Chapitre 5

3.2K 134 5
                                    



Impossible de décrocher mon regard de ces lettres, je suis comme sous le choc de ce qui vient de se passer. Lorsque je parviens enfin à reprendre mes esprits, nous sommes déjà à l'extérieur. Camille est à quelques mètres de moi et elle regarde dans le vide. Il faudrait être aveugle pour ne pas comprendre ce qu'il se passe dans sa tête : elle est énervée. Et la connaissant, je ne suis qu'à moitié étonnée. Je tente quand même une approche.

- Quelle bande d'enfoirés ces types ! On aurait mieux fait de se gratter !

- Ouais.

- Et puis t'as vu comment ils nous regardaient ? Moi je te le dis, ils ne sont pas clairs c'est certain.

- Hm hm.

Elle ne lève pas la tête et continue de regarder ses pieds. Les bras croisés, on peut dire que tout son corps est littéralement fermé. Machinalement, elle met la main dans son sac et en ressort un paquet de cigarettes. Elle en allume une, toujours sans se retourner. Mince, ça doit vraiment être grave, Camille ne fume qu'en cas de coup dur. Je suis d'ailleurs étonnée qu'elle en ait avec elle... Je l'observe toujours, ne sachant pas quoi dire. On a été prises toutes les deux après tout, c'était ce qu'elle voulait. Mais je ne la connais que trop bien et je sais que ce verdict lui fait mal au cœur. Elle est vexée. Si la situation était inversée, et que c'était elle qui était prise à ma place, elle serait aux anges, mais là elle a du mal à gérer. Le regard dans le vide, seule la fumée sort de sa bouche, doucement, comme si elle méditait ou qu'elle réfléchissait à la suite à donner. J'hésite, et je me décide tout de même à parler.

- Camille ? Tu sais on est pas obligées d'y retourner dans ce club.

- Bien sûr que si.

- Mais pas du tout, t'as bien vu comment ils étaient. Autant qu'on continue avec Karl, lui au moins...

- Arrête un peu Hillary, tu sais très bien que c'est ta chance. Tu leur as tapé dans l'œil.

Elle jette sa cigarette sur le sol et l'écrase avec sa chaussure à plateforme rouge. Elle se retourne enfin vers moi et rajoute avant de s'éloigner :

- Comme d'habitude.

Décidément c'est ma journée. Non seulement je m'en prends plein la tronche avec ce type, mais en plus ma meilleure amie me fait la gueule. Je sais que je n'y peux pas grand-chose, après tout c'est quand même elle qui nous a inscrite à ce casting ! Mais je sais aussi, d'expérience, qu'il ne vaut mieux pas en rajouter pour le moment.

La soirée à l'appart' se passe dans un silence de plomb. Camille m'évite le plus possible et elle passe son temps sur son ordinateur, ses écouteurs sur les oreilles. Je ne sais pas combien de temps sa crise de jalousie va durer, mais j'avoue que l'ambiance commence à être franchement pesante. Heureusement c'est au moment où je commence à vraiment m'impatienter que mon téléphone se met à sonner. Thibaud ? Non, c'est un numéro non enregistré.

- Allô ?

- Hillary, c'est Gabriel.

Oh mon dieu. Gabriel. J'ai tellement bloqué sur cette carte de visite qu'entendre ce prénom de sa propre voix me donne des frissons. Je ne peux m'empêcher de ressentir une certaine dose de stress en essayant de ne pas passer à nouveau pour une cruche au téléphone.

- Oui, Gabriel, rebonjour.

- Je voulais savoir si tu pouvais venir au club demain après-midi. On organise un cours de danse avec certaines filles et ce serait vraiment bien que tu y assistes.

Merde. Demain c'est mercredi après-midi et c'est toujours le rush au bar. Comment est-ce que je vais pouvoir me libérer ?

- Euh... oui bien sûr, je travaille mais... je vais me débrouiller.

Show Me YoursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant