Miséricordieuse.

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J'ai souffert le dimanche suivant.

Je n'ai pas bu ma potion. Trop dangereuse. Trop mortelle. J'avais trop peur de mourir pour me risquer à boire ce que je n'avais jamais su bien faire, et j'étais bien trop fier pour encore demander ton aide. J'étais déjà suffisamment furieux contre toi, et contre moi-même, d'avoir accepté l'aide d'Hermione Granger sans avoir su que c'était la sienne, pour m'abaisser encore à la lui demander en ayant conscience de son identité.

Je n'ai rien bu, alors.

Je me suis transformé.

J'ai eu mal.

Partout.

Plus fort qu'en buvant du Tue-Loup.

J'ai tué deux biches et dix-sept chouettes.

Je ne m'en suis pas aperçu.

Quand je me suis réveillé le lendemain, la peau lacérée de partout, le corps déchiré complètement, à l'extérieur, à l'intérieur de mes entrailles, épuisé, ankylosé, désespéré, caressé par un Soleil incapable d'être présent pendant ces nuits funèbres, seul, nu, entouré par ces arbres qui m'écrasaient de leur prestance, recroquevillé là, dans la terre, contre l'écorce de l'un deux, dessus les quelques feuilles qui s'étaient échouées, quelques charognes autour de moi, à n'avoir plus la force de faire rien d'autre que pleurer, comme dans les toilettes de Mimi Geignarde, j'ai espéré te voir venir. Je t'aurais détestée de l'avoir fait. De m'avoir vu dans cet état, d'avoir eu pitié de moi, encore. Mais je voulais. A cet instant, je le voulais. Je voulais que tu viennes et que tu m'aides, puisque tu étais la seule personne susceptible d'arriver. La seule qui savait. Et qui, malgré nos différends, malgré la haine que j'avais pour elle, le mépris que j'avais pour elle, ne m'avait pas jugé.

Mais tu n'es pas venue.

J'ai attendu une demi-heure de me remettre de cette nuit pour bouger quelques membres, paralysé par mes courbatures dévastatrices. Ce sont les fourmis galopant sur ma peau qui m'ont fait réagir. J'ai enfilé les vêtements que j'avais cachés dans un arbre, effacé le sang – le mien, celui de mes victimes – qui avait séché sur ma peau, dissimulé au maximum mes blessures et mes cernes. Je refusais d'aller à l'infirmerie. J'avais de quoi me soigner dans ma chambre.

Avant d'aller dans les cachots, après cette nuit épouvantable, je n'ai pu m'empêcher d'aller dans la réserve. Et j'ai pleuré encore de voir que la fiole était là, avec le liquide mauve parfaitement dosé, remué, préparé, avec une phrase dans le verre, une phrase que j'avais déjà lue plusieurs mois auparavant.

« Je penserai à toi ».

Tu devins

Épithète - DRAMIONEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant