Mienne

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et je suis

heureux.

Je sens un corps féminin bouger contre mon bras. Cela fait une heure que je suis réveillé, que j'attends. Que j'écoute la respiration régulière d'une femme endormie, que je sens un parfum qui m'est presque devenu aussi familier que celui de ma mère.

Je tourne la tête et tu bâilles, t'étires comme ce foutu chat roux et aplati qui n'est toujours pas mort. Je ne crois pas qu'un Troll soit capable de comprendre les bruits qui sortent de ta bouche.

« Pardon, redis, c'est pas très clair », je me moque et tu pousses mon torse d'une main qui me bouge à peine – je crois que tu voulais me faire tomber du lit, mais ton corps est encore tellement endormi que ça ne fonctionne pas.

« Il est quelle heure ? demandes-tu dans un effort pour articuler qui force le respect.

– Huit heures, je réponds.

Tu grognes et ton visage préfère embrasser l'oreiller que mes lèvres. Tu es injuste le matin.

– J'ai le droit à un bisou ? je quémande et en même temps, même si tu disais oui, je ne m'avancerais pas – te pousserais plutôt à te réveiller pour que toi tu m'embrasses en pensant que c'est toi qui l'as voulu en premier, et que par conséquent tu me désires plus que l'inverse.

– Non, ronchonnes-tu contre le drap. Je dors. »

Je ris et pousse de la main droite tes cheveux encore plus mal coiffés au réveil qu'en journée – c'est possible, vraiment – pour dégager ton épaule, sur laquelle se pose un baiser comme une luciole sur un nénuphar. Tu frémis de la tête aux pieds et je m'exécute à nouveau.

« Je dors, Malefoy, me rappelles-tu.

– Pardon, j'ai pas bien entendu, faut que tu bouges la tête de là », je ricane avant de recommencer.

Tu grognes encore et détends ton corps, sans pour autant tourner la tête. Tu es vraiment terrible le dimanche matin.

« Debout, Granger, fais-je au plus près de ton oreille – tu la ventiles comme pour chasser une mouche.

– Pas avant d'avoir petit-déjeuné, réponds-tu et j'imagine la force que t'a demandé la prononciation de six mots à la suite.

– C'est un message subliminal pour que je te l'apporte ? »

Un nouveau grognement parvient à mes oreilles.

« Tu rêves, Granger.

– Je te ferai un bisou.

– Tu me fais un bisou et après je vais le faire. Et après on mange et après tu te lèves. »

Tu hoches la tête. Je ne suis pas certain que tu aies écouté la deuxième phrase, en fait. De l'oreiller émane enfin cette tête que je trouvais affreuse et que j'aime aujourd'hui, tes deux petites mains frottent ces yeux qui s'ouvrent. Tu souris.

« Approche, m'ordonnes-tu mais ma tête reste là où elle était.

– Viens, je réponds.

– Tu m'énerves, Malefoy. »

Tu lèves quand même ton buste, attrapes le mien de tes deux bras lourds de sommeil. Je garde volontairement mon visage loin du tien pendant quelques secondes avant de lâcher prise et te laisser m'embrasser, comme une faveur que je te ferais – alors que c'est moi qui réclame.

« Qu'est-ce qu'il faut pas faire pour un petit-déjeuner, souffles-tu en te rallongeant.

– Tu es désespérante. »

Tu souris, les yeux fermés. Moi aussi. Et je sors, des toasts à faire cuire sans elfe de maison et de l'amour plein le cœur à donner.

Épithète - DRAMIONEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant