Chapitre 3

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Le professeur parle avec la jeune fille et je les regarde d'un œil attentif alors que mes sourcils sont froncés. Connor me fait remarqué que c'est l'adolescente de toute à l'heure et je ne peux m'empêcher de féliciter ce nouveau Sherlock Holmes pour sa déduction perspicace. Il me donne un léger coup de coude après que je me sois moqué de lui, puis je suis sorti de ma chamaillerie lorsque la voix gutturale du professeur résonne dans la pièce à l'attention de tout les élèves. Il nous présente alors Arvanita Prode, une nouvelle étudiante, qui vient de déménager. Elle se présente d'une petite voix faible et fluette, et je souris en coin alors qu'elle parle enfin. Finalement, elle n'avait pas perdu sa voix lorsqu'elle est tombée, j'en suis presque rassuré. Je lâche un rictus et ses yeux verts se posent sur moi avant de revenir vers le sol qui à l'air plus intéressant que ma petite personne, sympa... Elle parle un peu alors que le professeur lui demande de se décrire un peu, mais elle ne donne pas le nombre d'informations voulues et l'instituteur remarquant cela, il l'invite à prendre place. Il reste quelques places devant, mais pourtant elle passe celle-ci et s'assoit derrière, dans une des rangés du milieu. Elle dépose son sac et sort un bloc de feuille neuf, un livre de philosophie et son plumier. Nate est étonné d'avoir un voisin pour la première fois de son année scolaire et je pince les lèvres. Qu'est ce qu'elle vient faire derrière ? Ce n'est pas mon problème et je n'ai pas besoin de m'en inquiéter. Je retourne sur mon téléphone lorsque la voix écœurante maître continue de nous apprendre ce qu'il y a à savoir sur Platon, ce qui ne m'intéresse pas. Avec les gars, on parle de la sortie de tout à l'heure et je souris en lançant les paris.

« Tu n'as pas intérêt à me décevoir Matthew, je mise 400 dollars aujourd'hui ! »  envoyais-je sur la conversation.

Connor crie de suite le prix et toute la classe se tourne vers lui et je lui fous une petite claque derrière la tête, en m'excusant à sa place au professeur, lui expliquant que mon ami avait mal dormi et récupérait seulement maintenant. Cette réponse ne semblait pas satisfaire le vieil homme, mais je n'avais rien d'autre en poche. Alors que la plupart des élèves gloussent légèrement , moi et les gars avec, mais  je remarque du coin de l'œil, qu'une certaine personne n'en a rien à faire. Son visage est caché derrière les pages écrites du bouquin posé sur son banc. Ses bras sont posés sur le banc et elle chipote avec ses longues manches de son pull bordeaux. Je suis intrigué par ce qu'elle fait et recule un peu ma chaise pour mieux voir, mais j'ai la vue gâché par le livre. Je grogne légèrement et Connor me demande ce qu'il y a. Je lui fais un signe de tête pour lui dire que ce n'est rien, et envois un message à Nate pour qu'il me dise ce que la nouvelle fabrique. Je me tourne légèrement et vois mon ami tenter de percer l'adolescente. Alors que Nate, allait passer son regard derrière le livre de philosophie, Arvanita pose le livre et lui sourit comme si de rien n'était. Qu'est ce qu'elle fabriquait ? Son sourire malgré qu'il montre toute ces dents blanches, est légèrement crispé et ces yeux sont ceux d'une biche apeuré. On dirait que Nate la surprise entrain de faire une bêtise, et qu'elle tente de faire croire le contraire. Je me mordille la lèvre et observe la jeune fille qui crayon en main, gribouille sur une feuille avec quelques notes dessus. Plus studieuse que moi apparemment... Ses cheveux sont devant ses yeux verts qui sont à peine visible et je vois qu'elle se mord la lèvre. Je regarde sa silhouette et remarque que ses épaules tremblent légèrement. Ce n'est d'ailleurs pas la seule partie de son corps qui tremble, puisqu'elle se triture ses mains fébriles, tentant vainement de les calmer. Pourquoi réagit-elle comme ça ? Elle fait une chute de tension ? Je ne sais pas pourquoi cela m'intéresse. Je ne sais même pas si je suis intéressé ; disons plutôt que le mot qui convient est intrigué. Oui, c'est ça, je suis intrigué par ce qu'elle a. Si j'étais intéressé, je m'inquiéterai presque pour elle, mais je n'en ai rien à faire d'elle, je ne la connais pas, et je n'oublie pas qu'elle m'a énervé tout à l'heure en causant un problème. Je suis intrigué, curieux de savoir ce qu'il se passe, mais pas assez pour me préoccuper d'elle. Je continue de la fixer espérant que les explications apparaîtront d'elles-même, mais je suis coupé dans mon analyse quand le professeur me demande de regarder le tableau ou mon cours et de ne pas me laisser distraire. Si je dois l'écouter, je ne me laisserai pas distraire par son cours et continuerai mon observation méticuleuse de cette nouvelle arrivante. Je secoue doucement la tête et tente d'oublier tout cela, et me concentre sur mon téléphone où je reviens dans la conversation vivace que les garçons ont à propos de ce soir. Je retiens quelques rictus lorsque Efren sort quelques blagues. Le cours passe d'un coup beaucoup plus vite et la fin de celui-ci pointe enfin le bout de son nez. Je range mollement mon livre que j'avais sorti juste comme couverture pour faire croire que je bossais et me lève avant de parler un peu avec Matthew de ce soir. Mon regard est soudainement captivé vers la place de Arvanita. Elle n'est déjà plus là, alors qu'il vient à peine de sonner. Je n'ai jamais vu quelqu'un quitté aussi vite la salle de cours. Elle avait soit une envie immense de quitter ce cours ou alors de rejoindre le prochain. Si je l'estime un peu, je dirais que c'est la première solution, mais mon esprit me dit que la deuxième proposition sonne plus juste. Je me sépare de la moitié de mes potes dont Connor et part avec Dean pour le cours de littérature. Je lui annonce que je vais vite fumer avant d'entamer encore une heure de cours à laquelle je ne souhaite et ne vais participer. Il hoche la tête et me dit qu'il va rejoindre Alex alors. Alex est sa copine et a littérature avec nous. Elle a aussi sport avec nous pour le plus grand plaisir de Dean, mais sinon c'est deux là n'ont pratiquement aucun cours commun ce qui le désespère. Je ne le comprends pas. Si je sortais avec quelqu'un, je n'aurais pas envie de la voir h24. À chaque fois que je lui dis que c'est pour le mieux, il me dit que je n'en sais rien et c'est probablement vrai, après tout, ce que n'est que mon avis que je lui expose. Je sors dehors, sur le devant de l'école et contourne un peu le bâtiment pour sortir une clope de mon paquet qui est dans la poche de mon jean avec le briquet. Je l'allume et l'apporte à mes lèvres en souriant un peu. La nicotine s'empare de mes voies pour aller se glisser jusqu'à mes poumons et je respire un grand coup savourant non pas le goût, mais l'effet qui va avec. Deux taffes suivantes, je sens mon cœur battre plus vite et mon corps se calmer. Je me sens apaisé bien que je sois dans un état d'excitation indescriptible. Pas très fort, mais assez pour que je me sente bien et que j'aille en cours sans trop traîner les pieds. Je n'ai pas le temps de finir mon petit rouleau de tabac que je dois y aller, et c'est à contre cœur que j'écrase ma cigarette au sol et que je ramasse le mégot pour le jeter à la poubelle. En passant les portes de l'école, j'inspire un bon coup pour me rappeler de cette sensation qui me manque déjà et je me dirige vers la classe, sachant qu'il me reste peut-être deux minutes pour m'installer avant d'être en retard. Je n'aime pas être en retard. Ça attire l'attention de façon inutile sur soi. Je souris légèrement en arrivant en classe, mais ce côté heureux disparaît vite quand je vois que Dean n'est pas à mon banc. C'est vrai, il va vouloir resté avec Alex... Je ne dis rien et vais m'asseoir près de la fenêtre dans le fond. Je sors mes affaires et mon téléphone avant de m'installer dans le fond de ma chaise alors que la professeur de littérature arrive avec son air effrayant souligné d'un trait épais de liner qui lui donne un air mauvais. Elle s'installe et réclame de suite le silence et aux bancs du fond de se mettre devant, mais personne ne bouge vraiment et elle souffle, exaspérée. Elle nous prévient qu'elle n'élèvera pas la voix pour qu'on entende et je souris en coin. Comme si on avait l'intention d'écouter... Son cours comme la plupart, se trouve sur le site de l'école. Je ne vois donc pas pourquoi je viens, et encore moins pourquoi je devrais écouter. Je commence donc à ignorer complètement ce cours comme les autres et regarde par la fenêtre pour me distraire. Je regarde le paysage. Les arbres de la forêt plus loin sont entourés de brume et le ciel gris rend le tout encore plus maussade que ça ne l'est. La ville change vraiment en fonction du temps, ou alors c'est ma perception des choses qui changent en fonction de la météo. Quoiqu'il arrive, plus je regarde les bâtiments et la nature à travers le plexiglas, plus j'ai envie de quitter mon siège et de faire une ballade en voiture pour juste profiter un peu du vent, de l'air, de la liberté d'avancer sans se soucier de quoique ce soit. Je commence alors à rêver éveillé de cette magnifique promenade jusqu'à ce que nuages noirs viennent obscurcirent tout cela. Mes pensées se sont perdues vers ce vieux souvenir encore vivace dans mon esprit et je ferme les yeux et revoie ces images affreuses, ces images que je ne peux changer. Je me mords la lèvre et alors que je m'apprête à sortir pour me calmer, la chaise à côté de moi vient de se faire prendre. La place est conquise par Arvanita qui ne semble pas faire attention à moi, ou au cours qui a débuté il y a déjà quelques minutes. Sa présence me sort de mes démons et je la regarde s'installer. Elle n'a pas l'air dérangée d'être arrivée en retard et je me dis qu'elle n'en a peut-être rien à faire des cours non plus. Elle sort de son sac son bloc de feuille et son plumier. Et s'affale sur sa feuille crayon en main et commence à gribouiller en m'empêchant clairement de voir ce qu'elle note ou dessine. Elle croit que je vais copier sur elle ? Elle se croit en primaire ? Je rigole discrètement et la regarde. Je me lasse vite de cette vue qui à l'air aussi morte de l'horizon qui est visible à travers la baie vitrée. Je me laisse dépérir sur mon bac, l'ennui gagnant chaque fibre de mon corps qui ne ressent plus du tout l'effet de la cigarette. J'ai encore envie de cette merde... Je me mordille la lèvre et tente de me changer les idées, et joue sur mon téléphone, tuant les zombies qui envahissent la ville virtuelle trop pixelisé qui s'affiche sur mon écran. Lorsque j'arrive au niveau quinze, le cours est fini et c'est enfin la première pause de la journée ce qui m'enchante au plus haut point, puisque je me sentais mourir petit à petit, à ne rien faire. La sonnerie retentit et de suite Arvanita s'empresse de quitter la salle de cours en faisant tomber derrière elle une boule de papier froissé. Je n'ai pas le temps ou l'envie de l'appeler qu'elle est déjà hors de vue. Je ramasse la perle blanche chiffonnée et laisse ma curiosité traversé mes doigts pour la déplier. Sur la copie se trouve toujours cette même phrase écrite en grand partout. « Laisse-moi ». Géniale la nouvelle, très attrayante et joyeuse... Je prends la feuille et la jette à la poubelle en partant avant de sortir du lycée pour aller derrière celui-ci et atterrir dans la cours avec Dean et Alex. Je vois au loin le reste de la bande et fronce les sourcils quand je vois un Efren tout agité. Je m'approche d'eux, et m'installe à moitié sur le banc alors que je sors une cigarette qui cette fois , va être entièrement consumée pour mon plus grand plaisir. Je suis soulagé de sentir mes poumons se crisper à cause du tabac et mon cœur s'emballer, ressentant l'adrénaline qui monte. Je demande à Connor pourquoi Efren est dans cet état et celui-ci me lance un regard meurtrier.

