Chapitre 10

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Un sourire se dessina sur le visage de Daven. Tout n'était pas perdu. Il ne lui restait plus qu'à attendre.

Les jours passaient et se ressemblaient. Il passait de longues heures à contempler au-dehors. Cela constituait l'entièreté de son champ de vision. Il s'agissait d'un décor morbide. Tout ce qu'il voyait n'était que désolation. Les arbres, morts, étaient ternes. Un vent lugubre soufflait constamment sur ces restes de forêt et, de temps en temps, la foudre frappait en de multiples éclairs. Impassible, Daven contemplait ce spectacle désolant. Une fois revenu à la réalité, il grommela à cause de ses poignets qui le faisaient souffrir. Pour cela, il ne pouvait rien faire ; il prit donc son mal en patience car, bientôt, il serait libre. Ce n'était qu'une question de jours.

Il se mit à penser à ceux qu'il avait laissés derrière. Il se demanda comment ils allaient, ce qu'ils faisaient, s'ils étaient inquiets...

Ça me manque un peu, la vie de groupe... Alrik... Tu es un type génial, tu dois le savoir, je n'oublierai pas de te le répéter encore une fois. Je regrette de t'avoir parlé comme je l'ai fait, au moment de mon départ. J'étais bien trop pressé de partir. J'avais tort. Liv... Oh, Liv... Si tu savais à quel point tu me manques et combien je pense à toi. J'aurais voulu revenir le plus vite possible, mais c'est trop tard. C'est à toi d'aller me retrouver. Balder... Je me demande si tu as encore des plans foireux en tête. Si vous saviez dans quelle posture je me trouve en ce moment... Vous viendriez tout de suite, j'en suis certain. Olga... Olga... Vaut mieux l'oublier.

Il se rappela des souvenirs passés en leur compagnie avant de s'assoupir.

Son repos fut de courte durée car Ingvar surgit en marchant d'un pas bruyant.

« Que voulez-vous ? gémit Daven d'une voix ensommeillée.

– Rien, hormis votre attention pour quelques mots.

– Je m'en fiche. Faites comme bon vous semble et dites ce que vous voulez, je ne peux pas vous en empêcher dans ma position actuelle.

– Je suis surpris par votre docilité. Enfin... Ce n'est pas le sujet. J'imagine que vous attendez avec impatience que vos petits camarades viennent à votre secours. Cela fait plusieurs jours maintenant que vous êtes ici. Ils ne devraient plus tarder à se lancer à votre recherche. Cependant, n'oubliez pas ce que je vous ai dit. Je ferai en sorte que vous les éliminiez. J'ai des capacités dont vous n'avez même pas idée. À votre place, je ferais profil bas. Mais... je ne suis pas à votre place ! Bref... Quoi qu'il en soit, je serai prêt à les accueillir comme il se doit. Ils peuvent s'attendre au pire... et vous aussi ! »

Le jeune homme n'avait pas écouté le moindre mot. Il continuait à penser, à espérer patiemment.

Il ne perd rien pour attendre, celui-là. Il verra, quand ils arriveront. Je leur fais confiance. Il auront forcément prévu quelque chose, mais ça... je ne peux pas le savoir. Pas encore. Si seulement je pouvais au moins retirer mes liens. Malheureusement, je crois bien que je devrai attendre encore quelques temps. Peut-être demain, peut-être plus tard.

Cette fois-ci, il s'endormit sans être dérangé, presque paisiblement.

De son côté, Ingvar réunit ses troupes dans une salle. Se tenant sur un piédestal, entouré de ses sujets, il les informa de son plan.

« Lorsqu'ils arriveront, vous devrez les empêcher d'approcher de la salle dans laquelle j'ai enfermé Daven. Je ne veux pas qu'ils parviennent jusqu'à lui ! S'ils deviennent trop insistants, je me servirai de lui. Je voudrai éviter que cela se produise. J'ignore encore l'étendue de ses capacités. Il pourrait, malgré l'emprise, se retourner contre moi. Ce n'est encore jamais arrivé, mais si cela se produit, agissez. Si cela arrive, je pourrais bien renforcer l'emprise que j'aurai sur lui, mais il y a un risque à prendre en considération. Il pourrait y laisser la vie. Non pas que ça ait de l'importance mais il nous faudrait le garder encore un peu. Vous savez ce que vous avez à faire, à présent.

– À vos ordres !

– Très bien... »

Tout se déroule comme prévu jusqu'à maintenant. Il n'y a plus qu'à patienter. Reste à savoir s'ils arriveront jusqu'ici. Rien n'est moins sûr... Le souterrain est difficile d'accès. J'espère pour eux qu'il leur reste quelqu'un d'aussi ingénieux que Daven, sinon ils ne le reverront plus. Ce serait bien dommage.

Daven, qui dormait à poings fermés malgré sa position inconfortable, ne se doutait pas le moindre instant de ce qui se préparait. Tout était déjà acquis pour lui. Il attendait simplement d'être délivré. La nuit tomba et il rouvrit les yeux. La lune lui sembla tout près de lui. Il la voyait ainsi peut-être pour la dernière fois avant de rentrer. Il ne savait pas pendant combien de temps encore il croupirait dans cet endroit corrompu par les ténèbres. Il referma les yeux.

Au même moment, du côté du campement, le groupe s'inquiétait pour Daven. Voilà une semaine qu'il était parti, et cette semaine avait été très longue pour eux. Ils avaient attendu son retour mais ils allaient devoir intervenir. Dès l'après-midi, ils avaient songé à partir à sa recherche. Mais sans plan, ils ne pourraient rien faire. Il leur fallait répartir les tâches, ce genre de choses...

Balder prit la direction des opérations, secondé par Aaren.

« Soyons clairs, Daven n'est pas revenu depuis une semaine. C'est pourquoi nous allons partir à sa recherche. Ce ne sera pas chose facile. Le rôle d'Aaren, ici présent à mes côtés, sera de nous guider jusqu'à l'endroit depuis lequel il pouvait voir la forteresse. Avec un peu de chance, nous trouverons peut-être le passage découvert par Daven dans les environs. Sachant que c'est très sécurisé, vous aurez à votre disposition de quoi vous défendre. Rappelez-vous les armes que nous avons un jour trouvées près d'ici. Utilisez-les. Elles étaient prévues pour le jour où la situation dégénérerait. Vous l'aurez compris, ce jour est arrivé. Choisissez-en une chacun. Nous partirons plus tard dans la nuit. Certains auront un rôle d'éclaireurs tandis que d'autres surveilleront nos arrières et ce, pendant tout le trajet. Pour la suite, il nous faudra des éléments qui sachent bien se défendre. Répartissez-vous les rôles, je vous laisse faire.

– Tu es sûr de ce que tu fais ? demanda Alrik, dubitatif.

– Absolument certain. Je n'ai jamais autant été sûr de ce que je faisais. »

L'avis général était approbateur. Ils achevèrent ainsi leurs préparatifs avant de se lancer à la recherche de Daven qui, de son côté, dormait toujours profondément, ne se doutant de rien.

Post-Apocalypsis [TERMINÉE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant