Chapitre 8

2 1 0
                                    

Le jour tant attendu était arrivé. Daven était sur le départ. Il reçut les dernières recommandations de Balder, qu'il n'écouta qu'à moitié.

« Tu devrais savoir qu'on ne peut pas prévoir ce qui est imprévisible. C'est à moi, et moi seul, de gérer la situation. »

Alors qu'il s'apprêtait à partir, il fut retenu un moment par Alrik.

« Comment dire ça...

– Je suis pressé.

– ...

– Ne me retiens pas plus longtemps.

– Olga... Elle est partie pendant la nuit et je n'ai rien pu faire pour l'en empêcher, débita Alrik, crispé par les paroles de Daven qui faisaient écho dans sa mémoire. Je...

– Bah... Qu'est-ce que ça peut faire ? répliqua Daven, sur la défensive.

– Pardon ? On parle d'Olga, là. C'est à n'y rien comprendre...

– On s'est brouillés, alors...

– Oh...

– Évite ce sujet, à l'avenir, exigea le blond plutôt froidement. Maintenant, je pars. »

La révélation d'Alrik créa la surprise. Il regrettait déjà.

Pour Daven, tout cela était déjà bien loin. Il pouvait enfin se concentrer sur son objectif et c'est tout ce qui l'importait.

Il se rappela l'itinéraire qu'il avait emprunté quelques jours plus tôt, en pleine nuit. Après quelques kilomètres, il retrouva ses repères. Pour la suite, il se fia à des éléments du décor qui l'avaient marqué : des arbres de moins en moins nombreux, des endroits de plus en plus sombres et lugubres ou encore un sol boueux. Il progressait, seul, dans cette atmosphère macabre.

Il parvint finalement, après plusieurs heures et détours jusqu'au souterrain qu'il avait, bien malgré lui, découvert. Il s'avança prudemment en observant les environs. Il voulait à tout prix éviter de se faire repérer. Il entra, toujours aussi précautionneusement, dans le souterrain. Il n'avait alors encore vu personne. Il commençait à trouver cela suspect. Lui qui avait pourtant pris soin de contrôler les parages, il eut l'impression d'avoir raté quelque chose. Il utilisa sa lanterne, qui constituait l'intégralité de son équipement, afin de s'éclairer dans les ténèbres des galeries qu'il allait devoir traverser.

La caverne était miteuse, et une odeur nauséabonde emplissait l'air. Il constata bientôt qu'il y avait beaucoup de chemins, mais un seul le mènerait à son but. La plupart du temps, il tombait sur des impasses et, après force demi-tours, il parvint à une longue échelle menant à une sorte de trappe qui laissait entrevoir un soupçon de lumière. Jusque là, il n'avait croisé personne : seulement des rats et quelques chauves-souris. Il commença à s'interroger. Mais il ne pouvait plus reculer.

Après avoir abandonné sa lanterne, il escalada l'échelle et poussa la trappe d'une de ses mains, tout en tenant fermement un barreau de l'échelle de son autre main. Lorsqu'elle fut ouverte, il termina son ascension et arriva dans une salle circulaire.

Il n'eut pas le temps de se hisser car, déjà, il se trouva encerclé. Des hommes l'embarquèrent. Ils étaient encapuchonnés et masqués ; Daven touchait au but. Il se laissa faire, le temps de traverser de longs couloirs et d'interminables escaliers en colimaçon. Puis, face à un nouveau couloir, il se débattit mais les hommes ne lâchèrent pas leur emprise sur lui.

« Lâchez-moi !

– Nous n'obéissons qu'aux ordres de notre souverain, répondit mécaniquement l'un des hommes. Vous n'êtes pas en mesure de nous en donner. »

Daven ne put réprimer un sourire narquois. Il batailla encore et se libéra en assénant un coup bien senti à l'un de ses ravisseurs. Il courut pour leur échapper. Le couloir était long, mais ça en valait la peine. Il accéléra. Il tourna à droite, puis, après quelques mètres, à gauche. Il allait en fait là où la structure du bâtiment lui permettait d'aller.

Il arriva au pied d'un nouvel escalier. Il monta les marches avec précipitation. Puis enfin, au sommet, un long couloir. Il pressentait que ce serait le dernier. Celui-ci avait quelque chose de différent. Contrairement aux précédents, ce couloir était richement orné : des tentures étaient disposées sur les murs, il y avait un tapis rouge au centre et le plafond était décoré de plusieurs lustres. Daven se pressa davantage sans faire attention à ces détails. Le chemin était tout trouvé. Il pressa le pas et s'arrêta après une cinquantaine de secondes qui lui parut une éternité.

Il le savait, il était au sommet de la forteresse. Devant lui, une porte de trois mètres de haut au moins. Loin d'être impressionné, il saisit la poignée et ouvrit la porte. Il n'avait plus qu'une hâte : découvrir qui était derrière tout ça.

Daven n'avança que d'un pas dans la pièce qu'il découvrit. Il lui sembla être dans une salle hors du temps. Le sol était recouvert d'un tapis ornementé. Le plafond était d'un blanc immaculé. Des dorures ornaient les murs. Puis, au fond de la pièce, une baie vitrée devant laquelle se tenait quelqu'un.

« Ah, vous êtes là ? Je ne pensais pas vous voir de si tôt, annonça-t-il en se retournant vers Daven, dévoilant un visage masqué. Vous êtes bien celui que je recherche...

– Que voulez-vous ? Et qui êtes-vous pour commettre de tels crimes ? s'emporta Daven.

– Allons... Vous voudriez résoudre le conflit de manière pacifique, n'est-ce pas ? Alors, calmez-vous.

– Je...

– Oh, je ne me suis même pas présenté... Vous devez le savoir, mais vous avez devant vous Ingvar, celui qui dirige le groupe Justitia. C'est un peu long à expliquer... Mais je digresse.

– Et pourquoi agissez-vous masqués ? Si vous craignez les conséquences de vos actes, vous devriez cesser immédiatement votre activité !

– Laissons cela de côté et parlez-moi plutôt de vous, répondit doucereusement Ingvar. Finalement, je n'en sais pas tant que je ne le laisse croire...

– Je n'ai rien à dire.

– Je vois. Puisque vous le prenez ainsi...

– Qu'est-ce que vous attendez de moi, exactement ?

– Vous le saurez bien assez tôt, déclara le souverain avec des ricanements non dissimulés.

– Qu'est-ce que vous insinuez ? Je n'ai pas le temps de jouer aux devinettes !

– Soit... Ne perdons plus de temps. Capturez-le ! »

Quatre gardes se jetèrent sur Daven et l'immobilisèrent. Il lutta, en vain.

« Je... Je le savais... Vous aviez en fait tout prévu, siffla-t-il faiblement. C'était trop simple. »

Alors que le jeune homme perdit connaissance, Ingvar donna ses prochains ordres.

Post-Apocalypsis [TERMINÉE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant