Au large

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Je sais que tu n'es pas là. Je devrais dire le contraire, n'est-ce pas ? Faire croire à une idylle poétique sur une mer bleue sans vague. Sauf que ce n'est pas le cas. Je suis en présence du reflet de l'ombre de ton fantôme. Il guette la moindre faille, la moindre petite fissure dans mes yeux. Il traque mes faiblesses jusqu'à l'épuisement. Combat de regards à sens unique perdu d'avance.

Alors j'attends. J'attends que les jours passent. Que tous les grains du sablier que j'ai fabriqué avec nos vieux souvenirs soient retombés. Que la marée haute comble l'espace que tu as laissé. Les rochers sous mes mots mis à nus écorchent les phrases qui nous berçaient, le soir, quand la vie était trop noire.

Qu'en est-il des poèmes que tu as promis d'écrire sur ma peau à l'encre rose de tes lèvres ?

Qu'est-il advenu de nos serments parfum clair de lune chantés dans nos nuits sombres ?

Ont-ils disparu quand tu es parti ? Se sont-ils effacés, ternis par tes mensonges ? Ont-ils pris le large, toutes voiles dehors, grands tissus levés au-dessus de l'oaristys de notre jeunesse ? Toujours est-il que le bateau de notre histoire s'éloigne, petit point sombre dans l'immensité de l'océan, voguant sur l'horizon du passé ; cette fois-ci, je ne fais pas partie de la traversée.

A Fleur de peauOù les histoires vivent. Découvrez maintenant