[ iix ]

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—❝ sers-moi à boire pouffiasse.

les jours qui ont suivie, les semaines qui ont suivie, les mois qui ont suivies étaient vides de sens. ma vie était redevenue monotone. je passais mes journées de boulot à espérer le voir arriver. mais rien.

je ne travaillais plus, je ne dormais plus. je ne faisais plus rien a par attendre.

après des mois passés, j'avais réussi à reprendre le dessus, j'avais retrouvé l'envie de travailler, l'envie d'avoir un contact avec mes clients, j'avais décidé de m'ouvrir et laisser tomber tout les réseaux sociaux. pour moi tout ça c'était fini. j'étais prête à passer à autre chose. prête à devenir quelqu'un d'autre.

mes journées de travail se faisait plus remplie, j'avais demandé plus d'heures pour réussir à me vider la tête.j'ai bien vu que ça arranger mon patron. tant mieux pour lui alors.

— c'est quoi ton nom, ma jolie ?

oh oui, ce n'est pas pour ça que j'échappe au gros lourdingue du coin. je lui souris et pointe gentiment mon étiquette sur ma chemise.

— c'est marqué ici.

— j'arrive pas à lire, rapproche toi ma belle.

je décide d'ignorer sa proposition. il avait bu, il était ivre. je ne voulais pas de scandale.

— aller quoi, sois une gentille fille.

je m'arrête et pose mon torchon sur le bord de l'évier.

— écoutez, mon boulot c'est de vous servir ce qu'il y a sur cette fichu carte et non de répondre à vos demandes hors celle-ci, est-ce bien compris ? je ne suis pas une de vos chiennes, vous ne m'aurez pas comme ça.

je soutiens son regard, il attrape son verre et le tape contre le comptoir, je crois l'avoir énervé.

— sers-moi à boire, pouffiasse.

— excusez-moi ?

une autre voix s'incruste.

— je pense avoir mal compris ce que vous venez de dire à la demoiselle.

cette voix. je n'ose plus bouger. mon regard est fixé sur le rebord de l'évier.

— de quoi tu te mêle toi ? t'es qui au juste ? demande l'ivrogne sauvagement. c'est pas tes affaires.

— ce sont mes affaires à partir du moment où vous parlez haut et fort et que vous empêchez charlie de faire son travail.

c'est pas vrai.

— tu te prend pour plus fort que ce que tu es toi, hein ?

— je vous demandes de reculer.

je bouge enfin, mon regard se pose sur l'ivrogne qui avance un peu plus vers... vers lui. je cligne les yeux à deux fois, c'est bien lui. mais là, il va se faire frapper. j'attrape mon téléphone et compose le numéro de la police.

— laissez le tranquille, ou j'appelle la police.
l'ivrogne s'arrête d'avancer, il tourne la tête vers moi puis se dépêche de s'en aller en laissant vingt dollars. je repose mon téléphone, je suis soulagée.

— tu viens de m'éviter un scandale.

je rêve ? je redresse la tête, il se tient derrière le comptoir, accoudé, un sourire accroché sur les lèvres.

— c-c'est la fin de mon service, je bégaye, ma collègue prendra votre commande.

— charlie, est-ce-que...

ma collègue arrive au même moment, je retire mon tablier et m'en vais en courant. pourquoi était-il de retour ?

man in black ↯ sebastian stanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant