Paré, le groupe partit enfin. Il faisait nuit noire depuis plusieurs heures déjà lorsqu'ils quittèrent le campement. Ils se servirent de torches pour s'éclairer. Ils avancèrent ainsi dans la pénombre, silencieusement. Aaren, qui devait retrouver le chemin, faisait partie des éclaireurs. Il était en tête de groupe. Alrik et Liv, quant à eux, se trouvaient aux côtés de Balder, dans le groupe du milieu. Ils étaient dépassés par la situation et ne savaient plus quoi faire ni penser. Ils avaient bien sûr pensé à l'éventualité que Daven ne revienne pas, mais c'était si soudain pour eux. Le visage fermé, ils se contentèrent de suivre les autres.
La forêt était encore plus lugubre la nuit. L'atmosphère était davantage inquiétante qu'en pleine journée et, au moindre bruit, certains sursautaient. Les arbres paraissaient bien plus sombres. La méfiance était de rigueur. Des bêtes sauvages rôdaient peut-être en ces lieux, mais, ça, personne ne le savait vraiment. Un vent glacial parcourait les lieux, faisant grelotter ceux qui assuraient les arrières du groupe. Alrik éternua plusieurs fois en maudissant la saison et sa météo instable.
Au bout d'une heure, ils ne voyaient presque plus de végétation, mais Aaren s'empressa d'indiquer qu'ils étaient encore loin du but. Ils traversaient à partir de ce moment un espace uniquement peuplé d'arbres en piteux état ; ils avaient perdu leurs feuilles depuis bien longtemps. Parfois, ils distinguaient des sortes d'ombres passer à pleine vitesse sur les côtés. Certains avaient peur, mais quelques-uns parmi eux essayaient de le cacher. Balder, Alrik et Liv, eux, restaient impassibles. Aaren, quant à lui, se laissait distraire par ces silhouettes quelques fois avant de se recentrer sur l'objectif.
Pendant ce temps, Ingvar, grâce à ses hommes qu'il avait entre-temps chargés de surveiller les alentours, savait que ceux qu'il attendait étaient en approche. Selon lui, ils étaient encore bien loin de leur but, mais tout pouvait arriver. Il leur ordonna de revenir, afin de disposer de l'entièreté de son armée. Il prépara son plan et expliqua à chaque section ce qu'elle avait à faire.
Il se rendit ensuite auprès de Daven, toujours endormi. Le souverain se plaça face à lui et esquissa un sourire.
S'il savait ce qui est en train de se passer... Il serait moins tranquille.
Ensuite, il se dirigea vers la porte pour se diriger vers une pièce située quelques étages en dessous.
L'heure est bientôt venue. Nous allons voir qui de nous deux a le plus d'atouts dans sa manche... Si mes prédictions sont exactes, mon plan sera infaillible. Mais tout est possible.
Après une demie-heure passée dans cette portion de la forêt, le groupe pouvait apercevoir au loin la forteresse. Impressionnés par la stature du bâtiment, certains restaient là, à ne rien faire, avant d'être rappelés à l'ordre par Aaren. Il s'arrêta à quelques pas de l'endroit où il se trouvait lorsqu'il avait fait cette découverte. Les recherches commencèrent.
Il fallait avoir l'œil attentif car, même s'il n'y avait plus vraiment d'arbres pour cacher quoi que ce soit, ce n'était pas évident de trouver un passage censé mener directement à la forteresse. Pour le groupe, c'était inconcevable qu'il soit facile d'accès. Ils cherchèrent par groupes de trois ou de quatre.
Du côté de la forteresse, déjà les troupes d'Ingvar étaient en place, n'attendant plus que l'arrivée de leurs « invités ». Quelques minutes auparavant, le souverain leur avait donné ses dernières indications.
« Il vous faudra faire preuve de rigueur, je vous le rappelle. Soyez impassibles. Ne vous laissez pas amadouer s'ils utilisent des ruses. Cette naïveté vous coûtera la vie, que ce soit de leurs mains ou des miennes. Agissez toujours selon les consignes. N'essayez pas d'improviser. Souvenez-vous que vous n'êtes rien face à moi. »
Un murmure s'était propagé dans l'assistance.
« Silence ! Je poursuis. Si jamais ils ont de quoi se défendre, restez prudents. Il faut se préparer à toutes les éventualités, même si elles sont improbables. »
Un de ses sujets avait alors demandé la parole.
« Si je comprends bien, vous n'êtes pas renseigné à ce sujet.
– Hum... Eh bien... Ce n'est ni le lieu ni le moment de poser ce genre de questions ! »
Embarrassé, Ingvar avait quitté la salle, laissant ses sujets hagards.
Certains postés sur les remparts et d'autres dans l'enceinte du bâtiment, ils attendaient l'arrivée du groupe avec une certaine impatience. Ils étaient prêts à en découdre, en dépit du comportement étrange qu'avait eu leur maître en évitant la question qui lui avait été posée.
Le groupe, justement, semblait s'éloigner de plus en plus de l'objectif. Personne ne trouvait quoi que ce soit. L'anxiété générale se faisait sentir et les esprits commençaient à s'échauffer.
« Je perds patience ! fulmina Aaren. C'est pourtant ici que j'étais !
– Du calme, exigea Balder à mi-voix, l'air sérieux. Ce n'est pas comme ça que la situation va s'arranger.
– Ça ne te fait pas enrager, toi ?
– Non, parce que c'est le prix à payer pour parvenir à notre but.
– T'es vraiment un original...
– On me le disait souvent, avant... cette tragédie. J'avais toujours des idées farfelues en tête et je ne pensais qu'à une chose, partir explorer le monde... Mais tout ça, c'est fini.
– Wow... Tu n'étais pas obligé de te rappeler ça, tu sais.
– Je sais. C'est juste plus fort que moi. Ma vie d'avant me manque.
– Oh...
– Je n'ai demandé à personne de déprimer à cause de moi ! dit Balder avec un large sourire en voyant les têtes que faisaient les autres. Nous devons poursuivre les recherches ! »
Ils s'attelèrent à la tâche sans attendre plus longtemps.
Soudain, Alrik aperçut ce qui ressemblait à un chemin. Il se dirigea vers cette direction. Ce qu'il vit l'effara mais il reprit ses esprits : il avait devant lui un lieu quasiment désert, comme dévasté. Les arbres étaient très peu nombreux, l'endroit paraissait plus sombre encore que le reste de la forêt et, en s'approchant, il put constater que le sol était boueux. Il ne le savait pas encore, mais il était sur la bonne voie. Curieux, il s'immisça dans cette portion de la forêt, bientôt suivi par les autres.
Plusieurs chemins s'offraient à eux, mais, contrairement à Daven, ils trouvèrent presque immédiatement la route à suivre. Cela leur permit d'arriver rapidement face à leur but : le souterrain. À ce moment, Balder dépassa Alrik et se précipita. Il exultait.
« Nous y voilà ! »
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Post-Apocalypsis [TERMINÉE]
AbenteuerAn 2043. Le quotidien devint peu à peu survie suite à une catastrophe survenue vingt ans plus tôt. La quasi-totalité de l'humanité avait été anéantie. Jusqu'au jour où un autre évènement se produisit...