CHAPITRE 4 : Un dernier espoir

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Des voix !

Qui se rapprochent. De plus en plus près. Qui se confondent à l'agonie de ma mère.

Je balaie la rue du regard, une cachette, vite. Les voix sont presque un murmure dans mon oreille. L'obscurité n'aura aidé personne, si ce n'est eux, de quel côté aller ? Je savais que j'étais faible dans le noir.

Et puis soudain, soudain la fin. Celle que finalement j'attendais. Je le savais tout au fond de moi. Les nuits ne s'éternisent pas comme ça. Les méchants ne se reconvertissent pas. Dans la vraie vie, les gentils ne sont pas sauvés. « Ils se font buter, parce que c'est ça notre réalité ! L'injustice à tous les plans, les gamins dans les rues avec des couteaux. Non, tu ne feras pas exception à la règle, hein Sacha, qu'est ce que tu en dis de ça ? Tu te pisses dessus ? T'as peur ? Bah alors, on perd ses couilles ? Qu'est ce que tu fous ? Remues toi ! Tu vaux mieux que ça, tu es autre chose putain, relève toi tu comprends ? Allez. Bats toi ! Tu es déjà vaincu. C'est comme ça la vie Sacha, elle te fera pas de cadeaux, parce que t'es pas un privilégié toi, alors tant pis ... C'est la vie, c'est la vie... »

Ils sont sur moi. Je tente de m'en sortir. Les coups pleuvent, plus qu'il n'en faut pour abattre un homme. On m'attrape par derrière, mon nez pisse le sang. Mes yeux sont plus rouges que jamais. J'ai la mâchoire déboîté. Mes ongles rongés. Mes dents claquent.
Ma mère me disait de ne pas être vulgaire, mais c'est parfois ce qui décrit le mieux la situation, dans toute son injustice, dans sa saleté, dans les ténèbres de notre monde.

Je me débats.

J'ai perdu mon couteau.

À autant sur un enfant. Injustice !

Les heures d'attente dans le froid me sont défavorables. Je ne pare aucun de leurs coups, mes mouvements sont ralentis par des heures d'immobilité. Je n'ai plus la foi. Je suis en train d'abandonner. Je me rends. Perdre et l'accepter. Choisir la facilité.

Et puis l'énergie du désespoir sûrement, celle qu'on a quand tout est déjà fini, le corps qui prend la place de la tête. Ça doit être ça parce que je ne suis plus là. Mes mouvements me semblent étrangers à moi même. Comme un lion en cage. J'essaie furieusement de m'en sortir. Pour ma mère. À son honneur. Pour son courage. Je n'ai pas sa force. Mais je peux continuer à jouer.

Je dois faire peine à voir, un petit corps fragile luttant dans la nuit.

Soudain, plus rien.

Ils me lâchent.

Je retombe sur le bitume, haletant. Grelotant.

Mes genoux claquent le sol. Ils ne me portent plus.

Tout s'obscurcit.

Et soudain sa voix.

Encore une partieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant