Show Me Yours

Chapitre 10

Il y a des moments dans la vie que l'on aimerait juste pouvoir vivre en accéléré. Et la conversation qui a suivi avec Thibaud est typiquement l'un de ces moments. Camille, dans toute sa splendeur et sa cuite monumentale, lui a expliqué que j'allais danser dans des cages en petite tenue, ce qui ne m'a pas aidé pour argumenter sur la sécurité et le confort que pouvait représenter ce nouveau travail. Sans surprise, il l'a très mal pris et je n'ai pas du tout réussi à le raisonner. La discussion s'est finie de manière abrupte, et à l'heure qu'il est je ne peux même pas assurer que nous soyons vraiment toujours ensemble. Il est vraiment très en colère et c'est compréhensible.

Une fois que j'ai eu raccroché, Camille était déjà endormie à points fermés, encore toute habillée sur son lit. La journée suivante s'est passée dans un silence de mort entre nous deux. Il faut dire qu'avec son mal de crâne et mon agacement, il ne valait mieux pas que l'on cherche à débriefer. Je dois dire qu'une partie de moi n'est absolument pas étonnée de ce qu'il s'est passé... C'est du Camille tout craché. Dès qu'elle picole, elle devient complètement imprévisible et ingérable. Dieu sait ce qu'elle a réellement raconté à Thibaud et en toute honnêteté : je n'ai pas envie de le savoir. Je vais déjà avoir assez de mal à recoller les morceaux après ce lâcher de bombe, je ne veux pas avoir à m'inquiéter du reste. L'autre partie de moi pourtant, n'a pas vraiment envie de rester en colère avec elle. Et d'ailleurs, on ne reste jamais longtemps en conflit avec Camille. Elle déconne, je lui pardonne et on passe à autre chose. Je ne peux pas lui en vouloir indéfiniment d'avoir trop bu et d'être incapable de tenir sa langue après quelques verres.

Quant à Thibaud, c'est clair que je m'attendais à une réaction violente donc pas de surprise à ce niveau-là. Par contre, je n'aurais jamais pensé qu'il aurait le culot d'appeler ma copine pour pouvoir me joindre... C'est déjà assez compliqué comme ça une relation à distance sans qu'il en rajoute dans le genre copain possessif. Enfin, j'imagine que l'on ne va pas régler ça en deux minutes par téléphone...

Toujours est-il que, malgré ma mauvaise humeur, j'ai d'autres choses à penser, et heureusement ! Si les services au bar se sont déroulés dans une lenteur et un ennui mortel, les répétitions de danse du vendredi ont à l'inverse été bercées de rigolade et de bonne humeur avec ma nouvelle partenaire dans le crime, Nadia. Et puis, il vaut mieux que je me concentre sur le positif en ce moment.

- Alors t'es stressée pour samedi ? Me demande Nadia alors que nous dégustons un wrap aux légumes en terrasse.

- Carrément stressée tu veux dire ! Tu ne l'es pas toi ?

- Non pas vraiment, qu'est-ce que tu veux qu'il arrive ? On était au top à la répétition, ça va aller.

- T'es bien confiante... j'aimerais être comme ça...

- Mais t'inquiète ! Si tu te loupes ça se verra pas dans l'obscurité du club, dit-elle avec un petit clin d'œil.

- Ouais c'est pas comme si on allait nous regarder !

- Du tout !

J'en connais un qui a pourtant prévu de me regarder... et rien que d'y penser, ça me met une grosse dose de pression. C'est vrai que le cours s'était bien passé mais qui sait si je vais vraiment pouvoir assurer en public ? Rien n'est moins sûr.

- Mince 14h, il faut vraiment que j'y aille, j'ai un service au bar cet aprem.

- Quel stress ma chérie ! Je me demande comment tu fais ! Ne le prends pas mal, mais ce n'est pas étonnant que tu aies de si grosses poches sous les yeux...

- Ah non ça ? C'est parce que je ne dors pas beaucoup en ce moment... Je me suis engueulée avec ma meilleure amie... et mon copain... bref c'est un peu l'anarchie et ça brasse comme il faut dans ma tête.