Elena
« Je me réveille en sursaut, trempée de sueur et en panique. J'allume à la hâte ma lampe pour me rassurer. La lumière vive m'éblouit quelques instants avant que mes yeux ne s'adaptent à la luminosité. Une fois remise de mes émotions je découvre un décor totalement différent de celui que j'ai quitté avant de m'endormir. Mais étrangement, cette chambre ne m'est pas inconnue. Je me lève et inspecte la pièce dans ses moindres recoins. C'est une chambre de nouveau né. Elle est spacieuse et très chaleureuse. On peut ressentir à travers cette pièce, tout l'amour qu'éprouve les parents de cet enfant. Mais pourquoi suis-je ici ? Soudain mes yeux sont attirés par une photo qui m'est familière. C'est la photo que j'ai réclamé à ma mère il y a quelques jours. C'est une photo d'Elle quand elle était jeune. Qu'est-ce qu'elle fait là, dans cette pièce ? Je repose le cadre sur la commode et me dirige vers la porte. Il semble y avoir beaucoup d'agitation dehors. Je me demande ce qu'il peut bien se passer, surtout en plein milieu de la nuit. Je sors de la chambre et marche dans le long couloir à pas de loup. J'ai la sensation bizarre d'être déjà venue ici. J'observe ce couloir si familier quand le souvenir de la visite du château de la famille Ioannis me revient en mémoire. J'étais dans ce même couloir il y a une semaine ! Je marche jusqu'à la grande porte en bois qui mène à la cave. C'est de là que vient toute l'agitation qui se fait entendre. Je l'ouvre et me retrouve devant un escalier sans fin qui disparaît dans l'obscurité. Il est plutôt effrayant si vous voulez mon avis. J'hésite pendant de longues secondes avant de les descendre. Elle me fait penser à cette scène typique dans les films d'horreur où le héros doit faire demi-tour plutôt que d'entrer dans cet endroit d'épouvante. Je prends une grande inspiration et les descends rapidement pour ne pas avoir l'envie de remonter et de m'enfuir à grandes enjambées. J'arrive dans une sorte de cave construite de pierre et de poutre. Je m'avance vers le groupe de personnes réunis au centre de la pièce et aperçoit deux enfants : un- non enfaite- le jeune garçon que je vois dans mes rêves et un bébé -une petite fille- dans les bras de sa mère. C'est exactement la même jeune femme que sur la photo dans la chambre. C'est alors qu'une vague de souvenir m'ébranle légèrement. C'est ce rêve que je fais quasiment chaque nuit depuis des années. Mais pour la première fois, je le vois d'un œil différent. Mon subconscient me laisse enfin voire plus que ce que mes souvenirs me le permettaient. Un vieux monsieur, dont je n'avais jamais remarqué sa présence auparavant, est en train de lire un passage de ce que j'imagine être la Bible. Une fois sa tirade terminé, le jeune garçon se dirige vers l'autel et signe un document. C'est le fameux parchemin qui relie nos deux familles par un mariage futur dont m'a parlé Éros. En me rapprochant, je vois effectivement qu'il disait vrai, c'est bel et bien un document officiel de fiançailles. C'est au tour de ma mère de signer à ma place. Les parents des deux enfants signent ensuite à leur tour et toute l'Assemblée les applaudissent et les félicitent. Toute la pièce se met en route vers les escaliers afin de sortir dans le jardin, où un énorme feu de camps les attend. Ils font la fête pour célébrer cette nouvelle union, symbole de paix qu'ils n'ont pas connu depuis des centaines d'années. Tous les invités et hôtes semblent insouciants et heureux de cet événement pour le moins particulier. Personne ne fait attention à ce qui rodent au-dessus de leur tête. Pourtant je les remarque. Je remarque surtout ces grandes ombres difforment au sol qui semblent tourner en rond autour d'eux, tels des vautours. Je lève la tête vers le ciel et fronce les yeux pour essayer de discerner la forme de ses ombres dans le ciel obscur. Ça ressemble à des oiseaux d'une taille anormalement grande. Leur veulent-ils du mal, où est-ce qu'ils assurent leur protection, je me le demande bien...
