Le souffle court, la tête haute, mes mains sur tes reins. Ton corps sur le mien. Mon cœur sur le tien.
Tu retiens ta respiration de la même façon que je retiens ce que je ressens. La fenêtre est ouverte. Les oiseaux claironnent dans les feuillages. Le soleil se glisse entre les vitres et chatouille ta peau douce. Tes cheveux en bataille sur l'oreiller ressemblent à un nuage doré. Tu retiens ta respiration et tu fermes les yeux. On pourrait croire que tu es endormie s'il n'y avait pas ces dents mordant ta lèvre rose.
Ta peau laiteuse sous mes doigts maladroits. Ma nuque sous ta bouche appliquée. Les tambourins dans ma poitrine. Le temps qui court. Qui court. Et ne repassera pas.
Les anges ont le dos tourné, les yeux fermés. Nous sommes seuls tous les trois car je sais que dans ta tête il n'y a pas que moi. Un fantôme derrière mon oreille qui me murmure "Elle est à moi". Tes mains pourtant délicates caressent mon corps fatigué et je me laisse aller à leur ballet tortueux.
Deux morceaux de satin s'écrasent contre mes lèvres. Je te blesse dans la précipitation mais tu ne dis rien, bien trop ailleurs pour le remarquer. Tu t'accroches à mes bras comme si le sol allait s'écrouler, mais avec ce geste, c'est tout mon être qui s'est effondré.
La porte a claqué après que tu l'as passée. Le souffle court, la tête haute, ma fierté restée sous l'oreiller. C'était ton corps sur le mien, mais surtout, c'était mon cœur près du tien.
VOUS LISEZ
A Fleur de peau
PovídkyMalgré tous nos travers, nous restions deux. Êtres un peu bancals et pas très fiables, avec notre réalité fictive, des âmes perdues au fin fond de notre univers.
