Daven n'appréciait pas la tournure que prenaient les choses, même si, en façade, il semblait approuver. Malgré lui, il accepta petit à petit la situation. Les idées et plans des uns et des autres devenaient obsolètes à mesure que de nouvelles informations parvenaient jusqu'à eux. L'enthousiasme et la détermination des précédents jours étaient en chute libre.
Ce message que l'ennemi avait porté jusqu'à lui, cette invitation... À ses yeux, ce n'était pas normal. Quelque chose clochait... N'était-ce pas un peu précipité ? Et puis, pourquoi lui ? Pourquoi avait-il été choisi ? Il l'ignorait. Il était seulement effrayé à l'idée d'avoir des ennuis par la suite.
De son côté, Balder comprit qu'il lui fallait légèrement revoir ses plans. Si nécessaire, ils iraient prendre d'assaut la forteresse quelques semaines après la rencontre entre Daven et Ingvar, cet homme encore très mystérieux. Mais personne ne pouvait prédire ce qui se passerait durant cet entretien... Il leur faudrait inclure la possibilité que Daven ne revienne pas, ce qui était tout aussi probable qu'il revienne. Personne ne savait ce qu'il adviendrait de lui. Et puis... Personne ne devait l'accompagner... Tout cela était très suspect.
En fin d'après-midi, quelques temps après la visite inopinée du messager et sbire d'Ingvar, Daven reçut de la visite.
D'abord, Liv alla le voir.
« Je le savais... Je savais que je n'aurais pas dû te laisser y aller, commença-t-elle en sanglotant. De nuit, en plus ! J'ai eu si peur !
– Mais... Je suis là, alors pourquoi en faire autant ? »
Liv détourna le regard et garda le silence un moment avant de prendre une grande inspiration et de s'agenouiller auprès de Daven.
« Je pensais... qu'on t'avait perdu... ou quelque chose comme ça. Tu sais, je t'ai observé pendant longtemps et... Oh ! Mais n'y vois rien de... Enfin... Ce n'est pas ce que je voulais dire. Je ne devrais pas penser à ça... Pas maintenant. J'ai toujours pensé à toi depuis que nous sommes ici. Et je me suis attachée à toi.
– Vraiment ? Tu es sincère ? interrogea le blond en se redressant pour quitter sa position allongée.
– Je ne l'ai jamais autant été. »
Après quelques minutes, Liv se décida à sortir, puis poussa un soupir de soulagement.
Daven eut à peine le temps de se remettre de la visite de sa bien-aimée, car Alrik fit son apparition.
« Eh bien, je ne pensais pas que tu irais jusqu'à faire une escapade nocturne. Tu as changé. Je te savais insouciant, mais là... Ça frôle l'inconscience.
– Toi aussi, Alrik...
– Hein ?
– Toi aussi, tu as changé. Tu as pris de l'assurance, affirma Daven en esquissant un sourire. Je suis content pour toi. Depuis qu'on se connaît...
– Ce n'est pas le moment de parler de ça ! Je me fais du souci pour toi, Daven, depuis un bon bout de temps déjà. Tu fais comme si tout allait bien alors qu'en fait...
– Ça suffit ! J'en ai assez entendu ! »
Apeuré, Alrik commença à reculer en direction de la sortie en bredouillant.
« Dé-dé-dé... Désolé... Je...
– Reviens là ! C'est... C'est à moi de m'excuser, je devrais pas perdre mon sang-froid comme ça. Tout s'est précipité et puis... Ah, je n'ai pas les mots...
– Je crois que je vais y aller...
– Pas si vite ! »
Alrik s'arrêta et se retourna vers son ami.
« Merci. Pour tout. T'es un ami en or, conclut Daven. Mais te fais plus de souci... »
En écoutant ces mots, Alrik sentit ses lèvres trembloter. Il ne trouva pas les mots. Le jeune homme sortit, troublé.
Le jeune blond n'eut, une fois de plus, pas le temps de souffler, lorsqu'il vit Olga approcher. Il se retint de présenter un visage désintéressé. Ils se jaugèrent du regard puis Daven engagea la conversation en se redressant difficilement.
« Alors, qu'est-ce que tu as à me dire, toi ?
– Eh bien ? Je n'ai pas le droit de venir sans avoir de raison ?
– Tu le fais par « obligation », c'est ça, hein ? Je me trompe ?
– ...
– Tu as changé, et pas en bien. Tu t'isoles, tu deviens distante, froide. Il t'arrive même de lancer un regard meurtrier à quiconque passe près de toi. Je le vois, tu sais. Qu'est-ce qui se passe, à la fin ?
– Je ne vois pas de quoi tu parles...
– Et voilà... Tu te fermes à nouveau et tu refuses de voir la vérité en face ! Et pendant ce temps, tu... J'en ai assez ! Pourquoi vous venez tous les uns après les autres dans un moment pareil alors que je suis épuisé ?! Je n'intéresse donc personne, le reste du temps, c'est ça ?! Et certainement pas toi... Tu t'en fiches pas mal de moi ! Depuis le début, tu fais semblant ! Tu fais une parfaite menteuse. Tu es perfide !
– L'ennui avec toi, c'est que j'ai l'impression de jamais pouvoir en placer une ! Et c'est vrai ! Ça a toujours été comme ça, et pas autrement ! Tu le comprends, ça ?
– Qu'ai-je donc fait pour que tout se retourne contre moi ? grommela-t-il de façon à ne pas être compris.
– Tu as dit quelque chose ?
– Rien qui te concerne...
– C'est quoi, toutes ces cachotteries ?! s'enflamma la jeune femme.
– Tu saurais pas être compréhensive, alors arrête... Qu'est-ce que ça peut bien te faire ?
– Assez ! Puisqu'il doit en être ainsi... Ne m'adresse plus la parole !
– Non ! Toi, ne m'adresse plus la parole ! »
La conversation s'envenima encore davantage et Olga finit par partir, usée par la colère.
Daven reprit son calme après de longues minutes et ne bougea plus jusqu'à s'assoupir. Cela lui était bien égal de ne plus être en bons termes avec Olga. Depuis quelques semaines déjà, tout son environnement s'était graduellement écroulé. Cette perte ne le chagrinerait pas. Et puis, il ignorait qu'Olga désirait s'en aller. Tant qu'il avait Alrik et Liv, au moins, tout allait bien. Il ne s'inquiétait plus de ce qui pourrait lui arriver le jour où il ferait face à Ingvar, ce qui ne saurait tarder.
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Post-Apocalypsis [TERMINÉE]
AventuraAn 2043. Le quotidien devint peu à peu survie suite à une catastrophe survenue vingt ans plus tôt. La quasi-totalité de l'humanité avait été anéantie. Jusqu'au jour où un autre évènement se produisit...