- Tu ne trouves pas qu'il manque quelqu'un ? Il manque Becca ! Depuis l'intervention de Zach je ne l'ai pas vu ! Si ça se trouve elle est avec les Bones et avec ce pauvre type de Téo ! S'énerve Efren avant que Connor n'ait le temps de me répondre.

- Tu sais très bien qu'elle ne retournera pas auprès de lui, du calme. Elle a sûrement une raison, tenta de calmer Alex alors qu'elle se blotti dans les bras de son chéri qui la maintenait fermement.

- Ou peut-être que Rebecca est bel et bien avec lui et ne t'aime plus! Rigole Nate qui exhale une bouffé de fumée après avoir retiré la cigarette de ses lèvres ; enfin cigarette, vu l'odeur je dirais plutôt un joint.

- Ça pue mec..fis-je remarqué d'un air éreinté.

- Pas plus que ton tabac, alors supporte ça Shawni.

- Ne m'appelle plus comme ça je te l'ai déjà dit...

La conversation continue sur un ton de rigolade et une odeur infâme de joint mêlé à la cigarette, et la pause se fini après quinze minutes, sans l'apparition de Becca, ce qui m'inquiète, mais encore plus Efren. Pas le temps de savoir ce qu'il se passe avec elle que nous devons retourner en cours et Dean et moi partons pour le cours de math. Dans le groupe, c'est le seul à avoir tout ces cours avec moi et même si je suis heureux, j'aurais bien aimé que Connor soit à sa place. Il a toujours le mot pour me faire rire et puis c'est mon meilleur ami. Mais bon, l'avantage avec Dean c'est qu'il était facile à vivre et qu'on ne se faisait pas remarqué inutilement. En partant, j'écrase ma cigarette et la piétine d'un coup de semelle, avant de jeter le mégot et de suivre Dean qui parle encore avec Alex avant de la laisser filer pour aller en cours. Arrivé en classe, je m'installe derrière et m'intéresse déjà un peu plus à l'arrivée du professeur puisque les maths sont une matière dans laquelle j'excelle, au plus grand dégoût de Dean qui est en échec dans cette branche. Alors que le professeur, Arvanita la suit de près et vient s'installer derrière aussi, mais nous sommes séparés de deux bancs individuelles. Dean n'est plus le seul à avoir le même horaire que moi je suppose...

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