Pour Elena, son année de terminale devait être la meilleure de sa scolarité. Sa vie était plutôt calme, rythmée par les cours, ses passes-temps et son petit béguin pour le sportif populaire du lycée. Mais ses plans se retrouvent complètement chambou...
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Elena
Alors que nous entrons dans le palais, l'atrocité de l'évènement me revient en pleine face. Des débris de verres, de bois, de fer et même de pierres jonchent le sol. De violentes bourrasques s'engouffrent à travers les fenêtres dénuées de vitres. Les murs sont parsemés de trous béants provoqués par les explosions que j'ai entendu depuis la forêt. Les rideaux, les tapis, les meubles, tout, absolument tout est détruit, en lambeaux. Et au milieu de ce désastre sans nom, des cadavres reposent sous les débris. Deux immenses oiseaux au plumage bleu et noir se trouvent au milieu de la salle, sans vie, aux côtés de quelques gardes royaux. Cette vue me donne la nausée si bien que je suis obligée de me pencher pour vomir le reste de mon petit-déjeuner. L'odeur de la fumée, du sang et d'un je ne sais quoi non identifiable me monte au nez, accentuant ma nausée. Je sens Brook caresser mon dos dans un geste réconfortant. Au bout de quelques secondes, je réussis à me redresser et essuie le coin de mes lèvres avec un mouchoir. Nous sommes toutes restées ensemble, collées les unes aux autres, gelées et complètement effrayées. Est-ce que ce genre d'incidents arrive souvent ? On ne nous en a jamais parlé, on ne nous a jamais mis en garde contre ce type de danger qui planait au dessus de nos têtes, telle une épée de Damoclès. Hormis hier soir, où Éros m'a prévenu d'un potentiel danger, mais jamais je n'aurais imaginé que ça aurait pu se produire. Mon dieu, des hommes sont morts... Soudain, je me mets à chercher du regard pour trouver Éros parmi le personnel qui s'attelle déjà à tout nettoyer. Je ne le vois nulle part. L'inquiétude commence à me saisir. Et s'il lui était arrivé quelque chose ? Et s'il était... Non, il ne peut pas mourir, c'est un vampire, ils sont immortels. Sauf si... ces fameux oiseaux à la taille démesurée étaient venus armés de pieux... Je secoue la tête pour me sortir cette vision épouvantable d'Éros étalé de tout son long sur le sol, toute vie ayant abandonné son corps. Il n'est pas mort, il est sûrement dans son bureau avec le Roi et son oncle pour discuter d'un plan d'attaque ou des rénovations que ça va leur coûter. Oui c'est ça, il est sain et sauf dans son fichu bureau.
Nous avançons prudemment à travers la pièce pour atteindre les escaliers quand la porte menant au couloir de l'aile ouest dont l'accès nous est interdit. C'est sûrement par là que se trouve le bureau du Roi et de son fils. Une volée de serviteurs sort à la suite de Caïus et d'un homme d'un âge avancé, vêtu de ce qui se rapproche le plus d'une blouse de médecin. Le blanc a viré au jaune avec les années et la poche située au niveau de son cœur est décousue. Ils avancent à travers les décombres sans nous prêter la moindre attention. Une vague de panique s'empare de moi. Pourquoi un médecin sortirait des bureaux privés d'Ethlios et d'Éros ? Quelqu'un est blessé, c'est évident. Faîtes que ce ne soit pas Éros, mon dieu non. Je préférerais mille fois que ce soit son taré de père qui soit blessé, voir même mort. Sans plus réfléchir aux conséquences que va me coûter cet acte, je m'élance à travers la pièce vers cette fameuse porte donnant sur l'interdit. Je la pousse avec le plus de force qu'il m'ait donné d'avoir après la matinée terrible que je viens de vivre. J'ouvre chacune des portes en hâte, à la fois redoutant de tomber sur le bureau d'Éros et de le retrouver aux portes de la mort et impatiente de le voir.