Soudainement, le décor change et je me retrouve, avec mes parents biologiques et moi, bébé, dans une voiture. La famille d'Éros et lui-même nous regarde partir, en nous saluant. Mes parents ont l'air heureux et sereins. Ça doit sûrement être le départ pour les vacances en Autriche, selon Éros. Ce qui veut dire que mes parents vont mourir d'ici quelques minutes, et que je vais assister à leur mort. Je pense à sortir de la voiture pour échapper à ce cauchemar mais ma raison me pousse à rester pour savoir enfin ce qui s'est réellement passé. Plus la voiture avance et plus je sens une boule se former dans ma gorge et dans mon ventre. Je vais assister à la mort de mes parents...pour la deuxième fois. On arrive à la lisière de la ville quand un bruit sourd et violent se fait entendre sur le toit de la voiture. Celle-ci pile nette avant de s'arrêter violemment. Le toit disparaît, soudainement arraché avec une force démesurée. Mon père se lève d'un bond et crie à ma mère de s'enfuir avec le bébé. Elle s'exécute rapidement et sort de la voiture avec la petite et court vers la forêt. Elle se retourne pour voir si son mari la suit et le voit se faire poignarder en plein cœur par l'énorme oiseaux d'un bout de bois pointu. Je hurle d'horreur face à cette scène dramatique. Il lui crie dans un dernier effort qu'il l'aime et qu'il les protégerait toujours. Cette scène me retourne le ventre. J'ai envie de vomir. Ambroise s'est réellement sacrifié pour sauver la vie de ma mère et la mienne. Toute ma vie, j'ai cru qu'ils m'avaient abandonné. Je les ai maudit, haïs alors qu'au final, ils m'ont sauvé la vie. Quel genre de fille indigne je suis pour faire ça ?! Les larmes coulent sur mes joues sans que je puisse les retenir. J'ai envie de courir le rejoindre quand l'affreux oiseau le balance sur la route, tel un détritus gênant, après s'être assuré qu'il soit bel et bien mort. Mais je ne peux pas. Il faut que je suive ma mère pour voir ce qui lui est arrivée. Tout en pleurant un torrent de larmes, je cours rejoindre Athéna. Je réussie à la rejoindre près d'un arbre immense derrière lequel elle s'est cachée. Elle est dévastée, détruite même, par l'assassinat de son mari. Les larmes ne cessent de couler sur ses joues rosies. Elle se fait violence pour ne pas éclater en sanglot et dévoilée sa cachette de fortune. Elle dépose le bébé dans le creux de l'arbre, bien à l'abri de ces monstres sans cœur qui les ont pris en chasse. Elle dépose la photo sur le ventre de la petite et dépose un ultime baiser sur son front qu'elle mouille de larmes. Elle lui murmure qu'elle l'aime de tout son cœur avant de partir en courant, s'enfonçant plus profondément dans la forêt, afin d'éloigner les oiseaux de sa fille. Pourtant un oiseau, beaucoup plus petit que les autres, s'approche de l'arbre. Je le frappe de toute mes forces mais mes coups ne l'atteignent pas. Je suis spectatrice de mon rêve. Mes actions ne peuvent avoir d'influence sur mes souvenirs. L'oiseau se transforme soudainement sous mes yeux en un petit garçon d'à peine trois ans. Que faisait-il avec ces meurtriers ? Il prend la petite dans ses bras et sort de la forêt avec elle. Il se rend en ville et tombe sur un couple de vacanciers que je ne connais que trop bien. Ce sont mes parents adoptifs, avec 18 ans de moins. Il s'approche d'eux, leur dit de protéger, quoiqu'il leur en coûte, ce bébé et repart en courant d'où il est arrivé. Qui peut bien être ce petit ? Comment peut-il se transformer comme il l'a fait ? Et la question la plus importante, pourquoi m'a-t-il épargné ? Soudain, tout devient noir et c'est le black-out total... »
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Aime Moi
ParanormalPour Elena, son année de terminale devait être la meilleure de sa scolarité. Sa vie était plutôt calme, rythmée par les cours, ses passes-temps et son petit béguin pour le sportif populaire du lycée. Mais ses plans se retrouvent complètement chambou...