Feelys et Feeldy s'aimaient d'un amour passionnel, mais pourtant, ils se détruisaient au fil du temps. Le poids de leur passé surgissait au quotidien pour leur rappeler la couleur d'un avenir incertain.
Par moments, ils ne se comprenaient plus. C'est comme s'ils ne parlaient plus la même langue. D'autant plus que dans ces cas là, aucun n'avait envie de faire l'effort de comprendre l'autre.
Leur quotidien était rythmé de cris, de larmes, de drames. C'est comme si le soleil avait décidé de ne plus se lever du côté de chez eux, et qu'un gros nuage noir s'était installé juste au-dessus de leur tête.
Un nuage électrique, chargé à bloc. Il débordait de douleurs, saturait de rancœurs. Rempli d'énergie négative, il déversait chaque jour ses foudres sur leur toit.
Une tension dense et régulière à la limite de l'explosion. Elle était tellement électrique qu'il fallait s'assurer qu'il n'y ait aucun court-circuit, sinon ce serait la fin.
Plus rien ni personne ne survivrait, pas même l'amour de Feelys et Feeldy.
-
Les deux tourtereaux étaient loin de se douter que leur avenir aurait pris une telle tournure. Ils avaient planifiés des tas de projets c'est vrai, mais ils n'aboutissaient jamais. Ils couraient à leur perte.
Quelques uns avaient aboutis, mais rien de prometteur. Ils tournaient en rond, inlassablement. Le temps passait, les années défilaient, mais aucun changement de direction. Ils tournaient encore et toujours en rond.
Ils pensaient se poser les bonnes questions, mais n'obtenaient jamais de réponses. Où du moins, celles qu'ils espéraient.
Mais fallait-il encore qu'ils se posent les bonnes questions?
A force de tourner en rond, ils avaient la tête dans le guidon. Ils continuaient leur route ensemble sans vraiment se rendre compte de ce qu'il se passait, de ce qui les détruisaient.
Ils n'avaient d'ailleurs pas autant l'impression de se détruire jusqu'au jour où la tension fut à son comble. Les foudres commencèrent à faire des étincelles au-dessus de leur maison, annonçant le début d'une explosion.
Ils n'avaient rien vu venir. Et ce qu'ils ne savaient pas, c'est que ces étincelles étaient le début d'une chute libre qui plongerait Feelys dans une spirale de flammes infernale...
***
Feelys et Feeldy avaient appris à se connaître ensemble, sans d'abord apprendre à se connaître eux-même, séparément. En même temps, ce n'est pas une réflexion qui leur avait traversé l'esprit.
Pourquoi vouloir apprendre à se connaître soi-même ? Quelle idée saugrenue ! Ils avaient déjà un esprit bien rempli, un cœur qui tenait sur des ficelles et un cerveau en surchauffe. Ce n'était pas le moment.
Qu'importe le moment d'ailleurs, ils avaient d'autres chats à fouetter. Ce n'était pas un sujet qui leur était familier. Dans leur famille respective, on n'avait pas le temps pour ce genre de « bêtises ».
Oui, quelqu'un qui agit d'une manière étrange ou inappropriée, ça ne regarde personne d'autre qu'elle-même. À la limite son foyer, mais c'est tout. C'était comme ça que les choses se passaient à Arvam, et pas autrement.
Tout le monde avait des problèmes, tout le monde avait des secrets. Ce n'était rien de nouveau puisque c'est ainsi que les choses avaient toujours fonctionné.
Pourquoi devraient-elles changer ? Pour chambouler un quotidien bien cadré ?
Encore une idée farfelue qui laissera au voisinage l'opportunité de lancer une vague de rumeurs infondées.On en connaissait déjà le prix ultime : la perte d'un titre, la perte de l'honneur d'une famille. Après tout ce qui s'était passé à Arvam, il était inconcevable d'en arriver jusque-là.
De génération en génération, ils avaient dû se battre un à un pour leur honneur. Être en mesure d'acquérir ce titre de respect et de reconnaissance était une chance inouïe compte tenu des circonstances. Le préserver, était une obligation, un devoir sans équivoque.
Alors rien, ni personne ne devait agir à l'encontre de ce devoir. C'était la règle, pour préserver cet honneur distinctif. Alors on agissait en silence.
A chaque problème, on s'exprimait en silence. A la moindre faille, on se ressaisissait pour remettre de l'ordre. On éliminait ou l'on faisait taire chaque témoin gênant.
On n'avait pas le temps de se préoccuper des ressentiments de chacun. Non seulement le temps n'y était pas réservé, mais c'était à l'antipode des mœurs.
La conduite du changement n'était pas de bonne augure. Tous ceux qui avaient tenté d'apporter du changement avaient dû en payer le prix : l'extradition.
Livré à leur famille, les indisciplinés étaient soumis au procès familial. Un huit clos ou l'on ne respire que par le code de l'honneur et l'on se nourrit sous un régime strict : le respect.
Les délibérations étaient similaires, tout comme les sentences : le silence à vie.
Un silence opportun qui bien souvent, était accompagné de multiples sévices.Après tout, l'indiscipliné n'aurait plus aucune crédibilité alors pourquoi se priver ?
***
En continuant leur route ensemble, Feelys et Feeldy embarquèrent avec eux leur passé tumultueux. Un passé douloureux qui ne les a pas épargner.
Ils se sentaient tous les deux forts et invincibles car leurs expériences de vie les avaient forgé comme le fer. Un état d'esprit qui les rassurait, contrairement à la vulnérabilité d'un cœur en déperdition.
Ils pensaient pouvoir tout contrôler. Après tout, c'est ce qu'ils avaient plus ou moins toujours fait. Mais l'amour à ses raisons que la raison ignore, n'est-ce-pas?
Ils pensaient qu'ils avaient été forgé comme le fer, mais ils ont oublié que leur cœur n'était pas fait d'acier. Même s'ils étaient incapables de s'en rendre compte, leur cœur était rempli de séquelles qu'ils n'avaient jamais pris le temps de soigner.
Mais fallait-il encore qu'ils connaissent l'existence de ces séquelles ?
Ils avaient tous les deux rejoint Feelam pour le meilleur, sans savoir qu'Arvam les condamneraient pour le pire...
VOUS LISEZ
Le rêve de Feelys
Short StoryQuand le rêve d'une vie vous conduit contre toute attente, nez à nez au pire cauchemar de votre vie... - Depuis toute petite, Feelys nourrit avec ferveur son espoir de pouvoir un jour, vivre son rêve. Un rêve d'enfant qu'elle touchera du bout des do...