn 2043. Le quotidien devint peu à peu survie suite à une catastrophe survenue vingt ans plus tôt. La quasi-totalité de l'humanité avait été anéantie. Jusqu'au jour où un autre évènement se produisit...