Trompeuse.

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« Et ça ne te fait rien ? » fut ta réponse suivante.

Plutôt que de m'interroger, me dire que tu étais intelligente et qu'en étant Honora Gascoigne, il était surprenant que tu penses que « je ne t'appréciais pas » au point d'être en colère de connaître ton identité, j'ai préféré me réjouir. Ta question confirmait mon hypothèse, c'était tout ce que je voyais.

« Comment as-tu pu croire que je ne t'appréciais pas ? »

J'étais tout de même surpris. Assez confiant en mon idée pour ne pas la remettre en cause, mais surpris. Je n'ai jamais fait savoir que l'existence-même d'Honora Gascoigne me dérangeait, simplement parce que j'en avais à peine conscience. Je l'ai toujours traitée comme je traitais ceux qui ne s'intéressaient pas à moi, c'est-à-dire en l'ignorant, c'est-à-dire en n'ayant ni suffisance, ni mépris à son égard. Elle me le rendait bien.

Bon. Il est vrai que je n'apprécie pas ceux que j'ignore. Certes. D'accord.

J'ai effacé ma gravure et écrit à la place : « Pourquoi serais-je surpris ? », mais force était d'admettre que je l'étais. D'abord, de m'être intéressé à une fille que je connaissais à peine, ensuite de l'avoir, elle qui m'ignorait aussi – comme un accord tacite qu'on aurait passé jadis – habituellement, suffisamment intéressée pour qu'elle devine ma condition, mieux, qu'elle décide de m'aider.

D'accord, j'étais surpris.

J'ai encore effacé. « Mise à part l'envie de te parler sans l'intermédiaire de ce flacon, non »

Là, c'était vrai. J'ai reposé la fiole sur l'étagère et suis rentré dans ma salle commune, satisfait d'avoir enfin fait le pas en avant, satisfait de connaître ton nom, ta maison, satisfait qu'il ne soit plus qu'une question de temps pour qu'on se parle en face à face.

Je n'ai jamais su si j'étais vraiment prêt. A parler en tant que personne, en tant que Drago Malefoy, parler directement à quelqu'un qui me savait mordu. Quelqu'un qui savait tant de moi, à qui j'avais tant dévoilé. Peut-être étais-je prêt à affronter ces peurs en face d'Honora Gascoigne, oui. Je n'avais rien contre elle. Je lui faisais confiance.

Le lendemain – on était en week-end –, j'ai cherché Honora Gascoigne dans les couloirs, la Grande Salle, la cour. Plus les heures s'écoulaient, moins je gardais patience, impatient que j'étais de la trouver avant qu'elle ne me trouve, de la surprendre, d'échanger avec elle.

Il était dix heures du matin, je ne l'avais toujours pas vue. Une autre fille, cravate rouge et or, cheveux hirsutes, corps frêle, peu désirable, en bref hideuse, s'est approchée de la table des Serpentard. Je n'aurais pas cru qu'une membre de la fosse aux lions puisse s'aventurer aussi loin en terrain ennemi ; j'ai noté dans ma tête que je pouvais au moins admettre qu'ils étaient courageux, on ne pouvait leur ôter ça.

« C'est donc vrai, ai-je lancé suffisamment fort, avec suffisamment de sarcasme pour que quelques têtes se tournent vers elle. Les Gryffondor sont vraiment suicidaires.

La fille m'a jeté un regard assassin. J'ai haussé les sourcils, loin d'être impressionné. L'habitude.

 – Du moins les Gryffondors sont-ils courageux, a-t-elle répondu avec cette petite voix supérieure qui me donnait toujours envie de lui jeter un sort qui lui ferait ravaler son orgueil. Ils ne demandent pas à parler sans l'intermédiaire d'un flacon pour se moquer des autres dès qu'eux ont le courage de faire un pas. »

Et elle est repartie. Certains rires ont fusé. Moi, j'ai ressenti comme un grand vide.

Je n'avais pas vu Honora Gascoigne ce matin mais elle était moins susceptible d'être surprise que ses initiales ne me choquent pas que pouvait l'être Hermione Granger.

C'était clair, pourtant.

Presque évident.

H.G.

Hermione Granger.

Hermione Granger et toi étiez la même personne.

J'ai dû admettre aussi que tu étais

Épithète - DRAMIONEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant