La fugue

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« -Mickhaïl, écoutes ça, lança Nastia à son mari.

-Quoi, lui demanda Mickhaïl.

-Une nouvelle dans le journal, accroche-toi bien, « une bande de zonard a été abattue hier soir vers 22 heures, d'après le dernier bilan, il y aurait six morts dont une jeune femme. Les forces de l'ordre sont toujours à la recherche du tueur, quelques témoignages le décrivent comme étant un homme d'une quarantaine d'années, déjà connus pour de petites histoires d'argent. ». Ils sont fous ces français, acheva-t-elle.

-Plutôt, oui, lui répondit Mickhaïl, où est-ce que ça s'est passé, lui demanda-t-il.

-Je ne sais pas, le journal ne le dit pas mais tout ce que je sais c'est que cette ville ne m'inspire pas du tout confiance, lui confessa Anastasia.

-Pourquoi cela, lui demanda son mari.

-Déjà notre arrestation et maintenant une agression qui se transforme en une tuerie horrible, je suis vraiment partagée, lui dit-elle.

-Partagée entre quoi et quoi, insista Mickhaïl.

-Je ne sais pas, je crains beaucoup pour notre fils, je pense que ce n'est pas une ville pour lui, dit-elle.

-Anastasia, maintenant, c'est trop tard, la mission est lancée et Aliocha doit commencer, dès aujourd'hui, son travail, lui répondit Mickhaïl.

-Oui, je sais, pardonne-moi mais Aliocha est ma seule raison de vivre, tu le sais bien, lui dit Nastia.

-Comment ça, ta seule raison de vivre maman, fit une voix qui venait de la chambre d'Aliocha.

-Aliocha, tu es réveillé, demanda sa mère.

-Non, non je te réponds en dormant, ironisa le jeune adulte. Il va falloir arrêter de s'inquiéter pour moi, maman, je ne suis plus un enfant, je suis un homme, je peux me défendre, me débrouiller et, faire de ma première mission un succès, dit-il énervé.

-Excuse-moi mon chéri.... Je voulais dire.... Mon fils, bégaya-t-elle. Mais j'aime savoir que tu vas bien et que tu ne manques de rien.

-Je sais, mais moi, par exemple, j'aime avoir mon indépendance, dit Aliocha.

-On discutera de ça plus tard, car, si ça ne vous dérange pas, j'aimerais commencer la mission ce matin pas demain, dit Mickhaïl tout sourire.

-Oui papa, on commence par quoi, demanda Aliocha.

-On commence par s'habiller et se préparer, conclue son père. »

Après s'être habillés et préparés, les trois compères se réunirent autour de la table du salon :

« -La mission commence aujourd'hui, lança Mickhaïl, nous avons pris la décision, avec ta mère, que tu allais avec sa compagnie au marché du coin, où un bon nombre de communistes y font leurs courses alimentaires.

-Très bien, je pars quand, lui répondit Aliocha.

-Tu n'as pas compris, lui dit méchamment son père, tu y vas avec ta mère.

-Je ne veux pas y aller avec maman, je suis assez grand pour faire ce que je veux, donc si je ne peux pas y aller tout seul, je n'y vais pas et je rentre à Moscou, répondit Aliocha en défiant du regard son père.

-Tu veux jouer à ça mon fils, tu vas voir de quel bois je me chauffe, assena-t-il.

-Qu'est ce que tu vas me faire, vas-y, frappe-moi si c'est ça que tu veux, frappe ton fils, ça fait 10 ans que tu attends, lâche-toi, lança Aliocha à son père qui était de plus en plus énervé.

-Ne me tente pas Aliocha, arrête de jouer la comédie, tu as toujours vécu au crochet de ta mère pendant que je ramenais de quoi manger, tu ne sais rien de la vie, tu n'es qu'un gosse, un tout petit gosse, dit Mickhaïl à son fils.

-Alors c'est comme ça que tu me considères, comme un tout petit gosse qui ne connait rien à la vie, et bien, tu sais ce qu'il te dit, le tout petit gosse, il te dit d'aller de faire voir, tu l'as bien entendu celle là Mickhaïl Kurtzov, vas te faire voir, cria Aliocha.

-Aliocha, là, tu as dépassé la limite, dit Mickhaïl étrangement calme, alors maintenant, tu vas quitter cet appartement ou alors tu vas recevoir une leçon dont tu te souviendras longtemps.

-Tu veux que je parte, et bien, c'est simple, je m'en vais, tu ne me reverras jamais tu entends, jamais, lui répondit plein de haine son fils.

-Non ne pars pas Aliocha, ton père plaisantait bien sûr, supplia Nastia.

-Non, maman, il ne plaisantait pas, maintenant laisse moi passer, lui répondit Aliocha en se dirigeant vers sa chambre.

-Non Aliocha, cria-t-elle. »

Ce-dernier, aveuglé par la haine qu'il nourrissait pour son père, prit ses affaires et partit du petit logement en ignorant les cris de sa mère et le regard plein de défiance de son père. Arrivé au rez-de-chaussée, il sortit sur la rue et marcha vers la gare de Saint-Lazare, il était aveuglé par la haine envers son père, il voyait noir, il pensait à faire une grosse bêtise mais reprit le contrôle de son corps au moment où il bouscula un homme. Il s'excusa mais l'homme ne réagissait pas et continua sa route jusqu'à tomber quelques mètres plus loin.     

Amour MortelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant