Talentueuse ;

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et moi, que j'étais en colère. C'était le soir de ce samedi, je devais boire ma potion Tue-Loup avant le prochain soir au risque de passer la Pleine Lune de la semaine suivante dans des souffrances que je ne subissais plus depuis des mois. Mais la perspective que tu me l'aies concoctée, qu'Hermione Granger me l'aie concoctée, m'aie permis de ne pas souffrir, la perspective d'avoir accepté non pas une aide, mais l'aide de Granger, pour un élément qui m'était si sensible, si douloureux, si cuisant, était inacceptable. Je ne pouvais pas. Je ne pouvais pas retourner à la réserve, boire ta potion, si tant était que tu en avais refait une. Je préférais me dire que ce n'était pas le cas.

J'avais trouvé la recette du Tue-Loup dans le manuel de première année, Mille herbes et champignons magiques. J'ai passé la nuit du samedi au dimanche à tenter une énième fois d'en faire une réussie, ressassant inlassablement ma rancœur, ma honte, ma colère.

La seule personne qui ne soit ni ma mère, ni un Mangemort, et qui soit au courant de ma condition misérable, condition qui m'obligeait à me cacher, à trouver des excuses pour mes absences mensuelles, condition qui rendrait mon futur plus difficile encore qu'il n'aurait déjà dû l'être – d'abord en tant que fils d'un Mangemort, ensuite en tant que Loup-Garou –, condition que je n'avais pas voulue, qu'on m'avait forcée à subir, condition que je subirai pour le restant de mes jours – j'avais seize ans, le jour de la morsure. Seize ans. –, douze fois par année, qui me faisait souffrir, la nuit, le jour, me rendait dépendant, la seule qui ait su deviner ce que je n'osais dire, qui ait su me tendre une main sans, je crois, me juger, était Hermione Granger, la demi-sorcière, la Gryffondor, la prétentieuse, l'« héroïne de guerre », l'amie de Potty, de Weasmoche, la fille auprès de laquelle je n'ai jamais voulu qu'on me voie, parce que je la trouvais affreuse, la fille auprès de laquelle je ne voulais pas être, parce qu'en-dehors du physique elle était détestable.

Je pensais vertement que tu avais dû, par ailleurs, drôlement t'amuser à m'écrire, me lire, lire ces choses intimes que personne ne savait, que je ne disais plus, que je ne confiais plus, toi la petite Granger que j'avais méprisée, que je méprisais encore, tu avais encore eu le dessus sur moi, un dessus que je t'avais laissé avoir, une supériorité que je t'avais laissée prendre, que je t'avais donnée. Je t'avais parlé. Je m'étais confié. Et jamais, si j'avais su plus tôt à qui je m'adressais, je n'aurais dit tout ça.

Je me sentais trahi.

J'étais trahi.

Et désespérément incapable de préparer une potion Tue-Loup qui ne soit pas mortelle.

Malgré tout, tu restais

Épithète - DRAMIONEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant