Show Me Yours

Chapitre 11

- Hey Hillary !Réveille-toi !!      

- Hein quoi ?

- ça va ? T'es toute en sueur, on dirait que t'as de la fièvre !

Camille se tient au-dessus de moi, les yeux inquiets. Je reconnais ma chambre, mon lit... C'était un rêve, bien sûr. Je reprends mes esprits peu à peu et ma meilleure amie semble soulagée. Mais quelle heure est-il ?

- ça va oui t'inquiète, je crois que je faisais un cauchemar.

Un délicieux cauchemar oui !

- Et ben il devait être sacrément prenant ton cauchemar, j'ai eu un mal fou à te réveiller.

- Ah oui ? Désolée...

- En tout cas va falloir que tu t'actives ma belle, il est 8h et on doit être au bar dans juste 30 minutes...

- Han !!!

Je me cache sous la couette malgré la chaleur et les rayons du soleil qui transpercent déjà la fenêtre. Je me suis rarement sentie aussi mal dès le réveil. Et je n'ai surtout aucune envie de me lever pour aller bosser !

- Et ben dis donc, ça ne te réussit pas les bonnes nuits de sommeil à toi !

Je lui adresse une grimace en guise de réponse et elle me balance direct un oreiller dans la tronche. Je regarde l'heure. Bordel, il faut vraiment que je me dépêche. C'est pas comme si la journée allait être longue en plus... Et puis, j'ai clairement besoin d'une douche, Camille a raison : je suis trempée ! Au détail près que ce n'est pas vraiment la peur qui m'a mis dans cet état, loin de là même... Oh la la mais quel abus. Faut vraiment que je me concentre et que j'arrête de penser à ce type.

Je ne sais pas par quel miracle nous arrivons au bar - à l'heure qui plus est - mais toujours est-il que je me sens encore plus groggy que la veille. Ce n'est plus des poches que j'ai sous les yeux mais des ravins. Je tente tout de même de camoufler tout ça derrière un sourire forcé, mais Camille connaît déjà toutes mes ruses.

- Non mais sérieux t'avais mis quoi dans ta tisane ? T'as la même tête qu'après cette soirée qu'on avait passée chez Priscilla tu te rappelles ? Oh mon dieu ce que tu t'étais mis ce jour-là !

Je la regarde sans rien dire pendant qu'elle pouffe de rire derrière son torchon. Elle rigole de plus belle lorsque je lui adresse mon visage sans expression.

- J'ai eu la bonne idée de prendre des pilules qu'une collègue danseuse m'avait données...

- Et t'es sûre qu'elle te veut du bien ta copine ? Répond-elle en se mordant la lèvre pour ne pas se moquer un peu plus.

- J'avoue que je commence à me le demander...

Nadia est si gentille, mais n'était-ce qu'une façade ? C'est vrai que toutes les autres filles sont de vraies pestes, si ça se trouve elle n'est pas différente. Elle m'a peut-être amadouée pour pouvoir me jouer ce coup bas. Et pile poil le jour de la première représentation... Non, je deviens parano c'est clair. La fatigue ne me réussit vraiment pas c'est officiel.

Karl s'avance vers nous lorsque le service du matin commence à se ralentir. Aucune surprise dans ses intentions vu qu'il ne nous adresse la parole que lorsqu'il s'agit de nous donner notre planning de la semaine suivante.

- Tenez les filles, j'ai changé quelques horaires par rapport à d'habitude, j'espère que ça ne posera pas de problèmes ?

J'étudie rapidement le petit planning imprimé en noir et blanc qu'il me tend. Pas de problèmes ? Si en fait... problème.

- Euh... Karl ? Pour vendredi matin prochain, je suis désolée mais ça ne va pas le faire pour moi. J'ai un entretien pour un boulot.

Camille me dévisage les yeux écarquillés. C'est vrai qu'avec tout ce qu'il s'est passé, je ne lui avais même pas raconté cette histoire d'entretien chez Banks & Associés. Je les ai rappelés et la personne des ressources humaines a bien voulu fixer mon entretien à vendredi matin, qui est habituellement libre de toute responsabilité au bar.

- Ah ouais mais comment je fais, moi ? Réagit-il avec une certaine panique dans la voix.

Je n'ai pas le temps de répliquer que Camille attaque direct, et à la gorge sinon c'est pas drôle.

- Rho ben tu fais autrement Karl, on peut pas être à la disposition de monsieur 7 jours sur 7, non plus !

Karl répond par un geste de la main et repars rapidement en cuisine, la queue entre les jambes. Heureusement qu'elle est là pour assurer mes arrières, je n'aurais jamais osé lui répondre de cette manière ! Mais ma meilleure amie est manifestement amusée par sa propre répartie, et elle en profite pour lui tirer la langue dès qu'il se retourne, ce qui me fait pouffer de rire malgré mon état de fatigue.

- Alors comme ça Madame a un entretien ?

- Ouais mais c'est pour un job d'assistante. Chez Banks & Associés, à Paris.

- Waouh et beh !

- Je suis aussi surprise que toi...

- C'est top ça ! Tes parents doivent être en joie !

- Je ne te le fais pas dire...

- Et t'inquiète pas pour Karl, il va bien parvenir à faire chier une autre serveuse. Par contre comment tu comptes t'organiser avec tes autres obligations au juste ?

- Je n'ai pas encore les détails de mon planning de la semaine prochaine pour le club, j'espère que ça ne posera pas de problèmes mais comme les représentations sont le soir... ça devrait le faire !

- Heiiin mais tu penses à tout dis donc ! Pas étonnant qu'ils veuillent t'embaucher chez Crâneurs & Associés, me dit-elle avec une patate chaude dans la bouche.

- N'est-ce pas ! Surenchéris-je en balançant mes cheveux en arrière.

- Et qu'est-ce que tu comptes faire au juste si tu es prise ?

Bonne question.

- SI je suis prise comme tu dis si bien. Aucune idée. En même temps, si je n'y vais pas, mes parents vont tout simplement m'arracher les yeux.

- Oui ça ne fait aucun doute. N'empêche qu'à un moment ou à un autre, il faudra quand même que tu prennes quelques décisions Hillary... Je dis ça, je dis rien.

Je lui lance un regard meurtrier. Je sais qu'elle a raison au fond... Jouer sur plusieurs tableaux c'est compliqué et – en témoigne mon état actuel - épuisant ! Mais ce n'est certainement pas aujourd'hui que je vais décider de tout cela et ce n'est vraiment pas le jour idéal pour me mettre la pression. Déjà que j'ai un stress pas possible pour ce soir. Si ça se trouve je vais me vautrer en beauté et au moins, tout sera réglé. Gabriel me dira que je ne fais pas l'affaire finalement, et je serais bien obligée de laisser mes rêves de gloire au placard. Je finirais mon job de serveuse au bar et je passerais à celui d'assistante à la rentrée. Et la vie reprendra son cours... Je me rappellerais de cette expérience comme une petite aventure de jeunesse sans lendemain et sans conséquences... C'est peut-être mieux comme ça après tout !

Ou pas.

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Bon je suis sûre que vous allez me demander quand le rêve deviendra réalité ?

A suivre...

Que pensez-vous de Nadia ?

 Est-ce que vous pensez que les pilules étaient un coup monté ?