Le Réveil D'une Relique Eternelle

Chapitre 8: Un départ indésiré

Le lendemain matin, lorsqu'Alexandre ouvrit les yeux, personne n'était réveillé.
Rod, William, et Justin, les trois garçons avec qui Tomias et Alex partageaient le dortoir depuis sept ans, dormaient comme des loirs, et Tomias ronflait avec la bouche ouverte, certainement ce qui avait réveillé Alexandre.
Il allait parfaitement bien, c'était l'une des rares matinées d'après soirée où il n'avait pas la migraine ou le ventre noué, et il en était heureux.
Il n'avait pas l'air pour autant de bonne humeur, ni de mauvaise d'ailleurs.
Alexandre était pensif et soucieux, il repensait encore à la découverte qu'il avait fait la veille.
D'un coté il avait peur d'en parler sans réellement savoir ce que ça pourrait engendrer, et d'un autre il pensait aux éloges qu'il recevrait si il en faisait part, sans compter qu'un grand nombre de muséums du monde des sorciers seraient prêts à l'acheter pour une somme colossale.
Mais Alex ne voulait pas de ça, sa vie lui convenait parfaitement comme elle était et il aurait été triste de se séparer d'une chose aussi incroyable en si peu de temps.
Il se leva, le plus discrètement possible, et prit son pantalon avec lui.
Il passa à coté du lit de Tomias pour prendre sur sa table de nuit le petit carnet qu'il gardait depuis quelques temps et sur lequel était écrit "Classement personnel et étude de baguettes par Tomias Trad" avant de se rendre dans un coin de la pièce caché par deux petites étagères.
Il leva la tête silencieusement pour voir si quelqu'un était réveillé, mais tout le monde dormait toujours aussi profondément qu'au réveil d'Alexandre.
Il s'accroupit alors pour se cacher derrière les deux commodes et mit la main dans la poche de son pantalon qu'il tenait à bout de bras.
Il en sortit le manche de la baguette pour l'examiner comme il n'avait pas eu le temps de le faire le soir précédent et mit son pantalon de coté pour sortir le petit calepin de Tomias.
La première baguette qui y était présentée, après la sienne, était évidemment la "Baguette de Sureau, ou baguette de la destinée, la plus puissante baguette ayant existé dans le monde des sorciers [...] et l'une des trois reliques de la mort selon les contes de Beedle le Barde".
Il continua à lire: "D'après les témoignages de jeunes sorciers après la chute de Lord Voldemort, le seigneur des ténèbres, en 1998, elle aurait appartenu en dernier lieu au jeune sorcier Harry Potter, un garçon à l'histoire légendaire, avant de disparaître lorsqu'il avait 17 ans. Elle fut la propriété de l'un des plus grands directeurs qu'on ait vu à Poudlard, Albus Dumbledore, à la suite du second plus dangereux sorcier du XXème siècle, Gellert Grindlewald. Selon certaines rumeurs, la baguette aurait été enterrée avec Albus Dumbledore sur une île du lac qui borde l'école de Poudlard, des rumeurs impossibles à vérifier grâce aux nombreux sortilèges qui protègent ce tombeau."
Alex venait d'en apprendre beaucoup sur les possesseurs de cette baguette, il n'en revenait pas qu'elle ait appartenu en moins de cent ans à tant de grands sorciers, bien que l'un d'entre eux fut mal intentionné.
Il laissa le texte de coté pour examiner le petit dessin de la baguette sur l'autre page.
Dessous était écrit: "baguette faite, comme l'indique son nom, en bois de Sureau. Elle mesurait 38 cm et renfermait en son centre un crin de sombral qui lui donnait son puissant pouvoir."
Alex examina le petit dessin de la baguette et en cacha un partie pour le comparer à sa trouvaille.
L'évidence se confirma, le manche qu'il avait trouvé la veille était bel et bien celui de la baguette du petit carnet, à quelques détails près.
En effet le manche était égratigné, probablement à la suite de sa chute ou à d'autres perturbation - il peut arriver beaucoup de choses en vingt ans - et elle était restée tellement d'années au fond de l'eau qu'en plus de se décolorer un peu des algues avaient commencé à s'accumuler dessus, à certains endroits plus qu'à d'autres, lui donnant un aspect verdâtre.
En quelques heures, la baguette était devenue la seule préoccupation d'Alexandre qui ne pensait plus qu'à une chose: qu'était devenue l'autre moitié de la baguette de sureau?
En réfléchissant un peu, il se disait qu'il aurait été illogique d'enterrer ce "Albus Dumbledore" avec seulement la moitié de sa baguette, l'autre moitié devait sûrement être autre part et les rumeurs au sujet de la baguette étaient sûrement fausses.
Il prit une grande inspiration pour gérer la dose d'adrénaline qui venait de l'envahir, il fallait réaliser ce qui lui arrivait et même si il avait eu toute la nuit pour le faire, il n'en revenait toujours pas.
Un peu de concentration, se disait-il, où le reste de la baguette peut-il bien être?
Pour lui, il était évident qu'elle devait être elle aussi sous le pont.
C'est vrai, si tout le monde la croyait disparue mais qu'Alex en avait trouvé une partie, pourquoi l'autre aurait-elle disparue seule?
Elle devait forcément être là où son autre moitié était, dans les décombres sous le grand pont... Mais comment allait il la retrouver?
Il venait de passer sa dernière soirée à Poudlard et devait partir comme tous les autres le matin même à 11h00 du quai de Pré-Au-Lard.
À cette pensée, Alexandre se leva d'un coup sec, le manche de la baguette à la main et son pantalon dans l'autre, oubliant ses amis qui dormaient toujours à cet instant.
Il couru jusqu'à son lit pour regarder la montre à gousset qui était ouverte sur sa table de chevet et la prit à pleines mains... 7h49.
Une exclamation de soulagement se fut entendre, il pensait avoir dormi bien plus longtemps qu'il ne l'avait fait.
L'emplacement du soleil dehors aurait du le mettre sur la voie, ces dernier trimestres en cours d'astrologie Tomias et Alexandre avaient apprit à se repérer dans le temps grâce à la position des astres, en particulier le soleil.
Mais Alex n'avait pas trop la tête dans les étoiles, il était même très concentré, il réfléchissait aux possibilités qu'il avait de retourner seul au fond du ravin... Mais c'était peine perdu.
À chaque fois qu'il entreprenait une solution, elle disparaissait.
Profiter du sommeil de ses quatre amis pour sortir était trop risqué, leur préfète était sûrement déjà réveillée et toutes les personnes pressées de rentrer chez elles aussi, sans parler des professeurs qui devaient être debout depuis l'aube.
Maintenant qu'il avait la moitié de l'une des reliques de la mort, c'est une autre, la cape d'invisibilité, qui lui aurait été utile pour rapidement aller jeter un coup d'oeil dans le ravin, mais même avec la cape, il n'aurait pas eu assez de temps pour trouver ce qu'il convoitait tant depuis sa dernière trouvaille.
Soudain une sonnerie retentit et Alex sursauta avant de se mettre rapidement sous sa couette en faisant mine de dormir.
Il était 8h00 précise et les réveils s'étaient mis à sonner presque simultanément dans la pièce.
Justin fut le premier à ouvrir les yeux, suivi de Rod.
Tomias émit un long ronflement avant de se réveiller, plissant ses yeux à cause de la lumière et du son redondant de la sonnerie qui cessa de retentir juste après.
Là, Alexandre fit mine de se réveiller dans un bâillement intense, et on entendit William se réveiller à son tour:
-Dernier réveil à Poudlard les gars... Disait-il les yeux encore fermés.
Cette précision ne manqua pas d'alarmer Alex du fait qu'il ne lui restait plus assez de temps pour aller chercher la deuxième partie de la baguette de sureau, et qu'il allait passer à coté de la plus belle chance de sa vie de l'avoir.
Après tout il avait déjà la moitié, mais qu'est-ce qu'une moitié de baguette à coté d'une baguette complète, et surtout cette baguette ci... Se disait-il.
Il réalisa soudain la bêtise qu'il venait de commettre: il avait laissé le carnet de Tomias de l'autre coté de la pièce.
Un frisson d'effroi traversa son corp, il était maintenant trop tard pour retourner le chercher, les yeux de tout le monde étaient déjà ouverts.
Que faire?
L'instant d'après Tomias était déjà assis sur son lit face aux autres, sa commode à sa gauche.
Pourvu qu'il ne remarque pas l'absence de son précieux carnet de baguettes, suppliait intérieurement Alexandre.
-Mince les gars vous l'avez mis où?
Demanda Tomias les yeux rivés sur sa table de nuit.
Il était trop tard maintenant, Tomias avait compris que son carnet avait disparu, Alex devait donc improviser pour que personne ne remarque qu'il s'en était servi:
-De quoi parles-tu? Demanda-t-il donc.
-Son carnet a disparu, répondit Rod.
William et Justin s'assirent et ouvrirent grand les yeux pour observer la table de nuit de Tomias.
-On vient tous de se réveiller, ça ne peut pas être nous, dit Justin à Tomias.
-Ce n'est pas croyable, reprit Tomias, après la baguette c'est le carnet.
-Tu as perdu ta baguette? Demanda William.
-Il l'a retrouvé, répondit Alex, c'est une longue histoire on vous expliquera.
Tomias ouvrit le petit tiroir de sa commode et en sortit sa baguette:
-Accio Carnet!
Le petit livret apparut alors d'entre les commodes de William et Rod avant de survoler la pièce à toute vitesse et d'atterrir dans la main de Tomias.
-Qu'est-ce qu'il faisait là-bas? Demanda-t-il en fixant Rod et William.
-Qu'est-ce qu'on en sait, on vient de se réveiller, répondirent-ils en choeur.
-Vu la soirée qu'on a passé, ça ne m'étonnerait pas que tu l'ai toi-même amené au fond de la pièce et que tu ne t'en souvienne plus, dit Alex sur un ton ironique.
-Tu l'as retrouvé c'est ce qui compte, reprit Justin.
Tomias regarda attentivement dans le bouquin pour voir si rien ne manquait, tout avait l'air en ordre.
-Va falloir que je fasse gaffe à ne rien perdre avant de partir, assura Tomias d'un air stressé.
Le départ revenait sans cesse à la charge dans la conversation.
Tout en regardant ses amis commencer à ramasser leurs affaires éparpillées un peu partout dans le dortoir, et en faisant mine de faire de même, Alexandre continuait de chercher une solution pour aller chercher le bout de la baguette.
L'école était protégée par de nombreux sortilèges, il ne pouvait donc pas espérer pouvoir y revenir après ce jour-là.
Et si il restait caché en attendant que tout le monde parte pour y aller, quelqu'un remarquerait son absence à coup sur.
Alors que faire?
Après réflexion, il comprit qu'il lui faudrait une autorisation pour rester, voire même une obligation pour être sur d'avoir le temps de trouver ce qu'il cherchait et qu'il puisse rester ici encore un peu, seul, sans ses amis.